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Vélo - Séance d'échauffement avant le plan national Vélo

Plus d'un Français sur deux possède un vélo mais n'en fait pas un usage quotidien. Pour inciter les citoyens à utiliser ce moyen de transport, il faut repenser son usage et les aménagements qui en dépendent. Le 20e congrès du Club des villes et territoires cyclables, qui s'est déroulé les 30 et 31 mai à Nice, a fait émerger des pistes qui alimenteront le futur plan national sur les "mobilités actives", dont le comité de pilotage a été lancé ce 3 juin par le ministre des Transports.

Le 3 juin, un coup d'envoi a été donné par le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, au comité de pilotage chargé d'élaborer d'ici la fin de l'année des propositions et un plan sur les "mobilités actives" (marche, vélo). Intermodalité, sécurisation des espaces pour cyclistes et piétons, tourisme à vélo (véloroutes et voies vertes), communication sur la petite reine, vélo au travail : plusieurs volets vont être développés ; l'exercice consistant à ne pas trop répéter le travail effectué l'an dernier dans le cadre du plan national Vélo de Thierry Mariani. Le Club des villes et territoires cyclables va participer à ces groupes de travail, qui impliquent par ailleurs un dialogue interministériel. "Le fait que l'un des volets de travail porte sur la complémentarité vélo-transports en commun est une bonne chose, car c'est un point saillant qui ressort de notre congrès à Nice. En interne, nous avons adopté une motion des élus membres du Club sur la sécurité des cyclistes, pour exiger que le ministre de l'Intérieur et le Conseil national de la sécurité routière examinent sans délai des actions à mettre en œuvre. Entre logique collective et dimension individuelle, le vélo est à la croisée des chemins. Une relance de la démarche Code de la rue est aussi en cours", confie Véronique Michaud, secrétaire générale du Club des villes et territoires cyclables.

Indemnité kilométrique et stationnement vélo

Dans le cadre de ce plan national, la possibilité d'instaurer une indemnité kilométrique vélo en vue d'inciter les salariés à aller travailler en vélo va être discutée. Dominique Lebrun, coordonnateur interministériel pour le développement de l'usage du vélo, dévoilera ses pistes et propositions le 30 juin. "Certains ironisent au sujet de cette  indemnité, ils ne devraient pas : les élus étrangers conviés à notre congrès nous ont confirmé que, chez eux, ces questions sont prises au sérieux !", ajoute Véronique Michaud. Quant au manque d'offre de stationnement, il doit encore faire l'objet d'un effort approfondi. Notamment dans les gares. "Le stationnement sécurisé des vélos en gares et dans les pôles d'échanges est une priorité à inscrire à l'agenda des opérateurs et des collectivités locales pour que, comme dans des pays comme l'Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas, au moins 30% des clients du train viennent à vélo", défend ainsi Jean-Marie Darmian, président du Club. Une avancée, néanmoins : suite au travail du Club des parlementaires pour le vélo, la nécessité de créer plus d'aires de stationnement est entrée dans la loi (celle du 28 mai 2013 portant diverses dispositions en matière d'infrastructures et de services de transports, dite loi Transports). "C'est un signal fort lancé à la SNCF et à l'ensemble des opérateurs de transport", applaudit Jean-Marie Darmian. Autre avancée : le troisième appel à projets sur les mobilités du ministère des Transports a inclu de justesse, même si la bataille fut serrée, la possibilité de financer des parkings vélos sécurisés en interface avec les transports publics.

La relation des Français au vélo

Selon un sondage commandité par le Club à MTI Conseil et TNS Sofres, et dont les résultats complets viennent d'être publiés (les premiers résultats l'ont été en janvier), les deux principaux facteurs qui freinent l'usage du vélo sont les mauvaises conditions météorologiques et la crainte de l'accident. Le vol pose toujours problème : près d'1 Français sur 5 s'est fait voler son vélo au cours des douze derniers mois. "Un problème plus fréquent dans les grandes agglomérations et les habitats collectifs", observe l'étude. En termes d'équipement, si plus d'un Français sur deux dispose d'un vélo personnel, seulement 61% de ces vélos sont en parfait état de marche. "Les Français font donc de plus en plus de vélo pour leurs déplacements utilitaires et leurs loisirs, mais ne s'équipent pas encore en fonction de ces usages, contrairement à leurs voisins européens", analyse l'étude. Ce qu'il en ressort également, c'est que la multiplication du nombre d'itinéraires cyclables et la mise à disposition de stationnements sûrs et abrités sont les deux mesures les plus mises en avant par les sondés. Près d'un tiers d'entre eux considère aussi que les employeurs devraient prévoir un garage à vélos dans l'entreprise.

Morgan Boëdec / Victoires éditions 

Aménagements cyclables : l'article de loi qui froisse les élus

Voilà une étude concise et directe qui intéressera plus d'un élu ! Diffusée par le Commissariat général au développement durable (CGDD) et élaborée à partir d'un travail réalisé au sein de la Mission nationale des véloroutes et voies vertes, elle pointe sans hésiter les difficultés rencontrées par les collectivités pour appliquer l'article 20 de la loi sur l'air et sur l'utilisation rationnelle de l'énergie (Laure). L'apport de cette loi est incontestable. "Elle a posé un nouveau cadre fondateur pour l'action en faveur de la qualité de l'air et est considérée comme une sorte de boîte à outils pour la planification locale", cite l'étude. Cependant son article 20, couramment appelé "amendement vélo" et proposé à l'époque par Corinne Lepage (la Laure a été adoptée en 1996), n'est pas clair. En imposant aux collectivités de mettre en place des aménagements cyclables lors de travaux de réalisation ou de restructuration de la voirie urbaine, il sous-entend qu'à défaut de ces travaux le maire n'a pas à construire ces itinéraires. Autre difficulté : l'interprétation du terme "voirie urbaine". On entend en général par voie urbaine une voie située en agglomération, à l'exception des autoroutes et voies rapides. L'article 20 indique aussi que "les besoins et contraintes de la circulation" doivent être pris en compte avant d'aménager ces itinéraires cyclables. "Ce qui a donné lieu à des interprétations très divergentes de la part des collectivités mais aussi des associations de défense des cyclistes", souligne l'étude. La jurisprudence a par ailleurs précisé au fil des années un autre point : la conformité au PDU est évoquée dans l'article mais cet outil, puisqu'il doit promouvoir les modes les moins polluants, ne vient "en aucun cas empêcher l'application de l'article 20 de la Laure". Pour relancer une dynamique et convaincre les collectivités de l'utilité d'appliquer cet article, en l'associant pour cela à de nouveaux outils, cette étude dépasse la critique et propose des pistes intéressantes au service du vélo en ville. 

  Morgan Boëdec / Victoires éditions