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Finances locales - Standard & Poor's prévoit une réduction continue de l'investissement local jusqu'en 2016

L'agence de notation table sur un recul de l'investissement des collectivités territoriales de 7% en 2015, un ordre de grandeur similaire à celui de 2014. En 2016, la baisse ne serait que de 2%. Le recours à l'emprunt devrait progresser globalement de manière modérée.

Dans une étude, l'agence de notation Standard & Poor's anticipe une forte baisse de l'investissement des collectivités territoriales, celles-ci effectuant ce choix pour limiter leur endettement, dans un contexte de moindre progression de leurs ressources.
En 2014, année des élections municipales, l'investissement public local pourrait avoir diminué de 7%. Mais, alors que les équipes municipales préparent et commencent à lancer à présent les projets sur lesquels ils ont été élus, l'investissement ne devrait pas repartir à la hausse. Bien au contraire. Standard & Poor's table sur une nouvelle réduction de l'investissement de 7% en 2015. Sur les prévisions en matière d'investissement public local, les expertises semblent ainsi converger. En effet, à l'automne dernier, la Banque postale anticipait déjà une baisse de 7%, en 2014 puis de nouveau en 2015 (voir notre article du 22 octobre 2014).
La réduction de 3,67 milliards d'euros des dotations de l'Etat aux collectivités appliquée dès cette année – avant deux autres coupes d'un même volume en 2016 et 2017 – est en cause. Pour boucler leurs budgets à la fin de l'année, les élus locaux renoncent à certains projets d'équipement, ou en diffèrent le lancement.
Beaucoup d'élus des communes et intercommunalités n'auront pas d'autre choix. Après avoir réduit en 2014 de 9% les investissements de leurs collectivités, ils pourraient freiner ces dépenses d'autant (9%) en 2015.
L'année 2016 devrait être moins pire avec une baisse globale de l'investissement public local limitée à 2%. Alors que d'ordinaire, les dépenses d'investissement du secteur communal progressent de manière soutenue au cours de la troisième année du mandat, celles-ci connaîtront une stabilisation. En outre, compte tenu de l'organisation en 2015 des élections concernant leurs élus, les départements et les régions n'auront pas des comportements susceptibles de compenser la faiblesse de l'investissement communal. La tendance des investissements départementaux devrait être négative (baisse de 7% en 2015 suivie d'une nouvelle réduction, de 5%, en 2016). Du côté des régions, le scénario est assez proche : baisse de l'investissement de 2% en 2015 et de 6% en 2016.

La dette des régions explose

En réduisant leurs investissements, les collectivités territoriales limiteront en tout cas le recours à l'emprunt. En 2015, elles devraient souscrire de nouveaux emprunts pour environ 18 milliards d'euros – comme en 2014. L'année suivante, elles devraient toutefois s'endetter un peu plus (20 milliards d'euros). Pour l'agence de notation, cette hausse résulterait essentiellement d'un recours accru à l'emprunt des communes et de leurs groupements (12 milliards d'euros en 2016 contre 10,5 milliards d'euros en 2014).
Fin 2016, la dette des collectivités territoriales s'élèverait à 152 ou 153 milliards d'euros, ce qui représenterait 78% de leurs recettes de fonctionnement, contre 73% fin 2014. La capacité de désendettement des collectivités se dégraderait, passant de 5,2 années en 2014 à 7 années en 2016.
Globalement, le niveau d'endettement des collectivités françaises resterait modéré en comparaison des collectivités d'autres pays dans le monde. Autre élément positif : la très grande majorité des collectivités devrait continuer à se financer à des conditions très attractives et sans peine, comme c'est le cas depuis plus d'un an.
Mais, parmi les collectivités, les régions se révèlent plus dépendantes par rapport à la dette. Seul échelon qui devrait voir baisser ses recettes au cours des prochaines années, la région aurait assez massivement recours à l'emprunt. Si bien que fin 2016, le taux d'endettement des régions pourrait atteindre 108% de leurs recettes de fonctionnement.