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Le gouvernement va "accompagner" le développement du rail, assure Elisabeth Borne

Accélérer la rénovation du réseau, désengorger les métropoles et dégager les camions des routes, aider au désendettement de la SNCF : l'Etat va "accompagner" le développement du rail, assure Elisabeth Borne dans un entretien à l'AFP diffusé le 2 janvier.
La ministre des Transports veut d'abord tirer les leçons des incidents qui ont affecté les gares parisiennes en décembre, en grande partie dus aux nombreux chantiers en cours sur les voies ferrées après des années de sous-investissement. Elisabeth Borne se veut constructive, adoptant un ton conciliant avec les dirigeants de la SNCF, qu'elle a convoqués le 8 janvier pour un débriefing. "L'objectif, c'est vraiment de sortir d'une séquence qui n'a pas été très positive ces derniers temps", euphémise-t-elle. "Il faut que tous ensemble on tienne un langage de vérité. Oui, le réseau a été sous-entretenu. Oui, le réseau a manqué d'investissements." Or, reconnaît-elle, "c'est aussi l'Etat qui a orienté ce que faisait la SNCF".
"Le gouvernement accompagnera dans la durée les investissements pour remettre le réseau à niveau, mais ça ne va pas se faire en un claquement de doigts et la SNCF doit faire le maximum pour assurer le service le plus robuste possible et apporter la meilleure information aux voyageurs" en cas de problème, indique Elisabeth Borne.
Au-delà de ces travaux, "l'Etat doit réfléchir à une stratégie globale pour le ferroviaire", ce qui va occuper la ministre au premier trimestre. Pour l'éclairer, elle attend deux rapports fin janvier : celui de l'ancien patron d'Air France, Jean-Cyril Spinetta, qui planche sur la "refondation" du modèle ferroviaire français qui a trop longtemps privilégié le TGV, et celui du Conseil d'orientation des infrastructures (COI). Celui-ci doit permettre de faire des choix parmi les projets.
"Quel est le domaine de pertinence aujourd'hui du ferroviaire?", interroge la ministre des Transports. Ses priorités iront au fret et aux grandes villes, avec "une priorité aux transports du quotidien". "Je pense qu'on a besoin de plus de ferroviaire dans les métropoles", insiste l'ancienne patronne de la RATP.

Préparation de l'ouverture à la concurrence

Et elle assume les dépenses nécessaires : "Ce sont des montants très importants, mais je pense que le transport ferroviaire est un mode très important pour répondre aux files de camions sur nos routes - dont nos concitoyens et les élus ne veulent plus (...)."
La ministre n'oublie pas l'"enjeu massif" de "l'équation économique du ferroviaire", avec une dette qui devrait atteindre 50 milliards d'euros l'an prochain pour SNCF Réseau. "On voit que ça n'est pas soutenable, et donc il faudra que le gouvernement prenne ses responsabilités sur ce plan-là", assure-t-elle à l'AFP.
En outre, ajoute-t-elle, "on aura aussi à préparer une ouverture à la concurrence réussie : ça veut dire plus de qualité de service, plus de voyageurs et des cheminots rassurés sur leur avenir". "Ma priorité, c'est le ferroviaire dans son domaine de pertinence, là où il est irremplaçable (...)", insiste Elisabeth Borne.
Elle se veut rassurante pour les villes desservies par des TGV qui prolongent leur parcours au-delà des axes à grande vitesse : "Les Français y sont très attachés (et) le gouvernement n'a pas l'intention de revenir sur les engagements qui ont été pris vis-à-vis des villes moyennes." Mais, ajoute Elisabeth Borne, il faudra revoir le mode de calcul des péages qui les pénalisent actuellement - et donc trouver des compensations pour SNCF Réseau.

Dédiaboliser la route

La ministre est en revanche moins sûre quand elle évoque les TER peu fréquentés : "Quand on a des alternatives sur certaines lignes où il y a un ou deux trains par jour, avec peu de voyageurs, c'est de la responsabilité des régions. Mais à un moment donné, on ne pourra pas tout accompagner."
Elisabeth Borne compte d'ailleurs dédiaboliser la route, délaissée depuis le Grenelle de l'environnement, et qu'elle considère "indispensable dans un certain nombre de zones en France". "Il faut qu'on utilise toute la palette des solutions pour répondre aux besoins de déplacements de tous les citoyens, dans tous les territoires", explique-t-elle.

 

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