Développement durable - Vers des villes éco-responsables
Premières responsables des atteintes à l'environnement, les villes sont aussi les principales porteuses de solutions pour le développement durable : tel est le message qu'ont voulu mettre en avant les experts internationaux réunis jusqu'au 2 septembre à Cergy-Pontoise, dans le cadre du Congrès européen "Développement durable et gouvernance des territoires" organisé par l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) et l'Essec (Institut des villes et des territoires). Lors de sa conférence, le 30 août, la sociologue Saskia Sassen, de l'université Columbia de New York, a souligné le pouvoir destructeur de l'urbanisation : avec seulement 2% de la superficie terrestre, les zones urbaines absorbent 75% des ressources de la planète. Une ville comme Londres, qui concentre 12% de la population britannique, a besoin de 20 millions d'hectares, soit l'équivalent de la surface productive de tout le Royaume-Uni. Mais si elles sont largement responsables de la hausse des émissions de gaz à effet de serre (+ 70% au cours des trente dernières années) et de l'augmentation de la consommation d'énergie (+ 62% de 1980 à 2030), les villes sont appelées à jouer un rôle déterminant dans la résorption des problèmes. "Elles concentrent les pouvoirs de décision économique et de nombreuses politiques nationales se déroulent aujourd'hui à l'échelle urbaine, a souligné Saskia Sassen. En termes de gouvernance des territoires, il faut prendre en compte ces interactions de plus en plus complexe entre le niveau local, national, voire mondial car la ville est aujourd'hui en mesure de traiter nombre de problèmes de manière différente."
Rebondissant sur cette analyse, la secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a vanté la démarche initiée par le Grenelle de l'environnement. "La stratégie nationale de développement durable qui a été menée ces dernières années est une démarche insuffisante car elle ne permet pas d'associer tous les acteurs, de cristalliser toutes les énergies. Or, dans une situation de crise, il faut mettre toutes les parties prenantes autour de la table. Le processus que l'on a initié a tendance à devenir autonome et certains acteurs qui ne s'étaient jamais parlé développent des contacts entre eux et recherchent une plate-forme de mesures communes à proposer à l'Etat." La secrétaire d'Etat s'est notamment félicité que les collectivités territoriales acceptent de discuter de la possibilité de moduler la DGF en fonction des actions de développement durable.
Anne Lenormand