Tourisme / Europe - Tourisme transfrontalier : une évidence, mais pas si simple à mettre en oeuvre
La notion de frontière n'a pas toujours grand sens en matière touristique. Il est fréquent qu'un domaine skiable ou un site naturel, par exemple, se situe à cheval sur deux pays. L'approche transfrontalière prend donc tout son sens en ce domaine, même si la concurrence entre pays existe et peut parfois être très vive.
Forte de ce constat, la Mission opérationnelle transfrontalière (MOT) rend publique sa contribution sur le sujet. Celle-ci s'adresse au Comité des régions de l'Union européenne, qui travaille actuellement à une "opinion" sur ce sujet, intitulée "Tourism as a Driving Force for Regional Cooperation across the EU".
Plus de six milliards d'euros pour le tourisme transfrontalier entre 2007 et 2013
La contribution de la MOT commence par rappeler que le tourisme est l'un des secteurs les plus dynamiques d'Europe. Dans les régions frontalières, qui représentent 20% du territoire européen, "les projets de tourisme transfrontaliers ont un réel impact sur la croissance des économies locales". La mutualisation des ressources, des équipements ou des attractions touristiques dans les zones frontières représente donc "une réelle opportunité, pour les acteurs locaux, de promouvoir l'économie locale et l'attractivité du territoire".
Ces différents atouts et arguments sont d'ailleurs déjà pris en compte par l'Union européenne. La MOT rappelle ainsi que l'UE finance de nombreux projets touristiques transfrontaliers. Entre 2007 et 2013, plus de six milliards d'euros de fonds régionaux européens ont été affectés à de tels projets, dont 3,8 milliards d'euros pour l'amélioration des services touristiques et 2,5 milliards pour la protection, le développement et la mise en valeur de l'héritage naturel.
Petit bémol toutefois : le tourisme ne figure pas dans les onze thématiques prioritaires pour la politique de cohésion 2014-2020, mais les projets dans ce secteur restent co-finançables par les programmes de coopération territoriale sur la même période.
Les conditions au développement de l'approche touristique transfrontalière
La note de la MOT classe ensuite les projets de tourisme transfrontaliers en deux catégories : ceux qui partent d'offres touristiques nationales existantes et les transposent à une échelle transfrontalière (homogénéisation des offres, commercialisation et promotion conjointes...) et ceux qui sont conçus d'emblée à une échelle transfrontalière.
Si l'intérêt de l'approche touristique transfrontalière semble indéniable, sa mise en œuvre pratique n'a cependant rien d'évident. La MOT liste ainsi une série de conditions au développement de cette forme de tourisme (même si nombre d'entre elles valent aussi pour d'autres approches transfrontalières) : identification d'intérêts convergents, création de méthodes et d'outils communs, mise sur pied de nouveaux produits touristiques facilitant ce rapprochement, organisation conjointe de la promotion et de la commercialisation...
A noter : pour matérialiser les bénéfices de cette approche, la contribution de la MOT propose également des liens vers les sites de projets touristiques transfrontaliers dans différents domaines. La vingtaine d'exemples proposés vont du ticket unique pour les sites touristiques ("Museum Pass" de la Lorraine, la Sarre et le Luxembourg) à des formations communes pour les professionnels du tourisme, en passant par des expositions et des offres de voyages communes ("Jardins sans frontières" entre la France, l'Allemagne et le Luxembourg), des sites d'information touristiques partagés (www.leman-sans-frontiere.org), ou encore la promotion, la mise en réseau et la gestion communes de sites culturels et touristiques transfrontaliers ("Routes romaines en Méditerranée, "Réseau des fortifications historiques", "Sentinelles des Alpes").
