Villes de France : faire des villes moyennes des territoires de réindustrialisation

L'association représentant les maires de villes moyennes était la première association d'élus locaux à présenter ses voeux. En plus de la phase 2 d'Action cœur de ville, son président, Gil Avérous, compte faire de la "souveraineté industrielle" un axe fort de l'année 2023. Malgré un contexte financier peu propice à l'investissement.

Le "défi de l'attractivité et de la souveraineté industrielle" va être un axe fort de Villes de France en 2023, a fait savoir Gil Avérous ce 10 janvier lors de la cérémonie des vœux de cette association d'élus qu'il préside depuis septembre dernier. Cette thématique sera d'ailleurs à l'honneur du prochain congrès de Villes de France les 5 et 6 juillet au Creusot (Saône-et-Loire). Et d'ici-là, elle sera au cœur des déplacements que Gil Avérous compte faire "chaque mois" pour "aller à la rencontre des maires" et des acteurs économiques ("dont les chefs d'entreprise" que l'élu souhaite entendre pour cerner de près ce qui motive, par exemple, leurs choix d'implantation). Les premières visites de l'année sont déjà programmées : ce sera Saint-Dizier, puis Angoulême, Blois, Albi…

Villes de France prévoit en outre de "remettre des propositions au gouvernement" sur ce sujet de l'industrie, a indiqué Gil Avérous, estimant que le "mouvement de réindustrialisation" concerne au premier chef les villes moyennes que représente l'association. Car, fait-il valoir, ces villes "sont les plus à même d'accueillir des entreprises industrielles" : elles ont "du foncier disponible et abordable", offrent "une qualité de vie" particulière, sont d'une taille permettant au maire de jouer un vrai rôle de "chef de file" pour prendre en compte toutes les dimensions d'un projet...

Un autre grand dossier 2023 pour Villes de France sera naturellement la phase 2 d'Action cœur de ville (ACV2) qui inclut désormais les quartiers de gare et les entrées de ville. Saluant au passage les grands acteurs du programme – ANCT, Banque des Territoires, Action logement, Anah –, Gil Avérous espère que Villes de France restera largement associée au dispositif, y compris dans le cadre du comité de pilotage.

Evoquant la vie de son association, le maire de Châteauroux a entre autres fait savoir qu'une nouvelle offre de formation serait proposée aux élus membres (dont des formations courtes de 2 heures en distanciel), que la première réunion du "groupe parlementaire des amis de Villes de France", animé par Olivier Gacquerre (maire de Béthune) aura lieu ce trimestre, ou encore que les différents groupes de travail thématiques vont s'atteler à des "propositions concrètes". Parmi les sujets en vue : le numérique (cybersécurité, fibre…), le ZAN, la "vie des quartiers politique de la ville" (Villes de France souhaite participer au Plan Quartiers 2030 – un dossier  confié à Frédéric Leturque, le maire d'Arras).

"L'incertitude, ça n'est jamais bon"

Être force de proposition… à un moment où "l'inquiétude" est forte, notamment du fait des "tensions liées à l'inflation". "Nos collectivités cherchent toutes des pistes d'économies, prioritairement sur les services", constate Gil Avérous. Jean-François Debat, le président délégué de Villes de France, l'a dit lui aussi ce 10 janvier, évoquant à la fois la situation du tissu économique ("On assiste à un certain nombre de faillites") et celle des collectivités elles-mêmes. Celles-ci se voient aujourd'hui confrontées à des coûts en hausse de 30 à 40% pour leurs marchés publics, à des demandes de rallonges de la part de leurs opérateurs et, au final, à une explosion de leurs dépenses de fonctionnement. "Alors on commence à réduire, reporter ou étaler nos investissements", témoigne le maire de Bourg-en-Bresse. "L'incertitude, ça n'est jamais bon", souligne-t-il aussi, pointant un risque de "surréaction" des élus.

Face à cela, "la réponse de la loi de finances n'a pas été à la hauteur, nous restons dans l'attente", juge Jean-François Debat (PS), qui regrette que "les propositions de Villes de France consistant en un contrat de maintien des investissements n'aient pas été suivies". Aujourd'hui, "nous attendons beaucoup du fonds vert" et "espérons que celui-ci ne se réduira pas à une simple année supplémentaire de dotations à l'investissement" dit-il, poursuivant : "Etant donné le nombre de sujets sur lesquels on nous renvoie au fonds vert… on risque d'en venir à regretter les appels à projets !".

Gil Avérous (LR) juge toutefois que l'action des élus locaux dans le cadre du projet de loi de finances n'a pas été vaine, avec des demandes "partiellement entendues" : filet de sécurité, bouclier tarifaire, amortisseur électricité, retrait des contrats de confiance… La "vigilance" restera certes de mise, par exemple concernant l'amortisseur, dont Villes de France demande une évaluation régulière.

Gérard Larcher, présent lors de ces vœux organisés dans les salons du Sénat, a souligné avoir souhaité que "toutes vos collectivités aient à la fois le filet de sécurité et l'amortisseur"… et avoir plaidé pour beaucoup moins de "complexité". "Les boulangers n'ont rien compris au système de soutien qui leur est destiné… les élus locaux non plus", a-t-il lancé.

Concernant l'année qui débute, le président du Sénat a rappelé que le sujet du ZAN sera bientôt d'actualité avec l'examen de la proposition de loi Létard-Blanc (voir notre article) et a par ailleurs déclaré : "La grande loi de décentralisation, eh bien on la prépare, avec Françoise Gatel et Mathieu Darnaud". Un rapport est en vue pour le printemps prochain.

 

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