Environnement - Une filière de soja non-OGM prend racine en Poitou-Charentes
"Depuis 2004, la région souhaite développer une agriculture sans OGM. Nous intervenons par des aides incitatives aux éleveurs. Nous favorisons également l’étiquetage des produits non-OGM et les circuits courts", expose Yves Debien, vice-président à la région Poitou-Charentes. Dans cette logique, la région soutient le projet porté par la société coopérative Sèvre et Belle. Cette coopérative laitière et céréalière est située dans les Deux-Sèvres et produit notamment du beurre AOC Poitou-Charentes et du fromage de chèvre réputés. Depuis 1997, elle a imposé un cahier des charges aux éleveurs pour avoir du soja sans OGM. "Nous importons 30.000 tonnes par an en provenance du Brésil. Mais au fil du temps, le surcoût est devenu prohibitif : de 70 à 100 euros de plus par tonne pour un coût de 350 euros la tonne. De plus, la traçabilité est plus difficile à suivre qu’en circuit court. Nous avons donc pensé lancer notre propre production de soja non-OGM", explique Médéric Brunet, directeur de la coopérative et président d’Alliance Atlantique agro, l’union des coopératives agricoles du Grand Ouest. A ce jour, trois autres partenaires sont dans l’aventure : Alicoop (Deux-Sèvres), spécialiste de l’alimentation animale, et deux coopératives d’agriculteurs, Corea Poitou-Charentes (Vienne) et Charentes Alliance (Charente).
15.000 hectares pour 2016
Objectif : cultiver 15.000 ha d’ici trois ans avec un investissement de 50.000 euros par an. Pour cette première expérience française, la région Poitou-Charentes a accordé une aide de 30.000 euros pour la première année. "Nous avons acheté nos semences en février dernier. Quatre de nos éleveurs sur nos 600 adhérents ont semé du soja en avril sur environ 20 ha. Les deux autres coopératives ont fait la même chose ; nous avons donc 60 ha de soja au total pour cette première année", précise le directeur. La récolte est prévue pour la fin septembre. La trituration se fera à titre expérimental dans la Vienne, dans une usine qui travaille déjà le colza. Les tourteaux (160 tonnes prévues) retourneront chez Alicoop et les éleveurs. Cette expérimentation doit permettre de vérifier la pertinence de la culture de soja. "La région nous soutient en particulier sur la partie recherche développement : quantité de teneur en huile du tourteau et qualité, extraction de l’huile et fabrication du tourteau, rentabilité économique, etc. Le projet a également été accueilli favorablement par le ministère de l’agriculture", se réjouit le directeur. Une demande d’aides pour l’expérimentation est en cours, avec l’appui des services techniques de la région Poitou-Charentes.
Le soja est une culture intéressante car elle répond à la demande sociétale et environnementale d’utiliser moins de produits phytosanitaires d’une part (la plante capte l’azote) et moins d’eau d’autre part (deux fois moins que le maïs).