Un emploi salarié de province sur cinq dépend d’un centre de décision francilien
Quelle est l’influence réelle de la région Île-de-France sur les régions de province en matière d’emploi ? Voilà la question à laquelle répond une étude de l’Insee qui tente de caractériser ce phénomène bien réel mais dont l’intensité varie selon les régions.

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"L’Île-de-France joue un rôle majeur dans l’économie de toute la France." Jusque-là, rien de très surprenant. Sa contribution au PIB national (30%) en atteste, tout autant que le nombre élevé de centres de décisions d’entreprises ayant des établissements un peu partout en France. Fort de ce constat, l’Insee s’est penché sur les liens entre ces centres de décisions et les emplois dans les territoires et a constaté qu’en 2022, 5 millions d’emplois dépendaient d’entreprises situées en Île-de-France. Parmi ces emplois, 2,3 millions ne sont pas localisés en Ile-de-France, ce qui représente un "taux de contrôle" de 44,7%, le plus élevé de toutes les régions françaises. L’Insee souligne à ce titre que ce taux est même deux fois supérieur à celui calculé pour les emplois dont les centres de décisions sont situés en Bretagne (24,1%), dans les Hauts-de-France (23,6%) ou encore en région Paca (22,8%). Trois régions également considérées comme des locomotives économiques hexagonales.
Ces 2,3 millions d'emplois non localisés en Île-de-France représentent par ailleurs 21% des 10,8 millions d’emplois salariés dans les entreprises de toutes les régions de province. En clair, un emploi salarié de province sur cinq dépend d’un centre de décision francilien, résume l'Insee.
Un taux de dépendance qui varie en fonction de l’éloignement géographique vis-à-vis de la capitale
Au total, 60% de ces 2,3 millions d’emplois de province dépendant d’un centre de décisions francilien sont concentrés dans cinq régions : Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Hauts-de-France ou encore Paca. Dans le détail, en Auvergne-Rhône-Alpes, ce sont près de 400.000 emplois salariés régionaux qui dépendent de centres de décisions franciliens. La moyenne des quatre autres régions citées oscillant entre 210.000 et 250.000 emplois. A contrario, les régions les moins "dépendantes" en volume d’emploi sont le Centre-Val de Loire (133.000 emplois), la Bourgogne-Franche-Comté (moins de 100.000) et la Corse (7.000). D’une manière générale, le taux de dépendance varie selon les régions le plus souvent en lien avec l’éloignement géographique vis-à-vis de la capitale : il est par exemple beaucoup plus élevé pour les régions du Bassin parisien telles que la région Centre-Val de Loire (28%) ou la Normandie (25%). À l’inverse, il ne dépasse pas 13% pour les territoires des Antilles et 11% pour la Réunion. Seule exception qui confirme la règle, la Guyane affiche un taux d’emplois dépendants de la région francilienne de l’ordre de 18%, fortement porté par l’industrie du spatial.
Quels sont, dans ces conditions, les emplois les plus impactés par ce phénomène ? Sur 2,3 millions d’emplois concernés, un tiers relève des activités du commerce, du transport et de l’entreposage ou encore de l’hébergement-restauration. L’Île-de-France abrite également de nombreux sièges sociaux de grandes banques, d’entreprises du numérique ou encore de cabinets d’audit, souligne l’Insee. Quant à l’industrie, 28% des emplois localisés en province dépendent de la région capitale, alors même qu’en Île-de-France, l’industrie ne contribue qu’à 10% des emplois salariés. Les acteurs de l’énergie représentent 8,4% de l’ensemble de ces emplois "dépendants", un chiffre proche de celui du secteur de la construction (8,7%) dont beaucoup de centres de décisions sont localisés en Île-de-France.