A Strasbourg, le double numérique profite aux aménageurs comme au citoyen

La métropole Strasbourg s’est dotée progressivement depuis 2010 d’un jumeau numérique. Une représentation 3D du territoire utile aux agents de la collectivité, aux entreprises locales comme aux citoyens pour des usages métiers ou grand public qui ne mobilisent pas les mêmes données.

Pour piloter ses politiques publiques, matérialiser des phénomènes urbains ou climatiques et permettre aux élus et citoyens de se projeter dans le futur, l’eurométropole de Strasbourg a décidé de se doter d’un jumeau numérique. Mais si le concept est simple – ajouter une dimension « Z » au système d’information géographique pour acquérir le 3ème D se traduit par une réalité technique plus complexe. « On ne peut pas parler de jumeau numérique universel mais d’un jumeau par usage » explique Olivier Banaszak qui dirige le Service Géomatique et Connaissance du Territoire mutualisé entre la ville et la métropole de Strasbourg. « Il y a trois composantes complémentaires. Tout d’abord, une maquette sémantique, vectorielle décrivant l’espace public, les bâtiments, et leur texture de façon simplifiée. Il y a ensuite le photomaillage du territoire, qui utilise des images aériennes en très haute définition. Il y a enfin la représentation du territoire sous forme de nuage de points, extrêmement précise, rendue possible par les technologies Lidar (Laser) » détaille Philippe Slisse, chef de projet SIG3D.

Concertation augmentée

Les services en charge des aménagements sont parmi les premiers à s’être saisis du potentiel de la maquette sémantique et du photomaillage pour présenter et discuter les projets de de la collectivité. « Aujourd’hui plus une seule réunion publique autour d’un nouvel aménagement ne se conçoit sans la production d’une vue 3D. Elle aide élus et habitants à se projeter, contribue à enrichir les débats et à opérer des arbitrages techniques » explique Olivier Banaszak. Même l’ombre peut être visualisée à différents moments de la journée ou de l’année. Une fonction utilisée pour vérifier que la végétalisation d'une cour de récréation génère une ombre suffisante en été… également repérée par le photographe de la collectivité pour déterminer le meilleur moment pour photographier un bâtiment. 

La couverture végétale à la loupe

La maquette sous forme de points vise pour sa part des usages métiers exigeant une grande précision, chaque bâtiment ou objet urbain étant modélisé à quelques centimètres près sous toutes les coutures. Le risque inondations peut ainsi être visualisé dans l’espace, avec une évaluation des impacts au plus près de la réalité du terrain, mais aussi dans le temps grâce à un historique de modélisation ou à des scénarios d’évolution préétablis. Dans le cadre de son « plan canopée », la métropole a également pu faire une évaluation extrêmement fine de son patrimoine végétal grâce à ce nuage de points. Un état des lieux qui servira de base au suivi et à l’évaluation de sa politique de verdissement.

Des données 3D en open data

La collectivité a par ailleurs choisi de mettre ses données 3D en open data (voir encadré). Les aménageurs et architectes figurent aux premiers rangs des réutilisateurs : ils peuvent ainsi présenter leur projet en situation, dans un environnement réel et non plus simulé. Et si aujourd’hui il s’agit surtout de « simples » maquettes 3D, demain le bâtiment virtuel et toutes ses données (le BIM) s’interfacera avec le CIM (City information modelling) dont le jumeau numérique strasbourgeois constitue aujourd’hui un embryon. Les données 3D sont également utilisées par des chercheurs ou des startups pour des usages que la collectivité découvre souvent par hasard. Pour rechercher des sites à haut potentiel photovoltaïque ou encore simuler le déploiement du véhicule autonome, cette maquette 3D constitue par exemple une base de travail indispensable.

Un portail 3D grand public

La maquette 3D de Strasbourg a enfin un volet grand public. Au-delà du cadastre – la base de tout SIG grand public -  le site propose la visualisation de nombreuses données ouvertes, contribuant à rendre l’open data plus parlant et accessible que des données « plates ». Les zones exposées au bruit, le trafic routier, la qualité de l’air, les arbres remarquables (…) peuvent par exemple être affichés. Et la collectivité a profité du confinement du printemps 2020 pour associer aux bâtiments remarquables des fiches descriptives fournies par la direction urbanisme et territoire.

 

 

jumeau numerique Strasbourg

© Banque des territoires

Des données volumineuses

La 3D est gourmande en data. Si la maquette vectorielle est relativement légère (quelques dizaines de Go), les 15 milliards de points de sa version Lidar pèsent 250 Go. Quant au photomaillage, il représente 3 millions de fichiers et 400Go. La collectivité donne donc la possibilité de charger les données 3D par « plaque » et le site 3D grand public utilise bien entendu une version allégée du photomaillage. Chaque mois, 400 utilisateurs sont comptabilisés par la plateforme via l’adresse IP, parmi lesquels les agents de la collectivité ne représentent qu’un seul utilisateur

 

Strasbourg Eurométropole

Nombre d'habitants :

500000

Nombre de communes :

33
1 parc de l'Étoile
67 076 Strasbourg cedex

Olivier BANASZAK

Direction Urbanisme et Territoires