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Transports - Trains Corail : la SNCF recule, les régions stigmatisent l'inaction de l'Etat

La SNCF est revenue sur son projet de réduction des dessertes de lignes de trains Corail, proposant de maintenir certains trains interrégionaux et d'en remplacer d'autres par des TER dont elle assumerait la charge. Les régions sont rassurées mais critiquent toutefois le désengagement de l'Etat.

Les ministres des Transports et de l'Aménagement du territoire, Dominique Perben et Christian Estrosi, ont réuni, le 5 octobre à Paris, le président de la SNCF et les responsables de l'Association des régions de France (ARF) au sujet du projet très décrié de réduction des dessertes de trois lignes de trains Corail.
Début août on le sait, la SNCF avait fait part de son intention de réduire les dessertes sur trois lignes Corail "ultra déficitaires" à partir de la mi-décembre (Quimper-Nantes-Bordeaux-Toulouse, Nantes-Lyon et Caen-Le Mans-Tours).
Résultat de cette réunion : la SNCF a proposé de maintenir un certain nombre de trains interrégionaux (TIR) et d'en remplacer d'autres par des trains express régionaux (TER) dont elle assumerait la charge, normalement du ressort des régions. A chaque suppression de Corail, la SNCF "fera la proposition de créer un train régional dont elle prendra en charge les coûts de fonctionnement", a résumé le ministre des Transports. "C'est l'Etat et la SNCF qui assument la situation des trains à vocation nationale", avait-il auparavant rappelé.
"On a ouvert un dialogue, il y a eu des avancées, la bataille du Corail de l'été a payé", a pour sa part déclaré le président de l'ARF, Alain Rousset, rassuré de se voir confirmer que les régions n'auront pas la charge des TER remplaçant les Corail.


Une solution "plus économique"

Les régions critiquent toutefois l'attitude d'un Etat absent "un peu comme Ponce Pilate qui se lave les mains de ses propres responsabilités", selon les termes d'Alain Rousset. "Dominique Perben a reconnu qu'il s'agissait de lignes nationales, mais quels sont les moyens que met l'Etat ?", s'interroge le président de l'ARF.
"L'Etat n'investit pas dans les TIR, c'est entièrement à la charge de l'entreprise", a expliqué Louis Gallois, avant d'ajouter : "Sur les dessertes qui avaient été en cause, j'ai indiqué que la SNCF était tout à fait disposée à assurer une péréquation dès lors que cette péréquation restait à un niveau raisonnable. Toutes les économies que nous réalisons sur les TIR par des meilleurs aménagements seront réinvesties sur les TIR, et j'ai fait des propositions qui visent à assurer un service, soit par des TIR, soit par des TER dont la SNCF assurerait le financement." Pour la compagnie, le recours aux TER sera en tout cas "plus économique grâce à son insertion dans les roulements [du] matériel TER, au lieu de mobiliser une rame Corail sous utilisée".
"Sur le fond, la situation n'a pas bougé : alors que les régions supportent le déficit des TER, Dominique Perben a confirmé que le gouvernement n'entend pas combler celui des Corail", regrette le président de la région Midi-Pyrénées, Martin Malvy, responsable des transports au sein de l'ARF.


Enjeux de modernisation

"C'est à l'évidence un pis-aller dont l'économie sera dérisoire - cinq millions d'euros sur les 123 millions que la SNCF veut réduire. Nous avons donc demandé à Dominique Perben d'aller plus loin. La SNCF doit mettre sur la table son projet d'ensemble et dire ce qu'elle envisage face au blocage gouvernemental sur les 18 autres lignes en cours. Rendez-vous a été pris sur ce sujet, ainsi que sur le problème grave de l'état du réseau", indique Martin Malvy.
Même verdict pour son homologue de la région Centre, Michel Sapin : "Le gouvernement laisse la SNCF se débrouiller avec les régions, mais il y a des limites à la débrouillardise de la SNCF", a-t-il estimé, ajoutant lui aussi que "le vrai sujet" est "le financement de la modernisation de l'appareil ferroviaire".
Sur ce point, la SNCF indique avoir "décidé de lancer un programme d'investissements de modernisation des trains interrégionaux, qui porte sur les quatre prochaines années, de 130 millions d'euros" (90 millions d'euros destinés aux révisions générales et 40 millions d'euros en faveur de la modernisation). Cela "nous permettra d'assurer la pérennité de ce matériel et de moderniser plus de 300 voitures", a assuré Louis Gallois? tandis qu'Alain Rousset estime pour sa part que "le coût de modernisation des Corail est de l'ordre de 2 milliards d'euros".
Enfin, selon Bernard Soulage, 1er vice-président de la région Rhône-Alpes (et responsable des transports au PS), le nouveau projet marque "une rupture totale par rapport à la loi de 2002" sur la décentralisation des transports régionaux.


C.M., d'après AFP

 

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