Une nouvelle carte nationale de "sensibilité au danger prévisible de feux de forêt et de végétation"

Le ministère de la Transition écologique a élaboré une nouvelle carte nationale de "sensibilité au danger prévisible de feux de forêt et de végétation" qui reflète la probabilité que le territoire soit touché par un feu de plus de 20 hectares. Dans une circulaire datée du 26 juillet, Christophe Béchu demande aux préfets de mettre ce nouvel outil à la disposition des élus compétents en matière d'urbanisme pour que le risque d'incendie de forêt soit mieux intégré aux décisions dans ce domaine.

Promise par Emmanuel Macron lors de sa présentation fin octobre dernier de la stratégie de lutte contre les feux de forêt, la carte nationale de "sensibilité au danger prévisible de feux de forêt et de végétation" a été dévoilée par le ministère de la Transition écologique ce 28 juillet.  Ce nouvel outil entend aussi répondre à la récente loi visant à renforcer la prévention et la lutte contre l'intensification et l'extension du risque incendie dont l'article 26 dispose que l'Etat élabore une carte, mise à la disposition du public, et révisée au moins tous les cinq ans "analysant la sensibilité du territoire européen de la France [Hexagone et Corse] au danger prévisible de feux de forêt et de végétation".

Elaborée à partir d'une méthode mathématique et probabiliste et d'un dispositif d'intelligence artificielle, la carte intègre les informations d'images satellitaires décrivant le type et l'état de la végétation, l'occupation des sols par des équipements susceptibles d'être à l'origine d'un feu (infrastructures de transport, lignes électriques aériennes, bâti), ainsi que des données décrivant le climat et le relief. Elle reflète la probabilité que le territoire soit touché par un feu de forêt ou de végétation de plus de 20 hectares. La sensibilité est représentée par un code couleur usuel à 5 niveaux, de très faible à très élevée. "Au-delà, il convient aussi de considérer que l'activité humaine est un déterminant fort du déclenchement des incendies", souligne le ministère.

Territoire représenté par mailles 

La saison des feux prise en compte s'étend du 1er mai au 31 octobre de chaque année, période où le risque est le plus élevé. Pour les besoins de la modélisation, le territoire est représenté par un ensemble de mailles carrées de 50 mètres de côté (soit au total environ 221 millions de mailles). Pour chacune d'entre elles, le modèle estime la corrélation statistique entre les feux observés et un ensemble de caractéristiques locales (occupation du sol, présence de végétation, topographie et conditions climatiques) pour évaluer la probabilité que le territoire soit touché par un feu d'au moins vingt hectares et en déduire les niveaux de sensibilité. Ainsi, une sensibilité faible signifie que pour des conditions climatiques et d'état de la végétation globalement équivalentes à celles observées ces dernières années, il est peu probable que la maille soit touchée par un feu de plus de 20 hectares. Au contraire, une sensibilité élevée signifie que pour des conditions comparables, la maille est exposée à un risque important.

Carte non opposable

Le ministère précise que "lorsqu'une commune ou un ensemble de communes est doté d'un plan de prévention des risques naturels prévisibles d'incendies de forêt (PPRIF) en vigueur, le règlement et la carte de zonage réglementaire du PPRIF prévalent sur la carte de sensibilité aux feux". En effet, à la différence d'un PPRIF, cette dernière ne produit pas d'effet juridique direct – elle n'est pas opposable et ne réglemente pas, par elle-même, l'utilisation des sols. En revanche, relève le ministère, "elle constitue une source d'information de référence qui, notamment en l'absence de cartographie de l'aléa, peut être utilisée par les autorités publiques, en particulier celles compétentes en matière d'urbanisme, pour estimer le risque associé aux feux de forêt". A noter aussi, la nouvelle carte nationale de sensibilité aux feux intègre les cartes de l'aléa prévisible de feux de forêt, rendues publiques et utilisées en urbanisme, que les services de l'Etat avaient produites pour quelques départements (Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Gard, Hérault, Jura, Bas-Rhin, Var et Vaucluse).

Connaissance à diffuser

Par une circulaire du 26 juillet, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a demandé aux préfets de mettre ces éléments cartographiques à la disposition des élus compétents en matière d’urbanisme, afin qu’ils adaptent leurs décisions d’urbanisme pour intégrer au mieux le risque d’incendie de végétation et de forêts. Il leur a également transmis des dispositions types à insérer dans les règlements d’urbanisme pour les aider et les accompagner dans ce travail.

"Cette connaissance nouvelle sera utile au développement de la culture du risque et à la bonne information de nos concitoyens, utile pour les maires, qui pourront ainsi adapter leur politique d’urbanisme, utile aussi pour les services de lutte, dont je salue l’engagement", a déclaré le ministre dans un communiqué.  "J’ai souhaité que dans les prochaines semaines les préfets puissent proposer un temps d’échange aux maires sur l’usage qui peut être fait de la carte en fonction de l’exposition, des enjeux et des spécificités de chaque territoire", a-t-il précisé.

 

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