Syndic, ce mal-aimé ? Pas si sûr…

Dévoilé lors du colloque célébrant les 60 ans de la loi sur la copropriété, un sondage Ipsos commandé par l’Unis et l’association Plurience révèle une réalité bien plus nuancée que les clichés habituels. Réalisée auprès de 1.100 Français, cette enquête met en lumière une certaine méconnaissance du fonctionnement des copropriétés, des attentes claires envers les syndics, et une volonté affirmée de modernisation.

“Copro, mon amour”. Derrière ce sondage au titre romantique, un constat surprenant : les Français ne détestent pas tant que ça leur syndic… Ils le connaissent juste mal. A l’occasion d’un colloque organisé au Conseil économique social et environnemental (Cese) ce 10 avril afin de célébrer les 60 ans de la copropriété, l’Union des syndicats de l’immobilier (Unis) et l’association Plurience ont présenté les résultats d’une enquête Ipsos interrogeant 1.100 Français concernés par la copropriété. 

Contrairement à l’image souvent négative du syndic, 62% des résidents se disent satisfaits de sa gestion, et jusqu’à 66% chez les propriétaires. Seuls 19% affichent une insatisfaction marquée. Côté missions, la gestion administrative et financière ainsi que la réactivité restent les points les plus critiqués, mais sans rejet massif.

86% des sondés reconnaissent ne pas avoir une idée claire du rôle du conseil syndical. Même constat pour le syndic : seuls 34% déclarent bien en connaître les attributions. Un déficit de compréhension qui alimente la défiance… et l’absentéisme. Car si 56% des copropriétaires participent aux assemblées générales, 15% n’y vont jamais, souvent faute d’intérêt ou de temps.

Transition écologique : l’impératif oublié ?

Les attentes vis-à-vis des syndics sont précises : réactivité dans les urgences (47%), recherche de devis compétitifs (39%), maîtrise des charges sans nuire à la qualité (37%). La transparence reste également un enjeu majeur, notamment concernant les honoraires (souvent surestimés). En moyenne, ces derniers s’élèvent à 141 euros par mois selon les propriétaires interrogés.

Par ailleurs, 38% des résidents n’ont identifié aucune action écologique dans leur immeuble au cours des deux dernières années. Pourtant, l’urgence climatique impose une mobilisation accrue des syndics, comme le rappelle l’Unis qui souhaite “réinterroger les priorités de gestion” dans un contexte de contraintes budgétaires. L’Unis plaide en outre pour une clarification des rôles, une revalorisation du métier, une meilleure communication et une accélération de la transition numérique et écologique. L’enjeu est clair : redonner du sens à la copropriété, dans l’intérêt collectif.

Quelles relations entre syndics et collectivités ?

A ce titre et à l'heure où l'on parle beaucoup de lutte contre l'habitat dégradé et donc de soutien aux copropriétés fragiles (loi d'avril 2024, plan d'action annoncé la semaine dernière par la ministre Valérie Létard...), l'Institut Paris Région a récemment mis l'accent, dans une note publiée en février dernier, sur l'enjeu des relations entre syndics et collectivités, en relevant que ces syndics sont "de plus en plus appelés à être le relais de politiques locales qui ciblent les copropriétés pour répondre aux enjeux de rénovation et de requalification du parc privé". "Alors que de nombreuses collectivités sont confrontées à des enjeux d’entretien et d’adaptation de leur parc de copropriétés (vieillissement, rénovation énergétique, paupérisation…) et cherchent à mettre en place des actions ciblées, ces professionnels restent méconnus et souvent peu associés aux démarches engagées", écrivait l'Institut, poursuivant : "Les syndics s’inscrivent dans un fort ancrage territorial et se revendiquent connaisseurs des enjeux locaux du parc privé. Plusieurs se qualifient d’'acteurs du territoire' ou assument un 'rôle sociétal'. Cependant, leurs liens avec les collectivités locales sont ténus".

Et les auteurs de l'étude de s’interroger sur "la manière dont les collectivités peuvent mobiliser les syndics dans la mise en œuvre des politiques consacrées au parc privé", étant donné que "leur intérêt serait de bénéficier de la connaissance qu’ont ces derniers des immeubles et de leurs occupants, mais aussi de faciliter leur implication dans la mise en œuvre des dispositifs publics ciblant ce parc". Parmi les leviers identifiés : "mieux connaître les syndics du territoire et construire avec eux des relations d’interconnaissance et de confiance", "associer les syndics à l’élaboration de formations et d’actions de sensibilisation" voire "intégrer les syndics comme partie prenante lors de démarches de concertation et les associer en amont des dispositifs publics concernant la copropriété, afin de pouvoir recueillir leurs préconisations et points de vigilance sur les immeubles concernés ou reconnaître l’importance de leur action en valorisant leurs réalisations (rénovation énergétique, redressement de copropriété…)". 

 

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