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Transformation numérique : les intercommunalités sont-elles vraiment prêtes ?

Si la transformation numérique est clairement identifiée comme un sujet majeur par les directeurs généraux d’intercommunalités, peu de structures se sont effectivement dotées d'une stratégie formalisée. En cause : le manque de compétences dédiées, mais aussi de portage politique.

L'ensemble des politiques publiques sont désormais impactées par le numérique et les intercommunalités sont en première ligne pour piloter cette transformation. Au-delà du slogan marketing de la "smart city", la révolution numérique implique un changement de pratiques qu'une étude publiée début juillet a souhaité évaluer. Elaboré par l'Association des directeurs généraux des communautés de France (ADGCF) en partenariat avec Orange Business services et Bearing points, ce "livre blanc" repose sur une enquête à laquelle ont répondu une centaine d'intercommunalités de toutes tailles.

Les stratégies digitales minoritaires

Premier constat et non des moindres, 90% des collectivités interrogées n'ont pas de stratégie digitale formalisée. Le manque de budget à y consacrer (62%) suivi de l'absence de portage du projet par les élus (43%) arrivent en tête des raisons invoquées par les répondants. Il est vrai que les réformes institutionnelles en chaîne – fusion des intercommunalités, mise en œuvre de nouvelles compétences liées à la loi Notre – alliées aux réductions des marges de manœuvre financières ont pu conduire un certain nombre de collectivités à reporter ce chantier de la digitalisation. De ce chantier numérique, les collectivités attendent avant tout une amélioration de la qualité de vie des habitants (62%) suivie de l'attractivité de leur territoire (55%) et de la fluidification du fonctionnement des administrations. 

Les approches transverses restent rares

Si 85% des répondants sont convaincus que leur positionnement est stratégique pour porter la transformation digitale de leur territoire, la plupart des intercommunalités manquent aujourd'hui de compétences dédiées à ces projets. Moins d'un quart des intercommunalités (21%) ont ainsi un pôle transversal smart city / transformation numérique, chiffre qui tombe à 11% si on enlève les métropoles. La plupart des équipes informatiques ne comptent en outre que 1 à 4 personnes. Les principaux projets gérés par ces services sont aujourd'hui la dématérialisation, le développement de systèmes d'information géographique, l'instruction des droits des sols, le tourisme et les services techniques (déchets, eau…). "A l'exception du tourisme, ce sont des sujets centrés sur des aspects internes à la collectivité, principalement administratifs, dans lesquels les croisements de données sont peu ou pas présents", note l'étude. 

Une problématique télécom toujours très présente

La problématique infrastructure reste en outre prépondérante par rapport aux usages, les opérateurs télécoms étant cités par 45% des intercommunalités comme des partenaires incontournables pour accompagner leur transformation digitale. Les opérateurs de services urbains – transporteurs, aménageurs, gestionnaires de l'eau et des déchets – sont également cités comme des acteurs clefs de l'écosystème numérique local. La co-innovation avec les startups, les universités ou laboratoires reste essentiellement le fait des métropoles. Et si le citoyen tient une place centrale dans le discours numérique des collectivités, dans les faits, celui-ci reste peu associé. 52% des intercommunalités ne sollicitent pas les citoyens pour leurs projets digitaux et 13%, seulement, les associent à la création de nouveaux services. Le mode d'association des citoyens reste très traditionnel avec une prédominance des groupes de travail dédiés.
En conclusion de cette étude, les auteurs font trois recommandations aux collectivités souhaitant se doter d'une feuille de route sur leur transformation digitale : se doter d'une équipe digitale pluridisciplinaire centrée sur les besoins des citoyens ; démarrer par une réflexion sur la gouvernance de la donnée (inventaire, redondances, stockage, valorisation, open data…) ; inventorier l'ensemble des services et plateformes existantes pour construire une stratégie cohérente au regard d'objectifs clairement identifiés.

  Méthodologie de l'enquête
Cette enquête a été réalisée à partir d'un questionnaire adressé fin 2017 à 1.263 directeurs généraux de services (DGS) d'intercommunalités. Les résultats portent sur l'exploitation de 134 réponses, complétées par 7 entretiens qualitatifs. 90 communautés de communes, 33 communautés d'agglomération ,3 communautés urbaines et 8 métropoles ont répondu à l'enquête.

 

 

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