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Smart territoires : se poser les bonnes questions avant de lancer son projet

À un moment où les projets de territoires connectés ou intelligents se multiplient, le Cerema a publié une étude pour aider les collectivités à effectuer les bons arbitrages techniques.

La notion de territoire intelligent est étroitement liée à l’internet des objets, domaine où il existe un foisonnement d’initiatives, mais aussi de technologies en perpétuel renouvellement. Dit autrement, la ville intelligente présente un risque important de se transformer en ville obsolète si les décideurs publics n’opèrent pas les bons choix technologiques. Ce constat a conduit le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema) à élaborer le guide "Villes intelligentes, tous concernés, du village à la métropole". Un document réalisé à partir d’une enquête auprès d’une quinzaine de territoires de tailles diverses, de Saint-Sulpice-la-Forêt, un "smart village" d’Ille-et-Vilaine de 1.400 habitants, à Paris en passant par Blois, Besançon ou Angers.

Le bon capteur au bon endroit

L’une des promesses des territoires intelligents est de mieux gérer les flux tels que les déplacements, les déchets ou l’eau, ce qui passe par la mise en œuvre de capteurs connectés pour collecter des données et les analyser. "Une ambition qui pose la question du nombre de capteurs, de leur nature (précision, consommation et autonomie énergétique…), du rythme de collecte et du type de réseau utilisé pour les capter", explique Florent Boithias, directeur de projets Villes et territoires intelligents au Cerema, qui a piloté l’étude. Et le résultat n’est pas toujours probant, comme l’ont montré les capteurs de bruit utilisés place de la Nation à Paris, incapables de dissocier la circulation du brouhaha ambiant du fait de leur positionnement.
Il existe aussi un dilemme entre qualité des données et quantité, très bien illustré par la mesure de la qualité de l’air. Mieux vaut-il privilégier des capteurs ultraperformants comme ceux utilisés par Airparif - dont le défaut est d’être onéreux et de nécessité un personnel qualifié pour les paramétrer - ou multiplier les capteurs individuels "low cost", moins précis mais capables de fournir des données en mobilité ?

Assurer la pérennité du dispositif

Autre point de vigilance, les réseaux de télécommunication utilisés pour centraliser les données : 2G, 3G, Wifi ou réseau bas débit du type LoRa ou Sigfox. "Portée, débits, capacité à pénétrer dans un bâtiment ou en sous-sol, à envoyer comme recevoir des données, maintenance… les questions sont nombreuses mais la réponse dépend avant tout des objectifs poursuivis, des phénomènes que l’on souhaite mesurer", prévient Florent Boithias.
Enfin, il faut penser à la pérennité de ce qui est mis en place, à la possibilité de changer de prestataire facilement, ce qui suppose une interopérabilité des systèmes et une "portabilité" des données. "Il convient aussi d’être très vigilant dans les contrats passés avec les prestataires sur la propriété des algorithmes utilisés pour les calculs", met en garde le représentant du Cerema. Pour garder la main, les collectivités peuvent être tentées d’être propriétaires des installations (et donc des données), comme c’est le cas par exemple à Saint-Sulpice-la-Forêt, mais avec pour contrainte de devoir assurer leur maintenance et le risque de ne pas suivre le rythme de l’innovation.

Trouver le bon mode opératoire

L’étude du Cerema s’attache ensuite à lister l’ensemble des dispositifs juridiques permettant de mettre en œuvre un projet de territoire connecté, dans un contexte où le manque de maturité du marché rend difficile le recours aux appels d’offre traditionnels. Le partenariat d’innovation, qui dispense la collectivité des obligations de publicité et de mise en concurrence, confère à la puissance publique une maitrise totale du cahier des charges et la laisse libre d’acquérir, ou non, la solution en fin de processus. Le partenariat d’innovation reste cependant complexe à mettre en œuvre et, dans les faits, réservé à quelques grandes collectivités dotées des compétences pour le piloter.
À l’opposé, les appels à projets, les conventions d’occupation du domaine public et les partenariats informels avec des entreprises innovantes donnent la possibilité de lancer rapidement des projets, notamment pour les collectivités de taille moyenne. Ces dispositifs n’offrent en revanche pas de garantie sur la pérennité du service.

 

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