Un système d'information géographique nomade pour la gestion des arbres du Grand Lyon

Portables, PDA, TabletPC... les solutions mobiles gagnent le monde du travail. Quelques collectivités pionnières mettent en place des applications pour leurs techniciens. Le service Arbres et Paysages du Grand Lyon rend son système d'information géographique plus accessible à ses agents "debout".

Orientations de l'aménagement paysager, gestion des 70.000 arbres d'alignements, suivi des projets d'aménagement urbain, diagnostic arboricole, actions pédagogiques et informations de proximité... Pour mener à bien ses missions, le service Arbres et Paysages de la communauté urbaine de Lyon s'est doté, dès 1992, de l'application Dryade, développée sur le système d'information géographique (SIG) Apic et installée sur une seule station de travail. Le changement de plateforme SIG avec le choix, fin 1999, des technologies du fournisseur Esri, a induit la refonte des applications métier.
L'obsolescence des données gérées par l'ancienne application a conduit le service à engager un nouvel inventaire du patrimoine végétal entre 2004 et 2006. Cette remise à plat a été l'occasion, au Grand Lyon, de retenir une solution nomade. Le choix a également été d'associer plus étroitement les utilisateurs, à savoir, les techniciens du service Arbres et Paysages. "D'habitude, il y a un seul technicien dans le groupe projet. Cette fois, plusieurs agents ont exprimé leurs besoins et choisi le bon matériel nomade", explique Julien Veaux, chef de projet informatique. Trois objectifs ont été formulés dès le lancement en octobre 2003 : maintenir à jour la base de données issue du nouvel inventaire, améliorer la gestion du patrimoine arboré et faciliter la programmation et le suivi des travaux d'entretien ou des chantiers de plantation.

Trois solutions nomades testées sur le terrain

"Comme tout le monde, nous avons hésité entre les différentes solutions portables et avons donc testé PocketPC, TabletPC et ordinateur portable", précise le chef de projet. Le service Arbres et Paysages souhaitait que les fonctionnalités sur le poste nomade soient les mêmes que celles disponibles au bureau et que le terminal mobile puisse exécuter des applications bureautiques. Le matériel devait pouvoir être utilisé dans des conditions climatiques défavorables et résister aux chocs. Les utilisateurs attendaient du SIG l'accès à l'orthophotographie (*) ainsi qu'à de nombreuses données du fonds de plan communautaire. Pour l'analyse et les statistiques, l'application devait utiliser la complémentarité avec Word et Excel. Le fonctionnement envisagé et l'organisation du travail nomade ne nécessitaient pas de mode connecté. Par contre, l'application devait permettre de générer un replica, de le mettre à jour sur le terrain et d'intégrer les mises à jour sur le site central.
Après des tests sur le terrain du logiciel ArcPad et des trois types de matériel, sept TabletPC "durcis" (c'est-à-dire conçus pour résister dans de mauvaises conditions) et leurs licences ArcView ont été retenus. Le budget atteint 210.000 euros TTC, pour l'étude et la réalisation de l'application. S'y ajoute 5.000 euros HT par TabletPC avec sa licence. "C'est plus cher qu'un PocketPc avec ArcPad, mais plus simple du point de vue informatique puisqu'il n'y a qu'une seule application", précise Julien Veaux.

