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Transports urbains et ferroviaires : la Fnaut prône une relance des grands projets

A la mise en "pause" décrétée par le gouvernement en amont des Assises de la mobilité, la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) préférerait une relance des investissements ferroviaires et un rattrapage du retard dans l'exécution de grands projets vertueux “actuellement reportés ou abandonnés au profit des transports du quotidien”. Un point de vue partagé le 12 janvier par cette association qui, au même titre qu'un grand nombre d'élus et d'autorités organisatrices, appelle de ses voeux le lancement d'un quatrième appel à projets de transports collectifs en site propre (TCSP).

La liaison Lyon-Turin mais pas le canal Seine-Nord. Une LGV sur la transversale sud mais plus de nouvelles gares TGV implantées n’importe où loin des centres urbains. Un contournement ferroviaire pour l'agglomération lyonnaise (CFAL) mais pas d’autoroute (A45) pour relier cette ville à Saint-Étienne (Loire). Ni de rocade à Rouen (Seine-Maritime) et ni d’élargissement autoroutier en Lorraine (A31 bis)… " Il y a de bons et de mauvais projets. Les mauvais, il faut les enterrer, sans craindre le traumatisme. La page sera vite tournée, même pour le canal Seine-Nord : sitôt stoppé, ce projet pharaonique mais inutile sera vite oublié", a asséné le 12 janvier Jean Sivardière, vice-président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut), lors d’un point presse sur la nécessité de relancer de grands projets utiles et à même de répondre "aux besoins actuels et futurs des voyageurs et des territoires".

Retour aux besoins

Pour cette fédération d'associations d’usagers, la réflexion doit repartir d’une analyse des besoins "et non comme cela est généralement fait des possibilités de financement". Bruno Gazeau, président de la Fnaut, explique que ces besoins sont actuellement mal appréciés et que contrairement à une idée reçue, ceux liés à la mobilité et notamment à l’usage du train et des transports collectifs vont considérablement s’amplifier dans les prochaines années. Démographie, évolution des modes de vie, du pouvoir d’achat, de la composition des ménages, concentration des services dans les métropoles : selon lui, tout concourt à penser qu’"il faut voir grand pour préparer l’avenir et disposer d’infrastructures de transports à même de répondre aux défis économiques et environnementaux qui sont à relever".

Lettres de noblesse de la grande vitesse

La Fnaut prend le contre-pied du discours actuel remettant en doute l’intérêt de la grande vitesse. Et dénonce "un malthusianisme très français et une attitude décliniste des décideurs politiques en matière ferroviaire". Or pour Jean Sivardière, "les lignes LGV n’ont aucune raison d’être déficitaires, si elles étaient bien exploitées elles seraient rentables". Seul à même de provoquer "des reports modaux massifs et des chocs psychologiques influençant massivement et durablement les comportements des voyageurs", et de grignoter des parts de marché à l’avion et à la route, le TGV aurait d’indéniables atouts et la relance des projets de lignes Bordeaux-Toulouse et Marseille-Nice doit, selon l’association, être activée "pour desservir des aires urbaines de plus d’un million d’habitants et capter du trafic aérien".

Une pause injustifiée

Une pause dans la réalisation de grands projets serait selon elle mal venue, et même s’il ne s’agit pas de "mettre des tramways et des LGV partout, nous attendons du gouvernement qu’il relance de grands projets ferroviaires tant du côté du fret que du transport de voyageurs". Pour les financer, l’association préconise de bannir "les gaspillages et grands projets inutiles ou nocifs pour l’environnement", d’accélérer l’arrivée de la concurrence dans le secteur ferroviaire "afin de réduire les coûts de production", de recourir à l’emprunt, de mobiliser les investisseurs publics et privés et d’appliquer sans attendre une fiscalité environnementale " pour profiter du bas prix du pétrole et de la baisse du coût des carburants routiers". Revendication portée de longue date par la Fnaut, l’augmentation d’un centime de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) permettrait, selon elle, de financer "en une seule année" un quatrième appel à projets de mobilité urbaine durable (vélo et TCSP urbains) qu’elle appelle de ses voeux. Elle n’est d’ailleurs pas la seule, d’autres associations et réseaux d’élus ou d’opérateurs des transports (Gart, UTP) réclament un nouvel appel à projets.

Vertus d'un quatrième appel à projets

"Ce n’est pas l’argent qui manque, mais la volonté politique, on peut à la fois améliorer les transports quotidiens et relancer de grands projets, comme on a su le faire pour le Grand Paris Express", plaide la Fnaut. Hormis financer des projets restés dans les cartons, une autre vertu d’un quatrième appel à projets serait, comme le conclut Bruno Gazeau, de restaurer le dialogue entre métropoles et régions, "actuellement au point mort, chacune se renvoyant la balle alors qu’il y a urgence à renforcer le maillage ferroviaire entre les métropoles et à améliorer les transports collectifs davantage dans la couronne des grandes et moyennes villes que dans leur centre".