Un abattoir de proximité adapté aux besoins locaux

Alors que son abattoir municipal doit être mis aux normes, la ville de Craon en Mayenne décide en 2002 de mener sa reconstruction afin de répondre aux besoins locaux.
Le défi était de taille, mais les résultats sont au rendez-vous : ouvert en 2006, l'équipement tourne aujourd'hui au maximum de sa capacité.
 

En 1997, lorsque la direction des services vétérinaires demande à la ville de Craon de mettre l'abattoir municipal aux normes, les édiles commencent à réfléchir à l'avenir de cet équipement.
Ouvert depuis le début des années 60, d'une capacité de 2.000 tonnes/an, et doté d’une récente salle de découpe, il fait alors encore l'objet de remboursements d’emprunts. Pour ne pas alourdir ces charges et se donner le temps de la réflexion, la ville demande un délai aux services vétérinaires, jusqu'en 2002. L'enjeu est de taille. Propriété de la commune, administré sous la forme d'une régie, l'abattoir emploie une dizaine de salariés et répond à des besoins à la fois locaux et régionaux. Seulement, rien n'est acquis... Dans les années 90, l'équipement a été parfois déficitaire et le marché de la viande restait très fluctuant.

Diagnostic et concertation avec tous les acteurs de la filière

En février 2002, les élus demandent à un cabinet d'études d'analyser l'évolution du marché, les besoins des clients et de dresser différentes hypothèses pour l'avenir de l'abattoir. Une vaste concertation mobilise les acteurs concernés par son activité, via des réunions en mairie : grossistes, prestataires de services (ateliers de découpe), groupements d'éleveurs, représentant des filières de qualité (AOC...), services vétérinaires, chambres d'agriculture, syndicats agricoles et de bouchers-charcutiers... dans le périmètre de rayonnement de l'abattoir soit, environ une centaine de kilomètres. Six mois plus tard, les conclusions de ce travail confirment les besoins d'un abattoir de proximité en capacité de recevoir des petits lots pour accompagner le développement de la vente directe, un secteur en progression. Bien que le cabinet conseille le réaménagement de l'existant (estimé à 1.600 K€), les élus optent pour une construction nouvelle (3.000 K€), notamment pour maintenir la clientèle durant les travaux prévus pour une durée d’un an.

Un montage sans financements européens et nationaux

Restait à trouver les finances pour un équipement non éligible aux fonds européens et nationaux (POA-Feoga) (1). Les élus se tournent vers le département et la région, mais aussi vers le syndicat du Pays de Craon (via le contrat régional de développement) et l'agence de l'eau, qui soutiennent le projet (3.375.000 euros) à hauteur de 37%. Trois emprunts (de 10 à 25 ans pour un montant de 1.900.000 euros) financent également une partie de l'opération, le reste est payé sur des fonds propres.

Le choix de l’échelle communale

Malgré l'ampleur du projet, celui-ci est mené à l'échelle communale. "L'équipe municipale de Craon était très motivée pour faire vivre l'abattoir. On sentait que ça ne serait pas aussi simple d'engager, sur un tel défi, les élus des 11 communes de la communauté de communes du Craonnais, or il fallait faire vite et être efficace", précise Bernard Guillet, premier adjoint, en charge de ce dossier. Un cabinet d'ingénierie est désigné pour coordonner les travaux jusqu'à leur terme.

Prospecter de nouveaux clients et jouer l’atout de la proximité

L'abattoir, qui ouvre en septembre 2006, est équipé de trois chaînes d'abattage, de frigos, de pièces de travail des abats, de salles d'attentes des animaux, de quais de déchargement, de bureaux, notamment pour les services vétérinaires du département. Comme sa capacité est supérieure à l'ancien bâtiment (2.500 t/an), un autre cabinet conseil est, par la suite, choisi pour prospecter de nouveaux clients. "Il faut savoir que les abattoirs de proximité deviennent une exception aujourd'hui. Beaucoup de départements n'en disposent pas. Nos clients - bouchers, agriculteurs, particuliers et sociétés de prestation de services qui assurent la découpe des animaux - apprécient la taille humaine du nôtre. " L'équipe salariée de l'abattoir les connaît bien et s'adapte, dès que besoin, à leurs attentes. "Chaque année, nous réunissons les clients pour faire un bilan des activités et adapter la tarification." Cette proximité explique le tonnage en augmentation de 30% entre 2006 et 2010. L'équipe de l'abattoir est passée de 13 salariés (dont un temps partiel) à 15 en 2011, auxquels il faut ajouter la création d’un emploi indirect de nettoyage. La capacité de l'abattoir est actuellement au maximum. "Depuis la reconstruction, nous avons cumulé en excédent l'équivalent d’une annuité d'avance. C'est important de disposer de ces provisions pour des périodes à venir qui pourraient être plus difficiles, mais aussi pour prendre en charge des hausses de coûts comme ceux de l'énergie. Même s'il est municipal, l'abattoir doit rester compétitif et être géré comme tel." Mais pas question de l'agrandir. D'une part, il n'y a plus de place et, d'autre part, les élus souhaitent conserver la force de cet équipement : sa taille humaine.

Lucile Vilboux / Acteur Rural pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info

(1) Pour obtenir des fonds européens et nationaux, les abattoirs doivent fournir des engagements de tonnage. La clientèle, composée en 2001, à 72% de détaillants et de particuliers, n'étaient pas en capacité de le faire.

(2) La ville de Craon fait partie de la communauté de communes du Craonnais qui comprend 11 communes pour 9.000 habitants. C'est également la ville centre du syndicat de Pays de Craon qui compte 37 communes et 28.000 habitants. 

Commune de Craon

Nombre d'habitants :

4415
Mairie
53 400 Craon
contact@ville-craon53.fr

Bernard Guillet

premier adjoint aux affaires économiques

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