Education - Apprentissage junior : "l'école obligatoire à 16 ans ne peut être remise en cause", déclare François Fillon
En visite au lycée Monge, à Savigny-sur-Orge (Essonne), ce 4 septembre, jour de la rentrée scolaire, le Premier ministre, interrogé sur la suppression de l'apprentissage junior, a déclaré n'avoir jamais été très favorable à cette mesure : "l'école obligatoire à 16 ans ne peut être remise en cause", a-t-il affirmé. "Je ne crois pas qu'on puisse acquérir les connaissances [exigées par le socle commun] en quittant l'école à 14 ans", a-t-il ajouté.
Créé par la loi du 31 mars 2006 relative à l'égalité des chances et mise en place par le gouvernement Villepin, l'apprentissage junior visait à permettre aux jeunes âgés de quatorze ans d'effectuer un parcours d'initiation aux métiers sous statut scolaire dans un lycée professionnel ou un centre de formation d'apprentis (CFA) puis, à partir de l'âge de quinze ans, de conclure un contrat d'apprentissage. Le gouvernement avait alors proposé aux régions une enveloppe globale de 20 millions d'euros pour mettre en œuvre l'apprentissage junior. Seuls trois exécutifs régionaux ont accepté de s'engager dans cette voie : l'Alsace, la Lorraine et la collectivité territoriale de Corse. La quasi-totalité des organisations syndicales de l'Education nationale et de nombreuses fédérations professionnelles avaient alors dénoncé "cette régression sociale et ce miroir aux alouettes".
Le 11 juin dernier le président de la République, Nicolas Sarkozy, a annoncé son intention de suspendre le dispositif dès la rentrée 2007. Il l'a clairement signifié dans la lettre de mission, adressée le 5 juillet, à Xavier Darcos, ministre de l'Education nationale : "Nous voulons que chaque jeune Français puisse acquérir, grâce à l'école, la culture générale la plus large possible (...). C'est pourquoi nous vous demandons de mettre fin à l'apprentissage dit 'junior', organisé dès l'âge de 14 ans, qui nous paraît un âge beaucoup trop jeune." L'apprentissage junior ne concerne aujourd'hui qu'un millier d'élèves. Il devrait être progressivement abandonné, a précise l'entourage de François Fillon. "Ces jeunes ont aujourd'hui 15 ans, ils peuvent reprendre un cursus traditionnel ou poursuivre en apprentissage".
Lors de sa conférence de presse du 30 août, le conseil régional d'Alsace a précisé qu'il maintenait le dispositif "à titre exceptionnel et transitoire, pour une durée de 1 an, sous l'appellation Parcours d'initiation aux métiers d'alternance (Pima)". Le recrutement dans le Pima exclut les jeunes de 14 ans "afin de se conformer au principe de scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans". En 2006, l'Alsace a compté 13.957 apprentis dans 13 classes d'apprentis juniors des centres de formation d'apprentis (CFA). En 2007, huit classes supplémentaires ont été ouvertes. Les 21 classes représentent 315 places réparties dans 20 établissements. Leur financement est assuré par la région par le biais du Fonds national de développement et de modernisation de l'apprentissage (FNDMA).
Au niveau national, il est prévu de remplacer l'apprentissage junior par un nouveau dispositif, unique, qui devrait fédérer tous les dispositifs déjà existants : "les classes d'initiation pré-professionnelle à l'apprentissage" (Clipa) et les "classes préparatoires à l'apprentissage" (CPA).
Catherine Ficat