Un EPCC pour administrer le site du pont du Gard visité chaque année par un million de personnes

Après deux décennies de fréquentation assidue et de gestion anarchique qui mettent en péril le site, le conseil général du Gard et les trois communes riveraines du pont du Gard ont décidé de repenser l'aménagement des lieux. L'objectif était de canaliser l'afflux de visiteurs et de valoriser un patrimoine naturel et historique qui est aussi l'image du département. L'outil de gestion choisi est un EPCC qui permet la présence de l'Etat et un apport financier des collectivités. Le pont du Gard a reçu le label Grand Site de France du ministère de l'Ecologie et du Développement durable qui vient couronner la réhabilitation et la gestion du site.

En 1985, le site du pont du Gard est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco et l'on redécouvre grâce aux premiers travaux scientifiques l'histoire de cet ouvrage. De renommée internationale, il reçoit chaque année un million deux cent mille visiteurs. Mais la création d'équipements routiers et l'installation anarchique de commerces font peser sur le monument et les espaces naturels qui l'environnent la menace d'une dégradation rapide. En 1994, à la faveur d'un changement de majorité, le conseil général du Gard décide de revoir complètement l'aménagement du site. Il en délègue la gestion par une concession de 50 ans à la chambre de commerce et d'industrie, mais celle-ci renonce au bout de trois ans. Il faut donc repartir de zéro et trouver un nouvel outil de gestion susceptible de protéger le site et de porter un projet culturel.^

 

Un haut lieu de l'histoire antique

Le pont du Gard est l'un des principaux ouvrages de l'aqueduc de 50 kilomètres de long construit par Rome au 1er siècle après J.-C. pour apporter l'eau dans la cité de Nîmes. Remarquablement conservé, s'élevant à 49 mètres au-dessus du Gardon, c'est le plus haut pont-aqueduc construit par la civilisation romaine existant à ce jour. Il surplombe un site naturel de 165 hectares occupé depuis la préhistoire et constitué de garrigues et de petites parcelles de cultures méditerranéennes partiellement abandonnées. Lorsque le site commence à être reconnu aux niveaux national (il est classé en 1973) et international, les trois communes riveraines du site - Remoulins, Vers-Pont-du-Gard et Castillon-du-Gard - forment un syndicat mixte avec le conseil général du Gard.
Après la défection de la chambre de commerce et d'industrie en 2002, les élus écartent l'idée de créer une société d'économie mixte, préférant un mode de gestion publique. La loi du 4 janvier 2002 relative à la création des établissements publics de coopération culturelle (EPCC) vient à point nommé offrir un outil de gestion que les élus considèrent comme particulièrement approprié. "L'EPCC présente deux avantages incontestables : la représentation directe de l'Etat au sein du conseil d'administration, ce qui facilite le contrôle de légalité, et la possibilité pour les collectivités locales d'apporter leur contribution financière", remarque William Dumas, vice-président du conseil général et actuel président de l'établissement public.

 

Un établissement public à caractère industriel et commercial

Les élus du syndicat mixte décident que le nouvel établissement sera à caractère industriel et commercial (1) : cette option correspond à leur volonté de créer de nouvelles structures d'accueil confortables pour le public et de valoriser le patrimoine sans trop creuser le déficit. Le directeur de l'EPCC est recruté parmi une centaine de candidats non seulement pour sa connaissance du site mais aussi parce qu'il propose un véritable projet d'animation culturelle et scientifique autour du pont du Gard. Le conseil d'administration comprend 25 membres, dont 8 représentants du conseil général du Gard, 4 représentants de la région Languedoc-Roussillon, 3 représentants de l'Etat (préfecture, Drac, Diren), 5 personnes qualifiées dont le président du syndicat des Gorges du Gardon, 2 représentants du personnel et les 3 maires des communes riveraines. Outre l'équipe qui, autour du directeur, est force de proposition, il existe un conseil scientifique et culturel (chercheurs du CNRS, conservateur du musée...) et trois commissions thématiques : agriculture-environnement, développement touristique et promotion. Chacun des trois maires riverains du site préside une commission.
L'EPCC anime de nombreuses activités autour du site : un musée de 2.500 m2 sur l'histoire du pont du Gard et de l'aqueduc romain de Nîmes, un espace de découvertes et de jeux autour de la civilisation gallo-romaine pour le jeune public, un parcours de plein air dans la garrigue qui permet d'admirer et de comprendre le paysage typiquement méditerranéen, la diffusion d'un film sur écran géant. Il organise aussi un certain nombre d'événements au fil des saisons : "Garrigue en fête", "Rendez-vous à la rivière", "L'aventure de l'eau", ainsi que des expositions et des conférences.

 

Un budget annuel de 10 millions d'euros financé pour moitié par les recettes

D'un montant de 10 millions d'euros par an, le budget est alimenté pour moitié par les recettes (deux restaurants, trois boutiques, deux parkings, location d'espaces, billeterie), le reste étant financé par le département et la région. La gestion des deux restaurants, l'un de restauration rapide, l'autre plus traditionnel, a été confiée à une société anonyme à sociétaire unique (Sasu) qui est une filiale à 100% de l'établissement public. Avec 90 salariés hors saison et 110 en saison pleine, l'établissement a la taille d'une PME. La masse salariale représente ainsi la moitié de son budget. Mais le seul véritable inconvénient de l'EPCC, aux dires de son président, est que tous les achats, notamment les produits qui seront ensuite revendus dans les boutiques, passent obligatoirement par des marchés publics, ce qui ajoute de la lourdeur administrative.
Pour être en mesure de répondre aux reproches sur l'absence de rentabilité d'une telle structure, les élus ont commandé un audit financier qui a estimé à 134 millions d'euros les retombées financières annuelles directes (parking, produits du terroir ou souvenirs achetés dans les boutiques, restauration...) et indirectes du site (notamment hébergement et restauration). Les élus ont choisi de pratiquer des prix accessibles au visiteur (la place de parking est à 5 euros pour la journée par voiture) et les animations sont la plupart gratuites pour permettre un accès populaire à ce site labellisé parmi l'un des premiers Grands sites de France en 2004 et reconduit sur la liste de l'Unesco en 2005 (2).

 

(1) Il existe en effet pour les établissements publics deux options : établissement public administratif ou établissement public industriel et commercial.
(2) Le classement sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco est révisable tous les vingt ans.

 

 

Sylvie Malsan, pour les rubriques Expériences des sites Localtis et Mairie-conseils

EPCC

Route du Pont du Gard - BP 7
30210 Vers-Pont-du-Gard

William Dumas

Président

Bernard Pouverel

Directeur

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