D'autres applications mobiles en perspective

"J'ai été le premier équipé ! Pour moi, cette solution a énormément d'avantages : c'est d'abord la fin de la double saisie sur le terrain puis au bureau. A partir de l'inventaire, la révolution, c'est aussi que tous les programmes de gestion des arbres sont liés au SIG : la taille, l'abattage, la plantation. Enfin, cet inventaire est régulièrement mis à jour et nous sommes toujours localisés", s'enthousiasme Jean-François Uliana, technicien responsable de secteur du service Arbres. En outre, les utilisateurs sont équipés de souris, écran, lecteur CD-ROM partagé pour utiliser les TabletPC comme poste de travail au bureau. "Auparavant, le SIG était accessible sur un poste unique. Il fallait remplir des tableaux sur le terrain puis attendre que le collègue ait fini pour mettre à jour !, ajoute le technicien. Cela va faire des émules, car toutes les directions ont regardé ce qui a été fait pour les arbres et le paysage." Cette première intéresse notamment le service de contrôle du réseau d'assainissement pour les visites régulières et la saisie sur le terrain de l'état des infrastructures. "L'application sera un peu moins géographique mais tous les choix déjà faits vont leur servir car ce sont véritablement les techniciens du terrain qui ont retenu la meilleure solution pour eux", insiste le chef de projet informatique. En prévision, se préparerait un projet d'informatique embarquée pour le suivi des camions du service propreté.
(*) Une orthophotographie est une photographie aérienne dont les déformations dues au relief et à la prise de vue sont redressées mathématiquement de sorte que chaque point soit superposable à une carte plane. L'image allie ainsi la précision géométrique de la carte à la richesse d'information de la photographie.

Luc Derriano / EVS Conseil pour Localtis

"Pour sa réussite, un SIG doit avoir un responsable de la mise à jour et de l'interface avec les utilisateurs"

Rony Gal est PDG d'Esri, une des trois grandes sociétés leader du marché des systèmes d'information géographique en France. Il trace le portrait d'un secteur informatique en plein essor en France.

Où en est le marché du SIG mobile dans les collectivités aujourd'hui ?

Je sens beaucoup d'intérêt sur ce sujet mais l'équipement réel n'en est encore qu'à ses balbutiements. Sallanches, Gaillac, Lyon ou Paris se sont équipés. Nous avons régulièrement des contacts avec de nouveaux clients sur ce sujet. Tout le monde teste mais encore peu de collectivités s'équipent. Beaucoup sont dans la prise de conscience des possibilités de la solution mobile. Nous en sommes, à mon sens, au tout début, mais c'est un début prometteur. Les usages devraient notamment se développer pour la gestion du patrimoine, la maintenance du mobilier urbain, des réseaux d'eau ou d'électricité, la gestion des arbres ou des travaux de voirie. Mais il manque encore des outils métiers simples dans certains secteurs. Nous cherchons toujours des partenaires pour développer des applications dans les domaines transports scolaires, gestion des travaux, services aux citoyens...

Plus généralement, où en est l'équipement SIG des collectivités ?

La plupart des petites villes en sont encore à la mise en place de leur SIG. Pour elles, c'est un système de consultation cartographique simple et efficace. Elles n'ont ni le temps, ni les moyens de mener des projets complexes. Leur problématique concerne la consultation du cadastre et la possibilité de faire des requêtes. Les plus avancées en sont au partage de bases de données multi-sites. Pour les collectivités de taille moyenne, les préoccupations vont au-delà de la question de l'urbanisme. Elles recherchent des solutions métiers pour la gestion des espaces verts, du mobilier urbain ou des réseaux municipaux, par exemple. Ce sont vraiment les grandes agglomérations qui changent l'échelle des besoins. Leurs préoccupations est la mutualisation des coûts : leur SIG est souvent multi-postes, multi-thématiques, multi-sites. Ce sont de véritables SIG d'entreprises avec une ouverture sur le web.

A votre avis, quels sont les freins au déploiement des SIG dans le secteur public ?

Les freins sont psychologiques, politiques et financiers. Pour qu'un projet SIG réussisse, il faut un responsable de la mise à jour des données et de l'interface avec les utilisateurs. Dans les collectivités, ce poste dédié existe rarement. Le SIG est souvent mis en place par le service de l'urbanisme. Il doit aussi réaliser les cartes pour le maire ou son service communication. Il faut, au préalable, que la collectivité se dote d'un service spécifique et transversal. En revanche, les avancées sur l'acquisition et le partage des données sont des facteurs favorables : une parcelle numérisée et labellisée par la Direction générale des impôts revient à 30 centimes d'euros, 10 fois moins cher qu'il y a quelques années. Les satellites offrent des données accessibles plus actualisées et presque aussi précises que les orthophotographies. Cependant reste encore un problème de partage des pouvoirs entre ce qui concerne les données, les unes dépendent de l'Etat, les autres des collectivités.

