Traitement des matières de vidange : le Var s'organise

La ville de Brignoles vient de signer avec des vidangeurs du Var, fédérés au sein d'un groupement d'intérêt économique, une convention pour le traitement des matières de vidange. Un premier pas vers une gestion propre de l'assainissement autonome dans le département.

11 millions de mètres cubes, c'est le volume de matières de vidange à traiter chaque année en France. Les boues et objets flottants issus de la vidange obligatoire, tous les quatre ans, des fosses toutes eaux ou septiques peuvent être efficacement traités en station d'épuration des eaux usées (Step). Toutefois, la plupart de ces stations sont sous-équipées pour accueillir ces matières de vidange. Faute de solution, nombre de vidangeurs effectuent donc des rejets sauvages directement dans les cours d'eau ou le réseau public. Un vrai problème environnemental, car 1 mètre cube de ces matières de vidange (MV) équivaut à la pollution journalière générée par 250 habitants. Dans le Var, qui chaque année voit apparaître de nouvelles résidences secondaires toujours plus éloignées du réseau public d'assainissement, les fosses ne manquent pas, mais les exutoires si. Il y a deux ans, seulement deux stations (Fréjus et La Garde) acceptaient les MV. Soutenus par la CCI varoise, dix-huit professionnels sur les vint et un que compte le département ont alors décidé de prendre les devants et se sont fédérés en un groupement d'intérêt économique (GIE), tel qu'il en existe déjà dans l'Indre et le Luberon, baptisé Groupement varois d'assainissement (GVA). Objectif : instaurer un dialogue entre professionnels, communes et institutions, puis participer à l'équipement des Step en aires de réception des MV, dites de dépotage. Aujourd'hui, leurs efforts commencent à porter leurs fruits.

Une première dans le département

Le GVA vient de signer avec la mairie de Brignoles et le gestionnaire de sa station (SVAG) une convention déterminant les responsabilités de chacun, les modalités de dépotage des MV dans la Step, ainsi que le financement et le fonctionnement de l'aire dont la station est équipée à cet effet. D'une capacité de 2.000 équivalent habitant, cette dernière comporte ainsi une fosse de stockage de 20 m3 dans laquelle les camions peuvent déverser les MV collectées. Gage de traçabilité, un échantillon est prélevé à chaque dépotage et reste conservé sept jours dans une armoire réfrigérée afin d'être analysé en cas de problème. Après dégrillage simple, ce sont 10 m3 de MV qui sont injectés quotidiennement. En retour des charges qui lui incombent pour la surveillance, l'entretien des installations, les traitement des effluents et l'évacuation des boues en résultant, la SVAG reçoit une rémunération de 16,5 euros HT par m3 de MV, garantie par une redevance à la charge des particuliers. Une application du principe pollueur-payeur. Afin d'estimer les volumes à facturer au GVA, la fosse de stockage est munie d'un capteur à ultrasons qui mesure la hauteur du niveau et permet par intégration d'en connaître le volume avant et après chaque dépotage. Un bulletin précisant l'origine et la provenance des MV déchargées, leur nature, leur quantité, le jour et l'heure de déchargement, et les références de l'entreprise est en outre remis par le chauffeur.

Soutenir les efforts

Enfin, la traçabilité des opérations est assurée par un certificat de vidange en quatre exemplaires permettant de suivre les MV du producteur initial (le particulier) jusqu'à l'éliminateur final (la station). De quoi faciliter le travail des services publics d'assainissement non-collectif que les collectivités locales ont à mettre en place d'ici fin 2005. Aujourd'hui, le GVA doit néanmoins gérer la phase la plus difficile du projet qui consiste à signer le plus de conventions de dépotage possible alors que peu d'aires d'accueil sont opérationnelles. Dans le Var, seulement sept stations sur environ soixante sont équipées pour traiter les MV, précise Jacques Oles, chargé de mission Environnement du GVA. Il en faudrait une quinzaine pour obtenir un maillage à peu près cohérent, car il existe des endroits où il n'y en a aucune dans un rayon de 100 km. Or, au-delà de 15 à 20 km de distance à parcourir, l'élimination n'est plus rentable pour le vidangeur. Afin d'éviter la tentation des rejets sauvages, le GVA négocie une solution intermédiaire où il est possible de déverser les MV dans le réseau public à condition d'avoir prévenu et obtenu l'accord de la Step concernée. Payés par le particulier, les frais de traitement sont reversés à la collectivité afin de faciliter la constitution d'un budget pour l'aménagement d'une aire de dépotage. Un système "gagnant-gagnant", qui espère participer à l'organisation d'une filière d'assainissement propre dans le Var.


Simon Anheim / Victoires Editions pour Localtis

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