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Retour à l’emploi : la Cour des comptes appelle à simplifier et mieux coordonner les aides à la mobilité

Variées et soumises à divers critères, les aides à la mobilité pour faciliter le retour à l’emploi sont méconnues, constate la Cour des comptes dans un rapport. À travers l’exemple des Hauts-de-France, elle souligne l’enjeu de la coordination et de la simplification de ces coups de pouce pour en augmenter l’impact.

Lors d’une recherche d’emploi, verser une aide financière pour le transport ou la garde d’enfants peut faire la différence. Conscients du sujet, les pouvoirs publics comme les collectivités développent des aides à la mobilité géographique, portées en premier lieu par Pôle emploi qui a attribué 304.000 aides à la mobilité géographique en 2019. Pour autant, ces aides atteignent-elles toute leur cible ? Dans un rapport publié fin février, la Cour des comptes s’est penchée sur la situation dans les Hauts-de-France, un cas valant "illustration des enjeux nationaux". Elle conclut à une offre "mal connue, inégalement répartie et insuffisamment mobilisée par les personnes en recherche d’emploi".

Dans cette région, "42,8% des demandeurs d’emploi indiquent ne pas être prêts à faire des concessions géographiques pour retrouver un emploi". Or cette "moindre mobilité d’une partie des personnes en recherche d’emploi peut expliquer la difficulté à rapprocher l’offre et la demande d’emploi", selon la Cour des comptes. Les aides financières à la mobilité disponibles sont pourtant diverses, visant tant la recherche ou la reprise d’emploi, l’obtention du permis de conduire, l’achat ou prêt d’une voiture, la garde d’enfants, voire des frais d’hébergement.

Conditions d’attribution trop souvent restrictives 

Premier problème, selon la Cour des comptes, "ces aides obéissent à des conditions d’attribution trop souvent restrictives". Ainsi, "le budget que la direction régionale de Pôle emploi consacre à ces aides en Hauts-de France est en réduction (5,7 millions d’euros en 2019 contre 7,7 millions en 2016), au motif, avance-t-elle, de la montée en puissance des formations financées par la région, qui n’ouvrent pas droit aux aides à la mobilité de Pôle emploi", peut-on lire dans le rapport. Les aides régionales butent sur le même obstacle. Peu de demandeurs d’emploi entrent dans les critères de l’aide au transport (20 euros par mois pour les salariés ayant moins que le Smic et pour un emploi à plus de 20km), ou de l’aide à la garde d’enfant (20 euros par mois pour une garde d’un minimum de 20 heures par semaine, pour les enfants de moins de 3 ans), par ailleurs assez basse en montant. Si des dérogations existent pour assouplir l’accès à ces aides, elles ne permettent pas pour le moment de renverser la tendance au non-recours.

Coordination très approximative des différents acteurs

L’autre écueil sur ce sujet concerne l’insuffisante connaissance des aides. "Les acteurs institutionnels, associatifs et économiques de la région ont développé de nombreuses actions, parfois innovantes, mais peu coordonnées", constate la Cour des comptes. Si les aides à la mobilité de Pôle emploi sont connues de 48,6% des demandeurs d’emploi dans les Hauts-de-France, "82,1% des demandeurs d’emploi ne connaissent aucune des aides à la mobilité de la région", constate la Cour des comptes. Entre 2016 et 2019, l’aide "En route pour l’emploi" a fait l’objet de 2.776 demandes dont 459 ont été éligibles (soit 16,5%) pour donner lieu à l’attribution d’un véhicule en location. Depuis 2018, seuls 439 jeunes âgés de 18 à 30 ans ont bénéficié de l’aide à l’obtention du permis B alors que la région "comptait 61.190 demandeurs d’emploi de moins de 25 ans au premier trimestre 2018".

"Du fait de l’éclatement des compétences et des champs d’intervention des différents acteurs, les dispositifs font l’objet d’une coordination très approximative", poursuit la Cour des comptes. Or il importe d’instaurer une coordination "afin d’identifier les zones et les publics non couverts", un sujet que la loi d’orientation des mobilités du 24 décembre 2019 est justement censée favoriser.

  • L’initiative prometteuse de la métropole européenne de Lille

Dans le rapport, la Cour des comptes cite l’initiative "Mobilimel" portée par la métropole européenne de Lille. Une plateforme a été créée, s’appuyant sur un site internet et un réseau de huit permanences, chargée "d’apporter une expertise aux professionnels de l’emploi pour les aider à trouver des solutions de déplacement au bénéfice des personnes en recherche d’emploi". Un projet "prometteur tant par l’objectif affiché de rationalisation des dispositifs existants, que par le but de les rendre visibles à leurs potentiels bénéficiaires et plus largement en subordonnant le financement des aides proposées à leur efficacité dans le retour à l’emploi de ceux qui en sont aujourd’hui exclus".

 

 

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