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Environnement - Une enquête publique démarre sur le premier cas de démantèlement d'une centrale nucléaire en France

Une enquête publique relative au démantèlement de la centrale nucléaire de Brennilis (Finistère) vient d'être ouverte. Accessible aux habitants des quinze communes avoisinant la centrale, elle s'achèvera le 27 novembre prochain. Elle précède la décision de remise en route ou non de ce chantier et fait suite à la demande de redémarrage faite par l'exploitant EDF, qui a été jugée recevable par la mission de sûreté nucléaire radioprotection (MSNR) du ministère de l'Ecologie. En juin 2007, le réseau Sortir du nucléaire avait obtenu du Conseil d'Etat l'annulation ("pour défaut d'information du public") du décret de démantèlement complet de cette centrale, vestige d'une ancienne filière à eau lourde dont l'exploitation s'est arrêtée en 1985. Le chantier fut alors suspendu mais les déchets conditionnés avant la mise à l'arrêt du chantier continuèrent d'être évacués en 2008 et 2009.
Pour l'exploitant EDF, l'enjeu est de taille : il en va de sa crédibilité à maîtriser la fin du cycle de vie de ses centrales. Premier cas de démantèlement d'un réacteur nucléaire en France, le site sert en quelque sorte de "laboratoire" et de modèle au niveau national pour les autres centrales également arrêtées. Un modèle qui a du plomb dans l'aile. Dès le début du démantèlement en 1985, le Commissariat à l'énergie atomique et EDF (seul maître à bord depuis 2000) avaient promis un chantier exemplaire. Mais force est de constater qu'ils ont longtemps pêché par manque de transparence. Et l'Etat aussi puisque c'est sous son contrôle qu'a été créé un observatoire dédié qui n'a longtemps eu ni statut ni site internet. Depuis des efforts ont été faits. L'observatoire en question a notamment pris la forme d'une Commission locale d'information (CLI) hébergée par le conseil général du Finistère et dirigée par son actuel président, Pierre Maille. Suite à l'enquête publique, cette structure majoritairement composée d'élus donnera son avis sur le redémarrage ou non du chantier. Le préfet transférera l'avis du commissaire enquêteur au ministre compétent et seul un décret tranchera, d'ici le second semestre 2010.
Ce décret statuera sur le passage ou non au niveau 3 de démantèlement. Cette étape cruciale consiste à déconstruire les échangeurs de chaleur, sorte de cigares géants représentant 1.300 tonnes de déchets, et le bloc réacteur contenant les déchets les plus radioactifs. Pour ces déchets d'activité radiologique à vie longue, deux exutoires possibles : le laboratoire souterrain de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) à Bure (Meuse) ou l'Installation de conditionnement et d'entrepose de déchets activés (Iceda) qu'EDF construit sur le site du Bugey (Ain). Sur ces conditions de stockage, les associations de défense de l'environnement réclament des précisions. Selon Delphine Bernard, membre des Verts et conseillère municipale de la ville de Lannion, les coûts de démantèlement sont sous-évalués car "le coût des deux premières phases de démantèlement de Brennilis a déjà consommé un demi-milliard d'euros, soit le quart du budget prévu pour le démantèlement de neuf centrales françaises". En ce sens, Les Verts Bretagne demandent qu'un nouveau dossier de présentation soit élaboré et qu'il intègre une évaluation chiffrée des risques nucléaires de contamination ou d'irradiation et un phasage des opérations de démantèlement. Ils soutiennent également la demande de saisie de la Commission nationale du débat public (CNDP).
 

Morgan Boëdec / Victoires-Editions
 

 

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