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Développement durable - Un paysage agricole en voie d'uniformisation

Alors que la diversification des cultures dans l'agriculture française est l'un des principaux leviers mis en avant par une étude de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) pour répondre à l'objectif du Grenelle de l'environnement de réduire de 50% en dix ans l'usage des pesticides, un document que vient de publier le Commissariat général au développement durable montre plutôt une tendance à l'uniformisation des pratiques agricoles. La diversification doit s'organiser dans l'espace et dans le temps sur la base de l'assolement et de la rotation des cultures et les indicateurs permettant de mesurer cette diversité sont notamment le nombre d’espèces cultivées, la répartition homogène ou la dominance relative des cultures à l’échelle de l’exploitation ou d’une petite région agricole, rappelle le document, qui résulte d'une étude lancée par le ministère de l'Ecologie. "La France se caractérise par une sole cultivée dominée par les céréales (59%), maïs compris, et les prairies temporaires (19%)", souligne-t-il. Un phénomène accentué à l'échelle régionale. Outre les régions Alsace et Aquitaine où la culture de maïs occupe une large part de la sole cultivée (respectivement 62% et 41%), la région méditerranéenne est principalement cultivée en blé dur (38%). Le Grand Ouest, lui, est caractérisé par le triptyque prairies temporaires, maïs et blé tendre – alors que les régions du Limousin et de l'Auvergne sont dominées par les prairies temporaires. Les trois régions spécialisées en cultures du bassin parisien présentent, à leur échelle une part plus importante de céréales à paille et tout particulièrement de blé tendre (36%) ainsi qu'une plus grande gamme de cultures de diversification. A l'échelle des exploitations agricoles, plus de la moitié d'entre elles possèdent un assolement constitué de moins de quatre cultures différentes. De plus, les exploitations présentant au moins quatre cultures sont largement dominées par deux ou trois cultures, note l'étude.
Près de 8.000 séquences de cultures différentes ont été reconstituées sur la période 2006-2009 en France. Mais si ces séquences apparaissent extrêmement diversifiées, l'analyse de leur poids relatif montre que seules 250 d'entre elles permettent de décrire plus de 50% de la sole cultivée française. "Les spécialisations régionales accentuent nettement ce phénomène d'uniformisation du paysage agricole puisque jusqu'à seulement 2-3 séquences de cultures suffisent à expliquer plus de la moitié de la sole cultivée de certaines régions, note l'étude, qui constate aussi que "la rotation blé tendre / orge / colza et le maïs en monoculture dominent largement".
Outre cet état des lieux, le document analyse les différents dispositifs qui, dans le cadre de la politique agricole commune (PAC), permettent d'accompagner la diversification des cultures. Si les outils du premier pilier de la PAC "se limitent à une approche spatiale et annuelle", estime-t-il," la dimension temporelle de la diversification des cultures est mieux intégrée dans le cadre du second pilier". Mais "d'autres instruments permettant la structuration et la pérennisation des filières de diversification seront à mobiliser. Ces dispositifs devront s'adapter aux spécificités régionales qui nécessitent une approche plus fine pour mieux dimensionner l'appui à la diversification".

 

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