Une charte des manifestations sportives pour protéger le Grand Site Sainte Victoire (13)

Pour maîtriser le nombre croissant de manifestations sportives de pleine nature sur le Grand Site Sainte Victoire, les élus locaux ont voulu un "garde fou" qui le protège sans compromettre son dynamisme. Une double exigence aujourd'hui satisfaite par une charte, dont l‘élaboration a été pilotée par le syndicat mixte départemental des massifs Concors Sainte Victoire.

Très appréciées, les compétitions sportives de pleine nature ne sont cependant pas sans incidences sur le Grand Site Sainte Victoire qui déploie 350 km² de nature aussi exceptionnelle que fragile. S’ajoutant au million de visiteurs par an, ces évènements - une trentaine par an, dont certains atteignent parfois jusqu'à quelques centaines de compétiteurs - génèrent des impacts importants, même si certains sont difficilement mesurables : érosion des sols, dérangement des espèces, perturbation de l'identité territoriale et de la vie locale...
Depuis 2005, syndicat mixte départemental, communes, communauté du pays d'Aix (14 communes 177.000 habitants), conseil général, associations, fédérations sportives, structures organisatrices ont signé une charte des manifestations sportives qui "encourage un comportement écocitoyen global". Coup de projecteur sur cette démarche qui a su trouver, au fil du temps et grâce à la concertation, le bon équilibre entre animation et protection, sans interdire tout évènement de ce type.

Une réflexion partagée sur la question des impacts

"La question de l'impact sur le milieu est un sujet difficile et rarement traitée. Il existe beaucoup de documents sur les principes généraux, mais nous ne trouvions pas d’outils capables de répondre aux questions du terrain. Nous ne pouvions pas en faire l'impasse si nous voulions établir des règles efficaces et adaptées à la spécificité du Grand Site. Afin de trancher les questions délicates, nous nous sommes situés entre le principe de précaution et le raisonnable", aime à rappeler Philippe Maigne, directeur du Grand Site. En 2005, la charte n'était qu'un document d'orientation, conçu par le syndicat mixte pour donner son avis sur chaque autorisation de manifestation. Les fédérations sportives et autres structures concernées avaient été insuffisamment associées à son élaboration, indique le directeur du Grand site. Conséquence : efficace pour instruire les dossiers, cette première mouture de la charte maintenait les organisateurs d’évènements sportifs dans une situation de passivité, peu propice au développement de "pratiques durables". Tirant les leçons de ce constat, le syndicat mixte convie, trois ans après, toutes les structures organisatrices, petites et locales incluses, à s’impliquer dans un mode de production collectif. Beaucoup répondent à l'appel. Comité de pilotage et groupes de travail s’attellent à la tâche pendant 18 mois : la charte est signée le 25 novembre 2009 par 33 structures (16 collectivités et 17 associations) rejointes depuis par 3 associations. Il est notamment décidé que les parcours sportifs évitent les zones vulnérables en privilégiant les sentiers balisés. Par ailleurs, les évènements sont répartis dans le temps selon un calendrier des "périodes sensibles", les nouveaux projets sont soumis à un quota défini à 35 manifestations annuelles, et les manifestations qui se déroulent en espace naturel doivent respecter le seuil de 350 compétiteurs au total. Pour conjuguer efficacité et souplesse, la charte a été composée d'une partie fixe énonçant les principes et d'un "guide de l'organisateur", une annexe technique susceptible d’être actualisée. C’est une première étape d’une démarche désormais très collective.

Coproduire oui ! mais pas seulement...

En janvier 2011, lors d'un comité de suivi, la charte suscite les critiques de quelques grandes organisations signataires qui craignent le désintérêt de leurs compétiteurs pour des itinéraires peu renouvelables, et celui de leurs sponsors insatisfaits du nombre maximal de participants. La discussion avec le syndicat mixte du Grand Site aboutit à un compromis : le seuil de participants reste inchangé, mais le principe de jonctions hors sentiers balisés est élargi et le syndicat mixte offre un accompagnement pour construire les itinéraires des plus grandes manifestations avec les organisateurs. Du côté de ces derniers, des ajustements sont faits, des organisateurs acceptant de fractionner leur événement sportif important pour que le nombre de compétiteurs reste conforme à la charte...

Le directeur du Grand Site résume ainsi les clés de réussite de ce type de démarche : "tenir compte de la spécificité du lieu, collaborer avec les parties prenantes et se donner du temps". Car le temps, ici, constitue l'essentiel du budget.

Myriam Journet / Agence Traverse pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info
 

Composition du syndicat mixte départemental des massifs Concors - Sainte Victoire : région Provence-Alpes-Côte d’Azur, département des Bouches-du-Rhône, la communauté du Pays d’Aix comprenant 14 communes.
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Syndicat mixte départemental des massifs Concors - Sainte Victoire

Nombre d'habitants :

177000

Nombre de communes :

14
Immeuble Le Derby - 570, avenue du Club Hippique
13090 Aix-en-Provence
contact@grandsitesaintevictoire.com

André Guinde

Président

Philippe Maigne

Directeur

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