Archives

Environnement - Traitement mécano-biologique des déchets : les élus appelés à la prudence

Prudence et vigilance : ce sont les deux conseils que donne le Cercle national du recyclage (CNR) aux collectivités qui choisissent de créer une installation de traitement mécano-biologique (TMB) des déchets ménagers. Pour les non-spécialistes, ce procédé permet d'extraire la part fermentescible des ordures ménagères résiduelles (OMR) afin de produire du compost, du biogaz ou uniquement de réduire les quantités de déchets mises en décharge. Dans un dossier qu'il vient de mettre en ligne, le CNR recense les difficultés qui se font jour, notamment à cause d'un projet de règlement européen attendu en octobre 2012 qui précisera que seuls les composts issus de la collecte sélective de biodéchets et respectant les critères de qualité bénéficieront du statut de produit. "Les composts issus du TMB conserveront leur statut de déchets et devront alors suivre un plan d'épandage, ce qui remet en cause l'existence même des unités de TMB", alerte le CNR. De plus, "rien n'assure à l'heure actuelle la viabilité économique de ce type de gestion des déchets organiques", ajoute-t-il. De même, assure le CNR, "pour les installations de stabilisation des OMR, les intérêts environnementaux et économiques semblent limités". Les coûts d'investissement et de fonctionnement sont relativement élevés pour le compostage et encore plus pour la méthanisation; affirme-t-il (...). Il semble préférable que le coût de gestion globale ne dépasse pas 200 euros HT/tonne". 

Le CNR invite donc les collectivités à "privilégier la collecte sélective des biodéchets pour les milieux où cela est économiquement et techniquement faisable". Si une collectivité fait le choix d'une installation de TMB, elle a tout intérêt à mettre en place au préalable un réseau de déchèteries ou un système de collecte de proximité pour récupérer un maximum d'éléments polluants (solvants, peintures, piles, mercure...). Sans collecte performante qui écarte les éléments indésirables, il n'est pas possible de produire un compost répondant à la norme, souligne le dossier du CNR. Il préconise aussi d'anticiper dès le début d'un projet d'installation de TMB "les possibles évolutions réglementaires telles qu'un durcissement de la norme NFU 44-051". Devenue obligatoire en mars 2009, cette norme impose aux composts issus d'OMR de respecter un certain nombre d'exigences pour pouvoir être utilisés en agriculture. Mais les associations écologistes comme France nature environnement jugent qu'elle ne permet pas de limiter la pollution des sols sur lesquels est épandu le compost car les seuils de polluants (cadmium, mercure, cuivre, verre, métaux et plastiques) qu'elle fixe restent trop élevés. Ces seuils pourraient donc être baissés pour répondre aux objectifs du projet de de règlement européen.

 

Pour aller plus loin

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis