Une alliance entre le parc naturel régional (PNR) de l'Avesnois et sept exploitants carriers

Dans le parc naturel de l'Avesnois, au sud-est de la région Nord-Pas-de Calais, se sont installées des industries qui ont un impact sur l'environnement. Les élus du parc ont commencé à travailler avec les carriers. Ils leur ont proposé une démarche de concertation pour maintenir ou étendre les sites en fonction des besoins. Tout en prenant des mesures importantes de protection de l'environnement. L'une des mesures phares porte sur la ressource en eau. Cette action collective se traduit par le développement des connaissances sur cette activité et des actions pédagogiques.

Dès la création du parc national régional (PNR) en 1998, les élus prennent contact avec les dirigeants des nombreuses carrières disséminées sur le territoire. L'industrie d'extraction du granulat, qu'ils souhaitent limiter, présente en effet des risques environnementaux liés aux rejets des eaux d'exhaure dans les cours d'eaux. Comme cette activité est strictement réglementée au niveau national, les services déconcentrés de l'Etat avaient considéré que le parc, par cette initiative, avait outrepassé ses compétences. C'est pourtant à l'échelle du parc que les premières solutions sont adoptées : "Le fait de rassembler les carriers autour d'une table a permis de sortir d'un cadre réglementaire qu'ils considèrent un peu trop strict pour leur proposer des mesures concrètes de protection des sites qui mettent aussi en valeur leur activité", explique David Moulin, chargé de mission du parc. En 2000, une convention de partenariat est signée entre le parc et sept carriers (parmi les huit installés sur le territoire) autour d'enjeux partagés. Les carriers ont besoin de reconnaissance, et le parc souhaite que cette activité perdure en raison de son fort impact économique et fiscal. Elle a pour objet de concilier "les créations et extensions de carrières sur le territoire" et "la préservation des zones d'intérêt écologique majeur référencées". Un comité technique de pilotage est formé avec un représentant de chaque entreprise signataire, du syndicat mixte du parc, de chaque commune concernée et des services de l'Etat partenaires (Drire, Diren).

Un programme de réduction des nuisances et d'intégration paysagère

Financé par six carriers, l'union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (Unicem)  et le ministère de l'Ecologie et du Développement durable, un premier état des lieux est réalisé sur les incidences économiques et fiscales de l'activité. Publié en 2005, le document de synthèse, L'Industrie des granulats. Contribution à l'économie locale, précise que les carriers installés dans le parc produisent 5,7 millions de tonnes de granulat en moyenne par an depuis 1994, ce qui répond aux besoins du nord de la France en bétons hydrauliques (béton de chantier et produits en béton pour le bâtiment, les routes, les canalisations...) et produits hydrocarburés (enrobés et bitumes pour les routes et les ouvrages d'art). Localement l'impact de cette activité sur les emplois directs (300) et indirects (470 emplois pour l'équipement, l'entretien et la réparation, le transport du granulat...) est important et représente, au titre de la fiscalité directe (taxe professionnelle et taxes foncières), 4.650 euros par salarié. Un complément d'enquête décrit les mesures prises sur chaque site pour l'intégrer dans le paysage bocager, réduire les nuisances (déchets, bruit et vibrations, poussières) et protéger les ressources en eau.

Des eaux d'exhaure au raccordement à l'eau potable

La destination de l'eau d'exhaure est une préoccupation majeure. En 2001-2002, toujours sous l'impulsion du partenariat entre le parc et les carriers, une première étude pré-opérationnelle, financée à 70 % par l'Agence de l'eau (le Feder et les carriers apportant le complément) a établi un tout premier bilan Ce qui représente, après décantation et / ou traitement, en moyenne 12,2 millions de m3 par an, rendus au milieu naturel par rejet dans les cours d'eau. Peut-on exploiter l'eau d'exhaure sans porter préjudice aux cours d'eau puis la traiter de manière à la raccorder en partie aux installations d'eau potable ? L'Agence de l'eau, les carriers et la régie de distribution Siden-France financent deux nouvelles études sur ces aspects. L'étude pour la faisabilité technique d'un raccordement à l'eau potable est en cours. "Aujourd'hui, dit David Moulin, les dirigeants des carrières reconnaissent l'intérêt de cette action collective". Par exemple, la société comptoirs des calcaires et matériaux (CCM) s'est impliquée davantage en signant en 2005 une nouvelle convention avec le parc. Elle s'engage dans ce cadre à mettre au point et faire valider par une certification ISO 14001 un "système de management environnemental", le rôle du parc étant de l'accompagner dans cette démarche.

Un début d'organisation de visites de découvertes des sites carriers

L'un des volets de la convention PNR / CCM porte sur des animations pédagogiques visant à faire connaître auprès des scolaires installés à proximité des sites, cette activité qui appartient à leur environnement et occupe une place de premier ordre dans l'économie locale. Plusieurs carriers et l'Agence de l'eau ont financé un document pédagogique et ludique sur L'Eau et les Carrières en Avesnois, conçu au niveau du parc. Les visites des élèves ont été interrompues, mais d'autres actions de découverte du site (intérêt géologique d'une carrière...) seront proposées aux universitaires dans le cadre d'un accueil touristique. Le parc doit permettre à l'entreprise de prendre les mesures de sécurité nécessaires à l'accueil du public. Un module de sensibilisation de la centaine de salariés de l'entreprise du territoire (où vivent les trois quarts d'entre eux) est en préparation.
Fort de cette expérience de plusieurs années avec les carriers, le parc envisage d'appliquer la même démarche aux autres industries. Dans cet objectif, le numéro 17 de la Gazette du Bocage (lettre d'information du parc de février 2005) a été consacré entièrement au sujet "industries et environnement" sur le territoire.

 

Glossaire

Le granulat sert à la construction des ouvrages du bâtiment et des travaux publics (bâtiments, routes, canalisations, ouvrages d'art) dans lesquels il est utilisé sous sa forme naturelle (sable, gravillons...) ou après transformation (bétons de ciment, bétons bitumeux...).
L'eau d'exhaure est une eau de ruissellement, d'infiltration ou souterraine qui apparaît sur le front carrier lorsque l'entreprise creuse le sol (de 70 à 100 mètres) pour extraire la roche calcaire.

Parc naturel régional de l'Avesnois

Nombre d'habitants :

141802

Nombre de communes :

131
Maison du Parc - Grange Dîmière - 4 cour de l'Abbaye -B.P. 11203
59550 Maroilles
contact@parc-naturel-avesnois.fr

Paul Raoult

Président

David Moulin

Chargé de mission principal

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