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"Top départ" d'une réorganisation de l'accompagnement à l'export

Si les régions avaient le vent en poupe il y a quelques années en matière d'internationalisation des entreprises, elle sont un peu mises sur la touche avec la montée en puissance de Business France dont le directeur général remettra des propositions au gouvernement "dans quelques jours". L'exécutif travaille à une refonte des réseaux d'accompagnement, afin d'aboutir à un "interlocuteur unique", alors que le déficit commercial se creuse inexorablement.

Le déficit commercial de la France atteint sur les douze derniers mois quelque 60,8 milliards d’euros. En 2017, d’après les calculs de Bercy, il devrait s’établir à 63 milliards d’euros contre 48 milliards l’an passé. A titre de comparaison, l’an passé, l’Allemagne a enregistré un excédent de 253 milliards d’euros. Une "situation très alarmante" et "qui s’aggrave", a commenté le député LREM de Paris Buon Tan, mercredi 8 novembre, en présentant son rapport sur le commerce extérieur devant la commission élargie des affaires étrangères à l’Assemblée. Si les causes de ce déficit sont multiples et diffèrent d’un secteur à l’autre, le député s’en est surtout pris au "millefeuille" des acteurs de l’export "qui se superposent, se contredisent, se concurrencent". Vieux serpent de mer que le gouvernement souhaite lui aussi prendre à bras le corps. Le secrétaire d’Etat auprès du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne, a en effet annoncé le "top départ d’une réorganisation de l’accompagnement de l’entreprise à l’export". L’objectif : "Faire mieux avec moins." Dans "quelques jours", le directeur général de Business France, Christophe Lecourtier, remettra des propositions qui serviront de base à une "refonte de l’accompagnement des entreprises à l’export". "Notre but est d’arriver à avoir un interlocuteur unique sur le territoire national, sous l’égide des régions, naturellement, qui sont compétentes, et un interlocuteur unique à l’étranger", a-t-il développé, dans la droite ligne de ce que propose le rapporteur. Le secrétaire d’Etat souhaite "procéder à une véritable cartographie des forces et des faiblesses de chacun des organismes". "On fera le choix d’un pilote dans chaque pays."

Porter de 125.000 à 200.000 le nombre d'entreprises exportatrices

L’exécutif veut porter le nombre d’entreprises exportatrices de 125.000 à 200.000. En 2013, Etat et régions s’étaient déjà engagés à aider 10.000 entreprises de plus vers l’export en trois ans. Cette politique n’a été qu’un feu de paille et selon le député Nicolas Forissier (LR, Indre), on comptait, en 2016, 7.000 entreprises exportatrices de moins qu’en 2000 ! "Un travail très fin sera conduit dans chaque département avec les CCI pour identifier le réservoir des entreprises qui ne le sont pas [exportatrices] mais qui ont les capacités de l’être au regarde de leur production", a assuré Jean-Baptiste Lemoyne.
Si depuis 2014, le commerce extérieur est officiellement entre les mains du Quai d’Orsay, la compétence reste partagée avec Bercy. Et le chantier fait aussi partie des six axes de travail du plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises (Pacte) lancé par Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie et des Finances, et son secrétaire d’Etat Benjamin Griveaux, le 23 octobre dernier, qui doit se traduire par un projet de loi en avril 2018. Chacun des six axes a été confié à un binôme composé d'un parlementaire et d'un chef d'entreprise. Leurs propositions sont attendues le 10 décembre. S'agissant précisément de la "conquête de l'international", l'artisan boulanger Eric Kayser travaille ainsi de pair avec le sénateur LREM des Français de l'étranger, Richard Yung. Une amère déception pour les régions laissées sur la touche, contrairement à ce que leur avait laissé entendre Bruno Le Maire quelques semaines plus tôt, lors d'un échange (voir ci-dessous notre article du 23 octobre 2017).  

Des dispositifs mal taillés pour les petites entreprises

A l'occasion du lancement de la concertation sur le Pacte, Bruno Le Maire avait ressorti l’idée d'aboutir à un "guichet unique". Pour Buon Tan, il ne faudrait pas y aller au forceps en imposant des fusions, mais plutôt de favoriser un modèle de "coentreprise". Les acteurs de l'export pourraient commencer par partager le même logiciel de gestion pour échanger leurs données et suivre plus facilement le dossier des entreprises à l’étranger. Outre la "déperdition énorme" que représente selon lui la multiplicité d’acteurs, Buon Tan estime que les dispositifs actuels sont taillés pour les entreprises de grande taille et des ETI. Et que, dans certains secteurs, comme l’agro-alimentaire, ils ne répondent pas aux besoins des petites entreprises. "Nos entreprises productrices [agroalimentaires] sont en général des TPE ou PME, souvent des sociétés familiales, qui ne sont pas dotées d’un service export, qui n’ont pas les moyens d’avoir un directeur export et, surtout, pas les moyens non plus de pouvoir investir sur un an, deux ans, trois ans, avant d’avoir les premières commandes", a-t-il fait valoir. Le parlementaire veut aussi permettre à un plus grand nombre de petites entreprises de bénéficier de l’assurance-crédit qui, depuis vingt ans, dégage "entre 600 et 800" millions d’excédents.

 

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