Un conseil général des jeunes pour les Alpes-de-Haute-Provence

L'initiative a pour objectif de sensibiliser les jeunes collégiens à leur rôle de futurs citoyens. Elle a aussi pour but de leur apprendre le rôle, le fonctionnement et les activités du conseil général. Le conseil général des jeunes, ou CGJ, de cette région montagneuse de la Provence se déroule sous la responsabilité du service Jeunesse et Sport du département. Il en est à sa quatrième mandature.

C'est en 1998 que Jean-Louis Bianco, qui vient alors d'être élu président du conseil général des Alpes-de-Haute-Provence, exprime le souhait de créer un conseil général des jeunes. Avec son équipe, il lui faut d'abord convaincre les orincipaux des dix-neuf collèges du département d'organiser des élections au sein des établissements : cela représente une tâche administrative supplémentaire pour ces principaux et ils n'apprécient pas toujours que le conseil général intervienne dans le cadre des affaires scolaires. De même, les premières élections nécessitent que le service Jeunesse et Sport du département se déplace à plusieurs reprises dans les collèges pour expliquer aux enfants l'intérêt de participer au conseil, ceux-ci se prennent d'ailleurs rapidement au jeu.

Trois fois par an, 70 enfants de onze à quatorze ans occupent les sièges de l'hémicycle en présence d'un élu adulte

Les mandatures sont de deux ans renouvelables. La première débute en 1999 et se termine en 2001. Les petits élus, les "P'tits boss", comme ils se désignent à travers le titre de leur journal, viennent des classes de 5e et 4e (l'idée de former le conseil général des jeunes avec les classes de 6e-5e est abandonnée dès la première année car les enfants n'ont pas assez de maturité). Ils sont regroupés en quatre commissions thématiques qui correspondent également à des regroupements géographiques des collèges : la communication au sud-est du département, l'environnement -sports et loisirs au sud-ouest, le cadre de vie et la vie civique des collégiens au centre et au nord, et la solidarité à l'ouest (1). Le conseil fonctionne le mercredi après-midi (l'académie ayant refusé de donner une dérogation systématique aux petits élus le mercredi matin), ce qui demande aux enfants un certain "sacrifice". Mais avec 69 sièges occupés sur les 76 possibles (quatre par collège), le succès de la mandature 2005-2007 est acquis.
Les collégiens élus (encadré par le service Jeunesse et Sport du conseil général) se réunissent cinq fois par an en commission et trois fois (une fois par trimestre) en plénière dans l'hémicycle de l'hôtel du département et en présence du vice-président délégué à la jeunesse et au sport, Jean-Yves Roux. Les plénières servent à présenter et à voter (à main levée) les projets des commissions. Pour constituer l'ordre du jour, les collégiens sont accompagnés par trois agents du service jeunesse du département. "Les jeunes collégiens apprécient beaucoup de prendre la parole, de discuter, explique Jean-Yves Roux. Ils aiment la participation, la convivialité, le fait de se sentir proches des conseillers généraux : j'ai des relations informelles avec certains d'entre eux... En plénière, le débat est vraiment démocratique." Chaque année, les collégiens suivent pendant une journée une formation à leur rôle d'élu. Une partie des règles apprises pendant ces sessions, en termes d'engagement personnel, d'assiduité, de comportement... a d'ailleurs été intégrée à la Charte des droits et devoirs du conseiller général jeune (définie en 2003) que chaque petit élu doit signer au moment d'occuper son siège. Exemple : en réunion, je demande la parole, je ne coupe pas la parole de l'autre, je donne mon avis, et je ne juge pas la parole de l'autre. Une façon d'apprendre à s'exprimer tout en respectant l'autre.

Un film vidéo sur le racket au collège, reconnu par le ministère de l'Education

Une fois votés, les projets sont mis en oeuvre dans le cadre des différentes commissions qui établissent alors un plan d'action. Les projets concernent la vie quotidienne des enfants et ne sont pas à proprement parler politiques, mais ils peuvent avoir une portée générale pour la vie de la cité à travers des thèmes comme l'alimentation, le tri des déchets, l'actualité de l'Union européenne... Une des premières tâches de la commission Communication a consisté à créer des outils d'information et d'identité du conseil des jeunes : un journal (un huit pages format A5 en couleur), également mis en ligne sur le site du conseil général, un logo, une mascotte, une adresse mail. De très nombreuses réalisations se traduisent d'ailleurs par des campagnes d'affichage qui sont autant d'actions de sensibilisation sur les décharges sauvages, l'utilisation abusive de sacs plastiques dans les supermarchés, les dégradations de matériel dans les collèges et les véhicules de transport scolaire. La commission Animations organise des rencontres à la fois ludiques et sportives sanctionnées par des prix (rallye VTT, karting, course d'orientation...). Les collégiens élus ont aussi l'occasion d'effectuer des visites dans les institutions de leur département : les archives départementales, le musée ethnologique de Salagon, ou encore le service départemental d'incendie et de secours de Digne-les-Bains qui a été l'occasion de bénéficier d'une journée d'initiation aux premiers secours. Enfin, on peut saluer la réalisation d'un film vidéo sur le racket, en partenariat avec l'association Vidéosol (qui milite pour une télévision de proximité), film qui a été reconnu par l'Education nationale comme outil pédagogique au service des collèges.

Un budget entièrement autofinancé par le département... au risque d'être sacrifié dans les années à venir ?

Pour leur permettre de participer de manière égale aux commissions, le transport des enfants est assuré par le conseil général. Le département est peu étendu mais il se situe en zone de montagne et le transport a donc un certain coût. Le budget total du conseil général des jeunes a représenté, pour la mandature 2005-2007, 32.000 euros pour le transport et 2.100 euros pour les goûters et repas des enfants lors des commissions et des plénières, plus 30.500 euros pour les actions réalisées par le conseil. Ce budget relativement élevé pour une initiative qui pourtant est loin d'être exceptionnelle en France inquiète Jean-Yves Roux, qui se demande comment la pérenniser. Les charges croissantes qui incombent aux départements dans le cadre des transferts de compétences liés à la décentralisation pourraient avoir raison de cet apprentissage enfantin de la démocratie.

 

 (1) Répartition des sièges :
- commission Environnement-sports et loisirs: 6 collèges, 18 élus, dont 7 garçons et 11 filles ;
- commission Communication : 4 collèges, 15 élus, dont 8 garçons et 7 filles ;
- commission Cadre de vie des collégiens : 5 collèges, 16 élus, dont 10 garçons et 6 filles ;
- commission Solidarité : 4 collèges, 14 élus, dont 9 garçons et 5 filles.

Conseil général des Alpes-de-Haute-Provence

13, rue du Docteur Romieu- BP 216
04003 Digne-les-Bains

Frédéric Fraisse

Chef du service jeunesse et sports

Jean-Yves Roux

Vice-président, délégué jeunesse et sports

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