À Valenton, retour sur dix ans de "zéro phyto" pour le parc de la Plage Bleue (94)

Dès 2007, le département du Val-de-Marne a proscrit les traitements chimiques dans l'espace public. Dix ans plus tard, alors que la loi Labbé interdit l'usage des produits phytosanitaires, beaucoup de chemin a été parcouru.

Implanté dans une ancienne sablière, le parc départemental de la Plage Bleue à Valenton (14.400 habitants) tire son nom du lac qui, au milieu des années 1960, attirait de nombreux baigneurs. En 1987, le conseil général du Val-de-Marne décide d'en faire un maillon de la trame verte régionale et crée un parc de 40 hectares.

Espace naturel sensible

Dès le départ, un travail est mené sur le circuit de l’eau, avec la plantation de saules et de végétaux bien adaptés à ce sol spécifique, plantes filtrantes type roseaux etc. Classé un peu plus tard "espace naturel sensible", la Plage Bleue devient la tête de pont des expérimentations en matière d'alternatives aux traitements chimiques.

Tâtonnements

Après avoir tenté d'obtenir un même résultat avec et sans produits chimiques, de désherber mécaniquement ou thermiquement, les services du département ont préféré changer de philosophie. La responsable Stratégie, méthode, évaluation de la direction des espaces verts et du paysage, Sandra Giffard s'en explique : "Les parcs anciens sont difficiles à gérer car ils n'ont pas été conçus dans une optique de développement durable. Les paysages et les mentalités évoluent, aujourd'hui certaines surfaces minérales sont ré-enherbées."

De l’ombre contre la renouée du Japon

Bien sûr, même si les espaces de nature ne sont aujourd’hui plus des jardins à la française dessinés au cordeau, il faut tout de même lutter contre les espèces invasives. Dans le parc de la Plage Bleue, il s'agit souvent de la renouée du Japon. Les jardiniers effectuent des tontes régulières avec ramassage si les taches de renouées sont très localisées afin de les épuiser, sinon ils coupent la plante au sécateur sous le premier nœud avant la floraison et plantent, très densément, de jeunes arbres pour faire de l’ombre à ces plantes qui ont besoin de soleil pour se développer. Ainsi "étouffées", elles périclitent.

Des mésanges contre les chenilles processionnaires

Il faut également lutter contre les insectes ravageurs. Les jardiniers devaient trouver comment contenir les chenilles processionnaires du pin sans utiliser de produits chimiques. C'est ainsi que furent installés des pièges sur le tronc des arbres et que la présence de mésanges, prédatrices naturelles des chenilles, fut favorisée grâce à l’installation de nichoirs.

Former les agents

Dès 2006, les agents des parcs et jardins du département du Val-de-Marne se sont initiés aux nouvelles pratiques induites pas le "zéro phyto". Avec la fédérations régionales de défense contre les organismes nuisibles (Fredon) Île-de-France, notamment, ils ont appris la gestion différenciée.  Ils ont également pu échanger avec leurs collègues sur leurs succès et leurs échecs. En effet la direction des espaces verts et du paysage organise une à deux fois par an des journées d'échanges qui sont très appréciées.

L'heure du bilan

En 2015, le département du Val-de-Marne a effectué un bilan du passage au "zéro phyto". Il en ressort que le temps consacré par les jardiniers au désherbage manuel et autres techniques alternatives (désherbage, thermique, mécanique, paillage) a doublé en 10 ans. Pour le parc de la Plage Bleue, cela représente 25% de l’activité de l’équipe. Pour autant, le coût d’entretien d’1 m2 est resté stable globalement grâce aux économies réalisées sur les produits chimiques et au changement de morphologie des parcs. Plus "naturels", ils sont aussi plus faciles à entretenir.

Aller plus loin…

La loi Labbé, qui s'impose depuis le 1er janvier 2017, interdit l'usage des produits phytosanitaires aux collectivités et établissements publics pour l’entretien des espaces verts, des forêts ou des promenades accessibles ou ouverts au public, excepté les cimetières, les golfs et pelouses sportives.
Le département a fait le choix d’appliquer le "zéro phyto" à l’ensemble des espaces verts et naturels départementaux, qu’ils soient ou non concernés par la loi Labbé.
De même, cette loi autorise encore certains produits dits "de biocontrôle", considérés comme moins nocifs pour la santé et l’environnement. Leur spécificité est liée à leur caractère naturel ou leur mode d’action reposant sur des mécanismes naturels. Sont également autorisés les produits utilisables en agriculture biologique et les substances à faible risque (liste européenne). La tentation est grande d'utiliser ces produits phytosanitaires... en augmentant les doses car ils sont moins "efficaces". Ils ne sont pourtant pas sans impact. Le département du Val-de-Marne a conscience du problème et, plutôt que de remplacer systématiquement un produit phytosanitaire chimique classique par un de ces produits autorisés, recherche toujours et teste toutes les alternatives existantes.

Conseil départemental du Val-de-Marne

Nombre d'habitants :

1800000

Nombre de communes :

47
Hôtel du département,21 avenue du Général-de-Gaulle
94054 Créteil Cedex

Bruno Helin

Vice-président chargé du Environnement, Espaces verts et naturels, Biodiversité, Protection contre les nuisances, Gestion des déchets, Aménagement numérique

Sandra Giffard

Responsable Stratégie, méthode, évaluation de la Direction des espaces verts et du paysage

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