A Toulouse, une classe virtuelle d'enseignement du russe récompensée

Les nouvelles technologies de la communication peuvent-elles sauver l'enseignement des langues à faible diffusion ? Oui, répond sans hésiter Béatrice Crabère professeur de russe à Toulouse. L'expérience d'e-éducation qu'elle conduit vient d'être récompensée par un trophée de l'économie numérique remis par la Caisse des Dépôts. Le dispositif peine pourtant à faire des émules.

Seule devant la caméra, Béatrice Crabère pianote sur son ordinateur en attendant que ses élèves rejoignent sa classe virtuelle. Elle est à Toulouse, ils sont à Tarbes, Pamiers, Ayguesvives... reliés par un dispositif de visioconférence, ils partagent des documents en temps réel sur internet.
Tout a commencé en 2000. La réduction régulière des effectifs des classes de russe dans l'enseignement secondaire conduit de nombreux lycées à ne plus proposer l'apprentissage de cette langue. L'Education nationale cherche alors des solutions et expérimente la visioconférence couplée à internet dans l'académie de Toulouse.

Le logiciel utilisé permet d'afficher les postes de travail  des élèves connectés

Béatrice Crabère se souvient de ses premiers pas avec une classe virtuelle : "La technologie utilisée à l'époque était balbutiante, nous étions en particulier handicapés par le faible débit des transmissions. Il arrivait fréquemment que l'image se fige sur le téléviseur et il fallait attendre un temps infini pour que les documents arrivent à la classe. Aujourd'hui nous utilisons une liaison téléphonique haut débit (Numéris) pour l'image et le son, et le réseau Aster à haut débit pour le travail collaboratif sur ordinateur, tout deux vraiment fiables.. Je suis aux commandes des caméras installées dans les établissements distants, je peux zoomer sur un élève, changer de point de vue à ma convenance. Quant au logiciel que nous utilisons sur Internet, il fait bien plus que de permettre la transmission de documents. Je peux afficher le poste de travail des élèves connectés, corriger leurs copies en temps réel, surfer avec eux sur le web..."
Pour en arriver là, il a fallu un sérieux coup de pouce de l'Etat, qui finance le dispositif à travers les contrats de projets Etat-régions. En attendant la généralisation de l'internet "haut débit", qui permettra de baisser significativement les coûts de transmission (facturés au prorata du temps d'utilisation de la liaison Numéris), l'enseignement des langues à distance demeure coûteux.

L'intérêt pédagogique de l'e-enseignement récompensé par un trophée remis par la Caisse des Dépôts

Par ailleurs, l'avènement de l'e-enseignement est tributaire de l'évolution des mentalités. Les professeurs se méfient de cette nouvelle forme d'enseignement qui, pensent-ils, nécessite d'être un "spécialiste" en informatique. De plus, nombreux sont ceux qui craignent que cette dématérialisation des classes réduise le nombre d'enseignants. Béatrice Crabère s'inscrit en faux contre ces a priori : "L'e-enseignement est au contraire notre planche de salut. Entre 2000 et 2008 le nombre d'enseignants en russe, dans notre académie, a été réduit de moitié. Il s'agit, bien sûr, d'une nouvelle manière d'enseigner mais les outils s'apprivoisent facilement." C'est également l'avis d'Anne-Marie Gros, responsable de la mission Technologie de l'information et de la communication (TIC) de l'académie de Toulouse, qui souligne en outre l'intérêt pédagogique de la démarche : "Les élèves sont beaucoup plus actifs, ils vont vers leur enseignement. L'association de la visioconférence et d'une plateforme collaborative sur internet se révèle très efficace. Malheureusement nous avons souvent du mal à communiquer en interne sur nos actions innovantes et peu d'occasions de les faire connaître à l'externe."
C'est là qu'intervient la Caisse des Dépôts. Laure Prat, chargée de développement territorial en Midi-Pyrénées, a remis, le 18 mars dernier, à Béatrice Crabère un trophée numérique qui récompense son travail. "La Caisse des Dépôts  distingue à travers ce prix les démarches innovantes qui s'appuient sur les nouvelles technologies, explique-t-elle. Le plus souvent, nous l'attribuons à des entreprises, mais cette année nous avons choisi de récompenser l'Education nationale. Grâce à l'enseignement à distance, les langues à faible diffusion ne sont plus réservées aux élèves des gros centres urbains, c'est un pas important vers l'égalité des chances. Souhaitons que ce trophée aide Béatrice Crabère à convaincre du bien-fondé de la démarche et fasse des émules au sein de l'Education nationale."

Luc Blanchard, pour la rubrique Expériences des sites de Mairie-conseils et Localtis

Béatrice Crabère

1 impasse des Bouvreuils
31270 Villeneuve Tolosane
bjanne@voila.fr

contact

Académie de Toulouse

Anne-Marie Gros

Responsable de la mission Technologie de l'information et de la communication (TIC)

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