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Santé / Social - Violence dans les établissements : les Ehpad ne sont pas épargnés

L'Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS) publie son rapport 2017, portant sur les données de 2015 et de 2016. Reposant sur les signalements recueillis par une plateforme internet dédiée - sur une base volontaire -, les chiffres ne prétendent pas à l'exhaustivité, mais ils sont néanmoins représentatifs de la réalité du terrain. La plateforme recouvre l'ensemble des établissements de soins publics et privés relevant du secteur hospitalier, y compris les unités de soins de longue durée (USLD) et les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) rattachés à un hôpital.

Des signalements en forte progression, dont 80% d'atteintes aux personnes

Au total, 337 établissements (5,94% des établissements) ont effectué 15.990 signalements en 2015, et 360 établissements (6,23%) ont procédé à 17.596 signalements en 2016, soit une progression de 10%. La définition des violences établie par l'ONVS - classées par niveau de gravité - englobe les incivilités. Mais, comme l'explique le "Guide de la prévention des atteintes aux personnes et aux biens en milieu de santé", élaboré par l'ONVS (voir lien ci-dessous), ces incivilités "sont une véritable nuisance sociale qui gangrène les règles élémentaires de la vie en société et, de façon insidieuse, portent gravement atteinte à la qualité de la vie au travail".
En 2016, sur les 17.596 signalements remontés, 14.508 concernent des atteintes aux personnes (82% du total) et 4.197 des atteintes aux biens (18%). Entre 2015 et 2016, les signalements d'atteintes aux personnes progressent de 15%, ce qui ne signifie pas nécessaire un accroissement équivalent de la violence, mais peut aussi correspondre à une plus forte propension à signaler. L'ONVS note d'ailleurs que "la tolérance face à des violences, dont les causes sont parfois mal identifiées ou dues à des violences gratuites, est devenue très faible", même si les visites de l'Observatoire sur le terrain montrent la persistance d'un fort niveau de sous-déclaration.
Parmi les atteintes aux personnes recensées en 2016, 33% sont classées en niveau 1 (insultes, injures, drogue, alcool, exhibitions sexuelles...), 16% en niveau 2 (menaces d'atteinte à l'intégrité physique, port d'arme...), 50% en niveau 3 (violences physiques, menaces avec arme, agressions sexuelles...) et 1% en niveau 4 (violences avec arme, viols, séquestrations...).

Les Ehpad, troisième lieu de violences, après la psychiatrie et les urgences

Si on considère les établissements ou services où surviennent ces atteintes aux personnes ou aux biens, les USLD et les Ehpad arrivent au troisième rang avec 1.981 signalements en 2016 (11% du total) - auxquels on pourrait ajouter 301 signalements en gériatrie -, derrière la psychiatrie (20%) et les urgences (13%). Avec les mêmes précautions que celles évoquées supra, le nombre de signalements en USLD et en Ehpad progresse de 27% entre 2015 et 2016. En outre, la proportion des atteintes aux personnes par rapport aux atteintes aux biens est plus élevée dans les Ehpad (95,5%) qu'en psychiatrie (94%) ou aux urgences (91,5%).
Le rapport de l'ONVS consacre d'ailleurs un focus aux USLD et aux Ehpad. Au sein de ces structures, les atteintes aux personnes sont à 59% des violences physiques et à 41% des violences verbales. Le rapport précise au passage que "ces violences sont dues le plus souvent à la pathologie des patients". En effet, contrairement à ce que l'on pourrait penser compte tenu d'un âge moyen à l'entrée en Ehpad supérieur à 85 ans, ces violences ne sont pas le fait des familles ou de l'entourage, mais de patients. Sur ce point, le rapport reproduit quelques signalements tout à fait éclairants.