Villenave d'Ornon (33) réhabilite sa piscine à l'identique... mais en HQE

Villenave d'Ornon, en Gironde, est la première commune de France à s'être jetée dans le grand bain de la démarche HQE dans le domaine des piscines. Premières impressions de la haute qualité environnementale appliquée aux établissements nautiques.

Construite en 1974, la piscine de Villenave d'Ornon était équipée d'un bassin olympique de 50 X 20 mètres, d'un bassin d'apprentissage et d'une pataugeoire. La structure porteuse de l'établissement était composée d'une charpente en bois de type lamellé-collé, à la fois en intérieur et en extérieur. Le traitement de l'air est alors réalisé à partir d'extracteurs d'air chaud, afin de déshumidifier l'air ambiant.
Quatorze ans à peine après l'ouverture, les premiers signes inquiétants de vétusté précoce apparaissent. Pire encore, la charpente est gagnée par la pourriture en raison de l'humidité du hall-bassin et de l'absence d'étanchéité de la toiture. Le rapport d'un bureau d'études conclut en 1988 qu'il est urgent d'intervenir. En 1992, alors qu'aucune action n'a été engagée, un des portiques de la charpente s'affaisse. L'établissement accueille alors du public, qu'il faut aussitôt évacuer. L'établissement nautique ferme.
En 1993, la ville investit plus de 600.000 euros (4 millions de francs ) pour effectuer les travaux sur la structure en lamellé-collé. Insuffisant. En 2000, la piscine ferme définitivement. La seule solution est d'envisager une réhabilitation complète.

Plus qu'une réhabilitation

La préoccupation environnementale et le souci d'inscrire les activités humaines dans ce développement amènent la ville de Villenave d'Ornon à inscrire la réhabilitation de la piscine olympique dans une démarche de haute qualité environnementale (HQE). La qualité environnementale d'un bâtiment vise deux objectifs : réduire les impacts du bâtiment sur l'environnement extérieur et créer un environnement intérieur sain et confortable pour les usagers. La démarche consiste à porter une attention particulière à quatorze "cibles" regroupées autour de deux domaines et quatre pôles.
Le premier domaine, "impact sur l'environnement extérieur", englobe le pôle écoconstruction et le pôle écogestion. Le second, "conditions intérieures satisfaisantes" comprend le pôle confort et le pôle santé.
A Villenave d'Ornon, ces cibles ont été classées en trois catégories, comme l'exige la démarche HQE :
- les cibles à traitement très approfondi ;
- les cibles à traitement approfondi ;
- les cibles à traitement normal.

Un surcoût de 6%

La réhabilitation de la piscine selon la démarche HQE a coûté 7,6 millions d'euros. Selon l'Institut méditerranéen du bâtiment et de l'environnement (IMBE), bureau d'études qui a assisté la ville dans son projet, la prise en compte de la haute qualité environnementale a généré un surcoût de 6%. Il est d'ores et déjà possible de dresser un premier bilan de l'opération, après une année de rodage. Côté énergétique, la piscine consomme deux fois moins d'eau que précédemment. 85% des eaux sont récupérées et réinjectées dans le circuit de traitement d'eau. Les 15% restants sont utilisés pour l'arrosage des équipements publics.
La facture de gaz est passée de 200.000 à 130.000 euros, celle d'électricité de 88.000 à 69.000 euros. Ajoutons à cela que 41% de l'énergie consommée provient des calories récupérées à partir du traitement de l'air ou de l'installation de cogénération. Ces résultats ont été obtenus alors que le nombre d'heures d'ouverture est passé de 71 heures hebdomadaires à 80 heures, comme le souligne Michel Poignenec, maire adjoint chargé des sports, qui a piloté le chantier.
La piscine de Villenave d'Ornon est aujourd'hui la première réhabilitation à l'identique en démarche HQE et permet de ce fait de réelles comparaisons. A l'évidence, l'expérience est positive. D'ailleurs, la ville a désormais décidé de généraliser la démarche à l'ensemble de ses constructions.

Patrick Bayeux pour Localtis

"Les usagers sont satisfaits de ce que nous avions classé dans les cibles très prioritaires"

Michel Poignenec, maire adjoint chargé des sports, a suivi de près tout le chantier de réhabilitation de la piscine.

Pourquoi avoir fait le choix de la démarche HQE ?

La démarche HQE est apparue au fur et à mesure de la réflexion sur l'établissement nautique. Nous avions traversé des moments difficiles avec la piscine et nous avons cherché à optimiser des choix antérieurs. A savoir, faire cohabiter une structure en bois et un environnement humide. Par ailleurs, nous étions à la recherche de solutions permettant de maîtriser le budget de fonctionnement de notre établissement. Il est apparu que nous étions assez proches des exigences d'une démarche HQE.

Quelles leçons tirez-vous de cette expérience ?

Tout d'abord, il est beaucoup plus facile de mettre en place une démarche HQE à partir d'un projet neuf. Par exemple, nous construisons actuellement une médiathèque. D'emblée, la démarche HQE a été imposée au maître d'oeuvre. Toutefois, une des clés de la réussite est de s'appuyer sur un bureau d'études compétent et spécialisé en la matière. Aujourd'hui la démarche HQE est une boîte de Pandore. Tout le monde en parle, et il est nécessaire de s'adresser à des experts. Ensuite, je pense que la réussite résulte d'un travail mené de concert entre les élus qui doivent affirmer leurs choix politiques et des techniciens qui doivent proposer des solutions techniques.

Quels commentaires avez-vous aujourd'hui de la part des usagers ?

