Vues du Québec : des logements pour toutes les étapes de la vie dans un ensemble immobilier de Montréal

Au nord-est de Montréal, deux organismes de logements sociaux et communautaires proposent au sein d’un ensemble d’immeubles, différentes formules de logements locatifs pour personnes âgées autonomes ou dépendantes, ainsi qu’une coopérative d’habitation pour familles ou personnes seules. Ouvert en 2009, l’ensemble regroupe aujourd’hui quelque 200 habitants.

Mairieconseils.net publie un ensemble d’articles pour illustrer l’expérience québécoise (lire encadré Vues du Québec).


Dans les années 2000, faute de logements adaptés à des prix abordables, le quartier Saint-Michel connaissait un véritable exode des personnes âgées et les services sociaux et de santé (antenne locale de services du ministère de la Santé) n’arrivaient pas à répondre à la demande de places d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Face à ce constat, les élus et les partenaires se sont mobilisés. Avec à la clé, la création d’un lieu de vie intergénérationnel.

Une volonté politique qui permet de se saisir des opportunités

Les élus de l’arrondissement et l’office municipal d’habitation de Montréal (OMH) ont fait appel à un organisme à but non lucratif, La Traversé, reconnu pour son expérience auprès de publics spécifiques (voir encadré), pour qu’il les aide à créer du logement abordable en faveur des personnes âgées autonomes. Le potentiel foncier du site retenu - un vaste terrain hébergeant une ancienne école - a permis de compléter le projet par la réalisation de logements abordables pour familles, gérés par une coopérative. C’est ainsi que sont nés Habitat 1460 et la coopérative Rousselot, qui, sur un même site, combinent une offre de logements diversifiés : 72 logements locatifs pour personnes âgées autonomes, 49 chambres d’hébergement pour personnes âgées dépendantes et 85 logements coopératifs pour familles et personnes seules. La Traversée y a également implanté ses bureaux.

Créer de la fluidité entre autonomie et dépendance, stimuler l’implication des locataires

"Notre premier objectif était d’assurer une fluidité entre autonomie et dépendance, indique le directeur général adjoint du centre La Traversée, Michel Saint-Cyr. La coexistence de logements locatifs et de chambres pour personnes âgées dépendantes permet de maintenir des couples en proximité ou d’offrir à une personne en perte d’autonomie la possibilité de rester au sein du même ensemble bâti."
Autre élément essentiel : "Notre mission est de maintenir l’autonomie des personnes âgées locataires en appartements, de les aider à s’organiser, et surtout pas de faire à leur place." Grâce à une chargée de location présente trois jours par semaine, les initiatives des habitants sont encouragées : journal interne, clubs de tricoteuses, expositions… Un locataire est désigné comme "locataire surveillant" : en échange d’une petite réduction de loyer, il fait le tour des installations le soir, assure une vigilance et rassure également les locataires. Plusieurs personnes âgées autonomes sont également devenues bénévoles dans la structure d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. "S’il y a une vraie réussite, c’est bien dans l’implication des gens et la non-ségrégation. On nous disait que l’effet miroir - le refus de se voir vieillir - allait créer des clivages. Ce n’est pas vrai. Les personnes âgées prennent vraiment soin les unes des autres."

Articuler logements pour les familles, espace pour personnes âgées et vie de quartier

Situés sur la même parcelle en copropriété indivise, Habitat 1460 et la coopérative Rousselot ont pensé conjointement leurs espaces de vie avec un groupe de ressources techniques qui a accompagné le projet tout au long de son élaboration (voir encadré "Bâtir son quartier"). Son rôle a été notamment d’aider à la conception de l’organisation des espaces extérieurs, avec une conception architecturale en U autour d’un jardin intérieur, ou encore à l’élaboration du règlement de copropriété. L’intergénérationnel se vit également à l’échelle du quartier "On ne voulait surtout pas créer un ghetto organisé en vase clos", poursuit le directeur adjoint. L’été, des fêtes champêtres sont proposées et ouvertes sur le quartier, un commerçant du marché local vient vendre ses fruits et légumes, la garderie amène ses enfants. Disposant d’une cuisine de grande capacité, le centre d’hébergement délivre également des repas un jour par semaine à un institut pour malentendants à proximité ; "il pourrait même devenir à terme ressource pour une "popotte roulante" sur le quartier" (portage de repas à domicile au Québec).

