Le commerce et le tourisme, premiers secteurs demandeurs des prêts garantis par l'État

548.516 entreprises, dont une majorité de très petites, ont bénéficié des prêts garantis par l'État au 17 juillet 2020 pour un montant total de 113,3 milliards d'euros, d'après le bilan publié le 28 juillet par Bercy. Le dispositif, lancé pendant la crise du Covid-19, permet aux entreprises d'emprunter et de passer le cap difficile des arrêts ou ralentissements d'activité. L'Île-de-France est la région où il y a le plus d'entreprises bénéficiaires. Suivent les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. Le commerce et les restauration/hébergement concentrent 38% des demandés. Le tourisme va justement bénéficier un dispositif amélioré à compter du 5 août : le "PGE Saison".

Au 17 juillet 2020, 113,3 milliards d'euros de prêts garantis par l'État (PGE) ont été accordés aux entreprises par les banques, sur un montant total de demandes recensées de 121 milliards d'euros, soit un taux de refus de 2,7% seulement. Ce dispositif a été mis en place en mars 2020 pour soutenir les entreprises affectées par la crise sanitaire liée au Covid-19. Il leur permet de bénéficier de prêts consentis par des établissements de crédit avec le concours de l'État, dans la limite d'un montant disponible global de 300 milliards d'euros. Il était originellement conçu pour être octroyée par Bpifrance. Finalement, la seconde loi de finances rectificative du 26 avril a opté pour que ce soit l'État lui-même qui fasse directement bénéficier de sa garantie. Le principe est simple : en cas de défaillance de l'emprunteur, les banques peuvent réclamer un montant fixé entre 70% et 90% du montant prêté.

Le bilan de ces PGE, publié le 28 juillet par Bercy, donne des détails sur les destinataires de ces prêts : 88,82% des 548.516 entreprises bénéficiaires sont des très petites entreprises (487.181). Elles représentent 40% des montants accordés, pour un montant moyen de 92.000 euros. Les petites et moyennes entreprises représentent quant à elles 5,14% des demandeurs et 35,16% des montants (près de 1,4 million d'euros en montant moyen). Viennent ensuite les entreprises de taille intermédiaire (994 en nombre, 11% des montants accordés) et les grandes entreprises (21 en nombre, près de 12% des montants accordés). Les secteurs d'activité les plus demandeurs sont le commerce et la réparation d'automobile et de motocycles (près de 23% des demandes et 24% des montants accordés), l'hébergement et la restauration (15% des demandes, 6,72% des montants) et la construction (près de 13% des demandes et près de 9% des montants accordé). A noter que pour le secteur touristique, le ministre de l'Économie a annoncé le 31 juillet, le lancement d'un PGE amélioré, le "PGE Saison" qui entrera en service à compter du 5 août (voir encadré ci-dessous).

L'Île-de-France en tête des bénéficiaires des PGE

Côté répartition géographique, c'est en Île-de-France que les entreprises en ont le plus bénéficié : 113.156 au total pour un montant de 41,4 milliards d'euros. Viennent ensuite quatre autres régions : l'Auvergne-Rhône-Alpes (70.510 entreprises pour un montant total de 12 milliards d'euros), la Provence-Alpes-Côte d'Azur (61.023 entreprises pour un montant de 9,3 milliards), la Nouvelle-Aquitaine (56.304 entreprises pour 8 milliards) et l'Occitanie (55.172 entreprises, 7,6 milliards). Les régions Bourgogne-Franche-Comté, Normandie, et Centre-Val de Loire arrivent quant à elles en fin de peloton métropolitain, suivies par les collectivités d'outre-mer.

À titre d'exemple, en Paca, le groupe CMA CGM, leader mondial du transport maritime et de la logistique, a contracté un PGE de 1,05 milliard d'euros garanti à hauteur de 70% par l'État. Le groupe, dont le chiffre d'affaires atteint 28 milliards d'euros, a pu continuer son activité malgré les mesures de confinement, notamment pour acheminer des masques et du matériel de protection dans le monde entier. À côté de ce gros groupe, l'hôtel Charembeau à Forcalquier dans les Alpes de Haute-Provence, dont le chiffre d'affaires atteint seulement 488.400 euros en 2019, a aussi bénéficié du dispositif. Avec le PGE, l'hôtel a pu combler son manque de trésorerie dû à l'arrêt de son activité et peut aborder la suite plus sereinement. 

ide au tourisme : Bruno Le Maire annonce le lancement d'un prêt garanti par l'État "saison"

Un nouveau prêt garanti par l'État intitulé "PGE saison" va permettre dès le 5 août aux entreprises du secteur du tourisme d'obtenir ce crédit sur la base des trois meilleurs mois du chiffre d'affaires réalisé en 2019, a annoncé vendredi Bruno le Maire, selon un communiqué de Bercy.
Pour "un camping, qui réalise 80% de son chiffre d'affaires sur 3 mois" le plafond du PGE passera ainsi "de 25% à 80% de son chiffre d'affaires du dernier exercice clos", a détaillé le ministère.
Pour les autres secteurs, le plafond du PGE correspond à 25% du chiffre d'affaires annuel.
Le secteur du tourisme, "touché de plein fouet par la crise" sanitaire liée au coronavirus, a rappelé le ministre, bénéficiera ainsi de dispositions particulières, et plus adaptées à la saisonnalité de leur activité, pour faire face aux problèmes de trésorerie.
Le communiqué de Bercy précise que la mesure est dédiée "aux secteurs liés au tourisme, de l'hôtellerie, de la restauration, de l'événementiel, du sport, du loisir et de la culture". Interrogé sur la situation du monde de la nuit, Bruno Le Maire a glissé sur CNews que les discothèques "font partie des secteurs qui seront soutenus, notamment par ces nouveaux prêts".
La Fédération bancaire française (FBF) précise dans un communiqué que pour les entreprises du tourisme "ayant déjà souscrit un ou plusieurs PGE, le PGE saison fonctionnera comme un complément, permettant d'aller jusqu'au plafond correspondant aux trois meilleurs mois d'activité".
Selon le lobby bancaire français, les secteurs de l'hébergement et de la restauration représentent 15% des PGE accordés. Au total, tous secteurs confondus, 114 milliards d'euros ont été accordés à 555.000 entreprises en France depuis la fin mars.
Le ministre a voulu "rassurer ceux qui veulent étendre la durée du prêt", c'est-à-dire demander à le rembourser sur une période plus longue qu'un an.
"Je négocie avec la Fédération bancaire française les meilleurs taux possibles pour les hôteliers, les restaurateurs", a-t-il indiqué.
Le gouvernement a par ailleurs décidé que le dispositif de chômage partiel mis en place pour le secteur du tourisme serait prolongé jusqu'en décembre, mais les modalités n'ont pas encore été définies.
AFP