Nous avons réalisé des mini-enquêtes et sondages, dont les résultats nous confortent dans nos choix politiques et techniques. En effet, les usagers sont satisfaits sur ce que nous avions classé dans les cibles très prioritaires : moins d'énergie consommée avec un meilleur confort hygrométrique, un confort dans les vestiaires, un confort thermique. Dans la piscine, on n'a ni chaud ni froid. Deux éléments pourraient être améliorés : en premier lieu, la circulation pieds secs / pieds humides. En effet, le système de double entrée dans les cabines qui est aujourd'hui utilisé dans une grande majorité de piscines ne donne pas complètement satisfaction. Nous demandons à nos usagers de se déchausser dès le passage du portique d'entrée. L'autre point est le choix du carrelage : nous avons opté pour un carrelage antidérapant, mais granuleux et donc très difficile à nettoyer.
 

Les quatorze cibles de la démarche haute qualité environnementale

Maîtrise des impacts sur l'environnement extérieur

A) Les cibles de l'écoconstruction
1 - relation harmonieuse du bâtiment avec son environnement immédiat
2 - choix intégré des procédés et produits
3 - chantier à faibles nuisances
B) Les cibles de l'écogestion
4 - gestion de l'énergie
5 - gestion de l'eau
6 - gestion des déchets d'activités
7 - gestion de l'entretien et de la maintenance

Création d'un environnement intérieur sain et confortable

A) Les cibles de confort
8 - confort hygrothermique
9 - confort acoustique
10 - confort visuel
11 - confort olfactif.
B) Les cibles de santé
12 - qualité sanitaire des espaces
13 - qualité sanitaire de l'air
14 - qualité sanitaire de l'eau

Le traitement des cibles très approfondies

Cinq cibles HQE ont fait l'objet d'un traitement très approfondi à Villenave d'Ornon. Il s'agit des gestions de l'énergie, de l'eau, de l'entretien et de la maintenance ainsi que du confort hygrothermique et du confort acoustique.

Gestion de l'énergie

Réduction de la consommation d'énergie primaire non-renouvelable : performance de l'enveloppe, efficacité des équipements énergétiques et leur gestion, recours aux énergies renouvelables.
Maîtrise des pollutions, de la contribution aux phénomènes de l'effet de serre et des pluies acides, de la production de déchets radioactifs, de la pollution de l'air.

Gestion de l'eau

Economie d'eau potable : maîtrise des consommations d'eau potable, récupération d'eau.
Gestion des eaux pluviales à la parcelle : gestion de l'infiltration, gestion des eaux usées, assainissement collectif.

Gestion de l'entretien et de la maintenance

Optimisation des besoins de maintenance : limitation du gros entretien en dehors de l'habituel, réduction de la fréquence des interventions.
Maîtrise des effets environnementaux des procédés : choix de procédés en fonction de leur impact sur l'environnement.
Facilité d'accès pour l'entretien et la maintenance.
Equipements pour le maintien des performances en exploitation : gestion et qualité de l'eau, gestion de l'énergie et des déchets d'activité.

Confort hygrothermique

Confort hygrothermique en hiver et en mi-saison, confort hygrothermique en été : dispositions architecturales pour limiter les fortes températures intérieures, limitation de la température, confort en température et humidité.

Confort acoustique

Adopter des dispositions architecturales spatiales favorisant un bon confort acoustique : au niveau du plan de masse, en termes de mitoyenneté, de disposition des locaux, assurer une bonne isolation acoustique vis-à-vis des bruits extérieurs et intérieurs.
Protéger du bruit les usagers et les riverains.

Quel traitement pour les autres cibles ?

La ville de Villenave d'Ornon a privilégié un traitement normal pour les cibles 1 (relation harmonieuse du bâtiment avec son environnement) et 6 (gestion des déchets d'activité). Sept autres ont fait l'objet d'un traitement approfondi.

Choix intégré des procédés, produits et systèmes

Adaptabilité et durabilité du bâtiment.
Choix des procédés et des produits de construction.

Chantier à faibles nuisances
Préparation technique du chantier : réduction des déchets à la source, ergonomie du stockage sur le site.
Gestion et valorisation des déchets : qualité du tri, traçabilité des déchets, optimiser le transport des déchets.
Réduction des nuisances et pollutions : limiter les nuisances acoustiques, limiter les pollutions du sol, sécurité des riverains et usagers.
Maîtrise des ressources en eau et en énergie : limitation des consommations sur chantier.
Déconstruction sélective.

Confort visuel
Utilisation optimale de la lumière naturelle tout en évitant l'éblouissement : recherche de l'équilibre entre les luminances.
Disposer d'un éclairage artificiel confortable.
Assurer une relation visuelle satisfaisante avec l'extérieur.
Assurer un bon éclairage des espaces extérieurs.

Confort olfactif
Réductions des sources d'odeurs désagréables : dispositions prises pour la réduction des odeurs liées aux chloramines.
Limiter les sensations d'odeurs désagréables par un traitement d'air performant.

Qualité sanitaire des espaces
Limiter les nuisances issues de l'espace intérieur et des surfaces.

Qualité sanitaire de l'air
Maîtriser les sources de pollution : gérer les risques de pollution, chaudières à faible émission.
Eviter les effets polluants de l'air sur la santé : traitement efficace du renouvellement d'air ambiant.Qualité sanitaire de l'eau
Assurer le maintien de la qualité de l'eau à la consommation humaine.
Contrôler l'accès aux réseaux de distribution

Aller plus loin sur le web :
 
Définition d'une démarche HQE, outils et actualité des travaux normatifs, sur le site de l'Ademe.
http://www.ademe.fr/entreprises/hqe/
 
Sur son site, la ville de Villenave d'Ornon expose l'ensemble de sa démarche HQE.
http://www.villenavedornon.fr/l_sits/piscine-olympique/

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