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Ressources humaines - Territoriaux, qui êtes-vous, où allez-vous ?

Effectifs, perspectives de recrutement, situation des non-titulaires, départs en retraite, place des femmes... quatre études statistiques disent (presque) tout sur les agents territoriaux.

L'Observatoire de l'emploi, des métiers et des compétences de la fonction publique territoriale vient de publier des études statistiques très riches sur l'emploi territorial, dont Localtis vous conseille vivement la lecture (voir les documents ci-contre). Petit aperçu ci-dessous des principaux thèmes abordés, on ne peut plus au cœur de l'actualité.

 

La fonction publique territoriale recrute-t-elle trop ?

Si les études publiées ne répondent évidemment pas à cette question, elles permettent d'y voir un peu plus clair sur ce sujet fort politique : au 1er janvier 2009, 1.771.000 personnes travaillaient dans les collectivités et établissements territoriaux (1,3 million titulaires, 450.000 non-titulaires). Soit une augmentation de 4,4% par rapport au 1er janvier 2008, 56.000 personnes en plus. Dans la grande majorité des collectivités (80%), les effectifs sont stables entre 2008 et 2009. Les augmentations sont sensibles surtout dans les régions, les départements - du fait des transferts de personnels de l'Etat - et dans certaines structures intercommunales. Pour 2010, la majorité des collectivités ont pour objectif de stabiliser leurs effectifs. Les intentions de recrutement sont globalement similaires à celles de l'an dernier hormis pour les régions (+10 points) et pour les départements (-14 points). A noter : plus des deux tiers des collectivités continuent à ne prévoir aucun recrutement, dans le monde rural en particulier.
Sans surprise, les intentions de recrutement sont en hausse pour la petite enfance et la santé. Recrutements importants également prévus dans le secteur social, le bâtiment et la voirie… Or, c'est sur tous ces métiers que les collectivités affirment avoir le plus de difficultés à recruter. Des difficultés signalées surtout en Haute-Normandie, dans le Limousin et en Martinique. Pour le détail des métiers, des régions et des secteurs concernés, voir le document n°1, ci-contre (p.4, 5, 7). Une lecture très utile tant pour ceux qui veulent entrer dans la fonction publique territoriale que pour ceux qui pensent à une mutation.

 

Départs en retraite : une situation explosive sur certains métiers

Près d'un quart des fonctionnaires présents en 2006 seront partis en retraite d'ici 2013. Si on prend un autre indicateur, toujours en 2006, 31% des agents avaient plus de 50 ans. Il est peu probable qu'ils aient rajeunis entre 2006 et 2010… Des chiffres impressionnants, et que toutes les études confirment. Un vieillissement particulièrement sensible sur certains métiers : médecin clinicien, animatrice de relais assistantes maternelles, gardiens d'immeubles… La situation des assistants familiaux est la plus critique : début 2007, plus de 30% avaient plus de 55 ans (voir pour les détails sur chaque métier, doc. 2, p.5-6).
Pourtant, quand on les interroge sur ce qu'elles comptent faire sur ce sujet explosif, la plupart des collectivités sont hésitantes. Seules les petites semblent s'y préparer, les plus grandes ont des difficultés à appréhender le problème. Les départs les plus importants seront sur les métiers de secrétaire de mairie, d'agent d'entretien polyvalent, de gestion administrative, d'accompagnement de l'enfance, de restauration, de voirie. Essentiellement des emplois de catégorie C. Les collectivités envisagent de remplacer à l'identique les départs seulement sur certains métiers. Les agents d'entretien polyvalent, les secrétaires de mairie et les techniciens de voirie ne seront pas systématiquement remplacés (doc. 1, p.6).
Logiquement donc, de plus en plus les pots de départ sont des pots de retraite : les départs pour retraite ne représentaient que 33 % de l'ensemble des départs des titulaires d'une collectivité (mutation, mise en disponibilité...) en 2005. Ce taux est passé à 40% en 2007 (doc. 3, p.3). Bien sûr, les contractuels n'ont pas pour premier souci de partir en retraite : pour eux, 77% des départs sont dus à une fin de contrat, 14% à une démission, 3,5 seulement en retraite. Les mauvais esprits constateront que les études publiées n'évoquent pas la titularisation comme porte de sortie pour les contractuels…

 

Métiers féminins, métiers masculins : des taux sidérants, naturellement

Enfin, l'observatoire publie également une étude sur "La territoriale au féminin" (doc. 4). On y apprend que les femmes sont sur-représentées dans les collectivités : elles sont 59% des agents, alors qu'elles ne représentent que 49% de la population active française. Et cette étude, surtout si on la croise avec le document 2 témoigne quand même de la lenteur des évolutions. En résumé, naturellement, les métiers féminins restent féminins, les métiers masculins restent masculins. Ainsi, dans les métiers de la petite enfance, on reste à un taux de féminisation de plus de 97% (doc. 2, p.3), dans tout ce qui est bâtiment, conducteurs, sécurité, on reste à un taux de plus de 95% d'hommes. Naturellement encore, les départements en raison de leur compétence sociale sont très féminisés : 72% des agents. Naturellement toujours, les femmes sont très nettement sur-représentées parmi les non-titulaires : toutes collectivités confondues, les femmes représentent 68% des contractuels. Naturellement enfin, le document 2 (page 5) nous apprend que sur la grande majorité des domaines d'intervention des collectivités, quand les femmes sont présentes (donc hors métiers uniquement masculins évoqués plus haut), on constate la présence des femmes sur les métiers d'exécution, leur moindre représentation sur les métiers de direction. Pour ne prendre qu'un exemple : seuls 38% des directeurs et directeurs adjoints sont des femmes, alors qu'on trouve des taux de 90% pour les secrétaires et agents administratifs… cela n'est pas un scoop. Mais grâce à la précision des chiffres publiés, on apprend que 70% des "chargés de la commande publique", des "responsables des affaires juridiques", ou des "responsables des affaires immobilières" sont des femmes. Des personnes dont on pourrait supposer que, bien que femmes, elles ont quelques compétences pour occuper ensuite des postes de direction. Un seul contre-exemple, à méditer : 90% des agents de restauration sont des femmes, un taux qui reste à 86% chez les "responsables de restaurant", mais à 52% parmi les "directeurs de la restauration collective"... Conclure sur les "femmes à la cuisine", serait-ce abuser ?

 

Hélène Lemesle

 

 

 


 

 

 

 

 

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