SIG nomade : une affaire de pionniers

Les SIG mobiles sont encore rares dans les collectivités. Voici quelques exemples d'usages qui commencent à émerger.

Depuis avril dernier, Sallanches (74) a acquis un pack comprenant un PocketPC, une licence ArcPad et un GPS, pour 4.000 euros TTC. Objectif : mise à jour et saisie des données du réseau d'eaux pluviales. Pour l'instant, la solution sert à actualiser la base de données adresses, notamment pour le recensement annuel de l'Insee.
A Nanterre (92), une solution équivalente a été mise en place, dès août 2004, pour le recensement des panneaux publicitaires et l'application de la réglementation sur trois secteurs géographiques distincts (zones de publicité restreinte).
En avril 2004, confrontée à des décalages entre les informations cadastrales concernant l'adressage et la réalité, Saint-Brieuc (22) a utilisé un SIG portable embarqué sur terminal léger pour recenser l'ensemble des pas de porte de la commune.
A Neuchâtel (Suisse), la société AFI (Agence française informatique) a développé des applications de SIG mobile, avec la société suisse Navis, dès octobre 2003 : gestion des ports de plaisance sur PDA, administration du golf, suivi des vignes (parcelles des différents cépages, enregistrement phytosanitaires), planification des cimetières (procédures d'abandon, nom du propriétaire, surface), déclenchement des interventions dans les logements sociaux...
Depuis début 2002, Le Kremlin-Bicêtre (94) a choisi un SIG mobile pour faire le recensement exhaustif des arbres de son territoire.
En mai 2001, Gaillac (81)a mis en place un SIG sur terminal mobile pour gérer son réseau d'éclairage public : saisie en temps réel sur le terrain des interventions du technicien sur 2.000 points lumineux.
Paris a équipé, début 2000, une trentaine d'agents de nettoyage d'assistants personnels pour localiser les graffitis sur les façades parisiennes, contrôler leur effacement et indiquer les nouvelles apparitions de tags. Aujourd'hui, la capitale a plus de 130 terminaux mobiles déployés pour la gestion des espaces verts et de la propreté.

Aller plus loin sur le web


La communauté urbaine de Lyon regroupe 55 communes. Elle compte 1.200.000 habitants, sur près de 50.000 hectares.
http://www.grandlyon.org
 
L'offre de SIG nomade de la société ESRI France.
http://www.esrifrance.fr/produit/signomade.asp
 
Sallanches va mettre à jour son réseau d'eaux pluviales sur SIG mobile.
http://www.ville-sallanches.fr
 
Le service "Droit des sols" de la direction de l'urbanisme de Nanterre gère ses panneaux publicitaires sur SIG mobile.
http://www.mairie-nanterre.fr
 
La cellule géomatique de Saint-Brieuc a mis à jour les pas de porte de la commune avec un terminal embarqué.
http://www.mairie-saint-brieuc.fr
 
La ville de Neuchâtel, en Suisse, dispose de plusieurs applications mobiles.
http://www.neuchatelville.ch
 
Le service des espaces verts du Kremlin-Bicêtre a recensé ses arbres.
http://www.ville-kremlin-bicetre.fr
 
Le technicien de Gaillac gère les points lumineux de la commune avec une application nomade.
http://www.ville-gaillac.fr
 
La capitale dispose de plus de 130 terminaux mobiles déployés pour la gestion des espaces verts et de la propreté.
http://www.paris.fr

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