L’intergénérationnel ne se décrète pas selon le directeur adjoint : une fois que des cadres sont en place pour le permettre, tout est affaire de soutien aux initiatives. Et elles peuvent être nombreuses lorsque les gens vivent dans un vrai milieu de vie, varié et ouvert sur le quartier.

Claire Lelong pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info

La Traversée est un organisme à but non lucratif (OBNL) né en 1990 qui gère aujourd’hui 250 salariés et 18 points de services sur l’île de Montréal : des centres d’hébergement pour personnes ayant des problèmes de santé mentale, pour déficients intellectuels, pour jeunes en rupture familiale ou personnes âgées. A partir de son expérience d’hébergement, La Traversée a poursuivi son développement pour offrir du logement locatif de type social à des publics plus autonomes. En 2000, un second OBNL, les Habitations La Traversée, est créé pour bénéficier des aides de l’Etat à la création de logements sociaux. C’est aujourd’hui lui qui gère le développement de nouveaux projets et l’entretien des bâtiments existants dont 5 bâtiments de location. Ces deux OBNL sont indépendants mais fonctionnent ensemble sous forme d’ententes de services réciproques.

Bâtir son quartier est une entreprise d’économie sociale qui coordonne la réalisation de projets d’habitation et d’immobilier "communautaire" auprès de groupes de personnes (coopératives d’habitations ou organismes à but non lucratif) qui souhaitent mettre en place du logement abordable. Les services apportés vont de l’étude de faisabilité, au montage financier, à la recherche de sites, en passant par la coordination de la réalisation sur le terrain du projet mais également la formation à la gestion démocratique du projet, au quotidien.
Né il y a plus de 35 ans, "Bâtir son quartier" fait partie d’un vaste mouvement présent partout au Québec, les Groupes de Ressources Techniques (GRT), et issu de groupes de pression de quartier qui se mobilisaient dans les années 70 pour soutenir la réalisation de logements abordables. Les GRT bénéficient de financements publics de la part du gouvernement provincial du Québec.

Définitions :
Logement abordable
Aux fins de la stratégie d’inclusion, un logement est considéré abordable lorsque son loyer ou son hypothèque mensuelle (incluant les taxes foncières et les frais de chauffage) ne dépasse pas la capacité de payer d’un ménage donné, soit 30% de son revenu mensuel brut.
Logement social
Le logement social est une forme de logement abordable. Complémentaire au secteur privé, le logement social répond à divers besoins que le marché, seul, ne peut combler. Au fil du temps, plusieurs formules de logement social ont été créées, allant de l’habitation à loyer modique (HLM) de propriété étatique jusqu’aux coopératives autogérées (les coopératives d’habitations). Pour les besoins de la présente stratégie d’inclusion, on désigne par logements sociaux et communautaires ceux qui sont issus des deux programmes gouvernementaux actuels en la matière, AccèsLogis et Logement abordable Québec - volet social et communautaire.
Deux formules d’habitation communautaire. Les coopératives d’habitation sont contrôlées démocratiquement par leurs résidants, qui en sont membres et qui ont une voix égale dans les décisions. Les organismes à but non lucratif (OSBL) en habitation sont gérés par des bénévoles de la communauté et par les personnes qui y vivent.


Vues du Québec
Fondations, organismes sans but lucratif (OSBL), coopératives, acteurs communautaires… une multitude de structures assurent les services et projets d’intérêt collectif au Québec. Plusieurs d’entre eux bénéficient de subventions publiques gouvernementales ou municipales.
A la croisée de ces multiples acteurs, le Québec a développé une capacité à articuler acteurs publics ou d’intérêt collectif et citoyens dans une démocratie participative portée par la notion d’empowerment (pouvoir d’agir), très présente sur le continent américain. L’aspect communautaire n’est jamais bien loin non plus, les personnes se regroupant par intérêt commun pour porter une cause sur le devant de la scène.
Mairieconseils.net publie un ensemble d’articles pour illustrer l’expérience québécoise. Quel que soit les sujets : jeunesse, école, culture, logement, personnes âgées ou funéraire, ces expériences peuvent être sources d’inspiration pour le développement local en France.


 

Centre La Traversée

Projet Habitat 1460 et coopérative Rousselot, 1460 boulevard Crémazie est, suite 100,
H2E1A2 Montréal (Québec) Canada

Michel Saint-Cyr

Directeur général adjoint

Marie Réveillé

Chargée de communication de Bâtir son quartier

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