Une commune dynamise sa filière maraîchère en créant une couveuse agricole (50)

Depuis 2012, Biopousses, situé à Lingreville sur le littoral du Cotentin, a permis à une dizaine d’agriculteurs de tester leur projet agricole. Cette structure associative initiée par la commune vise à enrayer le déclin de l’activité maraîchère du territoire.

L’activité maraîchère est en déclin depuis le début des années 2000 sur la commune de Lingreville (Manche, 950 habitants). "Nous avons des sols fertiles, ainsi qu’un réseau d’irrigation collectif sous la forme d’une coopérative d’utilisation de matériel agricole (Cuma), il nous manquait les hommes, résume le maire, Jean-Benoît Rault. Nous cherchions les moyens de faire venir des jeunes motivés par la filière du maraîchage." D’où l’idée de contacter le lycée agricole de Coutances situé à 15 km de Lingreville. Le projet de couveuse agricole bio est né de cette rencontre.

Commune et centre de formation du lycée agricole croisent leurs besoins

Alors que très peu de jeunes du lycée et du CFA choisissent les filières légumières, le centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) du lycée agricole de Coutances propose une formation accélérée pour adultes en reconversion. Les stagiaires peuvent y obtenir en un an le brevet professionnel responsable d'exploitation agricole (BPREA) en maraîchage bio. La plupart sont très motivés, mais dotés de peu d’expérience agricole, ils ont besoin de se confronter à la réalité. La couveuse répond à ce besoin : son principe étant de mettre les "couvés" dans une position de chef d’entreprise pendant une période d’un à trois ans, tout en leur permettant de conserver leur statut social antérieur (voir en fin de texte).

Pour la commune restait un défi à relever : "Il fallait que notre commune puisse proposer des terres adaptées au bio", explique le maire.

Une municipalité convaincue qui s’investit

L’équipe municipale, s’est mobilisée afin d’être en mesure de proposer des terres maraîchères. "Pour la commune, l’intérêt de l’agriculture biologique est qu’elle permet de faire progresser la protection de l’environnement, notamment en matière de qualité de l’eau. L’intérêt de ces pratiques douces est également qu’elles protègent l’activité des exploitations de conchyliculture (huîtres, moules, palourdes) et répondent aux demande de l’agence de l’eau."

La commune a d’abord mis en relation Biopousses avec différents propriétaires pour la location des terres disponibles.

L’apparition probable de nouveaux producteurs de légumes sur le territoire a suscité des inquiétudes chez des maraichers traditionnels. Ce qui explique en partie que les réticences de la population vis-à-vis de l’agriculture biologique. Pour y remédier, la commune organise depuis deux ans de nombreux échanges professionnels entre l’association Biopousses, les "stagiaires en couvée" et les autres exploitants, sous l’égide de la chambre d’agriculture. Et surtout les élus ont agi de façon à désamorcer ces inquiétudes.

Trouver des débouchés sans concurrencer les agriculteurs déjà installés

Dès le lancement du projet, les élus ont expliqué que Biopousses ne concurrencerait pas les maraîchers déjà installés, ni les associations pour le maintien d'une agriculture paysanne (Amap) locales. La couveuse a donc démarché une quinzaine d'établissements de restauration collective, en particulier les collèges et les lycées ainsi que le foyer des jeunes travailleurs de Coutances.

Des journées de formation des cuisiniers animées par la couveuse Bipousses ont été mises en place. A Lingreville, la cantinière de l’école de la commune est en relation directe avec les maraîchers de Biopousses pour réaliser ses 70 repas par jour. Enfin, dans le cadre des nouveaux rythmes scolaires, les stagiaires de Biopousses initient les enfants à la culture des légumes.

5 ha de terre et jusqu’à 5 porteurs de projets par an

La couveuse Biopousses dispose aujourd’hui de 5 ha de terre, de tunnels, d’un réseau d’irrigation ainsi que du matériel que se partagent les couvés. Biopousses accueille jusqu’à cinq porteurs de projets par an.

Depuis 2012, 8 futurs maraîchers biologiques ont testé leur projet, 2 ont changé d’orientation, 6 se sont installés, 4 sur le bassin de Lingreville, un dans le Sud Manche et un en Seine Maritime. Deux nouveaux porteurs de projet viennent d’intégrer la couveuse et d’autres devraient arriver à l’automne 2016.

"En contribuant à la création de Biopousses, la commune a tiré le meilleur parti de son territoire et de sa tradition maraîchère", se félicite le maire.

La couveuse agricole, comment ça fonctionne ?

La couveuse ou espace test agricole est une association qui accompagne des porteurs de projets d’entreprises agricoles en mettant à leur disposition des terres durant une période déterminée. Les candidats doivent être diplômés, avoir un statut de demandeur d’emploi ou de bénéficiaire des minima sociaux pour prétendre au contrat d’appui au projet d’entreprise (Cape). Le Cape leur garantit le maintien de leurs droits et de leurs revenus sociaux. Ils viennent apprendre à exploiter pour une durée d’un à trois ans.

Cécile Perrin pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info

Commune de Lingreville

Nombre d'habitants :

950
6 Place du Marché, BP 1
50660 Lingreville
mairie-lingreville@wanadoo.fr

Jean-Benoît Rault

Maire

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