Eurostat - Agriculture biologique : la France, cinquième producteur en Europe

Avec 7,8 millions d'hectares en 2008, les superficies consacrées à l'agriculture biologique en Europe ont grimpé de 21% en 3 ans (entre 2005 et 2008), selon un rapport publié par Eurostat, le 1er mars. Une performance due essentiellement à l'Espagne et l'Italie qui possèdent chacun plus d'1 million d'hectares bio.  Avec 0,6 million d'hectares bio, la France se place au cinquième rang de l'Union européenne (alors qu'elle est le premier producteur de l'UE, toutes agricultures confondues). Sa progression est relativement lente par rapport à ses voisins : quand l'Espagne affiche une augmentation de 33% en un an, l'Hexagone n'a vu ses terres bio croître que de 4,8%. Pourtant, les aides à la conversion biologique incitent bel et bien les agriculteurs. Dans le cadre du Feader (Fonds européen agricole pour le développement rural), les cultivateurs peuvent bénéficier de 100 à 600 euros par hectare et par an selon le type de culture concernée. Et au niveau national également, depuis le Grenelle de l'environnement, le gouvernement finance des plans d'aide à l'installation de nouveaux producteurs, avec l'objectif d'atteindre 20% des surfaces en 2020. Un fonds créé en 2008 y consacre 3 millions d'euros par an. Ces incitations commencent à porter leurs fruits : en 2009, le pays comptait 16.400 agriculteurs bio (soit 23% de plus que l'année précédente), selon le baromètre publié par l'agence Bio le 4 février. Les agriculteurs espèrent ainsi répondre à une demande de plus en plus importante : un Français sur deux consomme du bio au moins une fois par mois et 75% des parents souhaitent que leur enfant puisse manger bio à l'école. Mais cette demande est encore loin d'être satisfaite et les importations de produits bio (de 30% en 2009) devraient encore augmenter en 2010, selon l'agence Bio. Au premier rang : les fruits et légumes frais, le lait, les céréales et les produits de grande culture qui font encore trop souvent défaut en France. En cause : la lenteur de la conversion au biologique puisqu'il faut en moyenne 3 ans à un agriculteur pour produire du bio. Mais le jeu en vaut la chandelle, selon le président de la Fédération nationale de l'agriculture biologique, Dominique Marion, qui pense que le bio est un atout pour l'agriculture française. Pour preuve, selon lui : "Lors de la violente crise du lait, les producteurs bio s'en sont mieux sortis. Quand le prix du lait conventionnel a chuté à 28 centimes le litre, le lait bio, lui, était à 43 centimes." Une opinion que semble partager le nouveau commissaire européen à l'agriculture, Dacian Ciolos, lorsqu'il estime que "l'environnement est le principal défi des agriculteurs mais aussi la meilleure assurance-vie pour la politique agricole commune". Le sujet sera sans doute évoqué lors du séminaire international d'agriculture biologique organisé le 4 mars par l'agence Bio, dans le cadre du salon international de l'agriculture qui se tient porte de Versailles à Paris jusqu'au 7 mars.

 

Muriel Weiss