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Services publics - Après les campagnes, La Poste cherche à diversifier son offre en ville

Consignes installées dans les lieux de passage, relais postaux urbains ou conciergeries solidaires... La Poste développe de nouveaux services en ville pour juguler l'érosion de sa clientèle depuis dix ans.

Confrontée à une chute importante du nombre de ses clients depuis dix ans, La Poste cherche à diversifier et adapter son offre de services en milieu urbain. Quelques jours après une rumeur lancée par Le Parisien et démentie depuis (voir ci-contre notre article du 10 avril), le directeur général du Groupe, Philippe Bajou, est monté au créneau, mardi 14 avril, pour présenter des expérimentations en cours, qu'il s'agisse de relais postaux dans des commerces partenaires ou de services de consignes. "Les villes ont énormément évolué des dernières années, a-t-il souligné. Nous ne voulions pas rester dans l'immobilisme."
Et il y a urgence à apporter de nouvelles solutions. Entre 2004 et 2014, le nombre de clients franchissant chaque jour le seuil d'un bureau de poste est passé de 2,7 à 1,7 million. Mais au titre de sa mission d'aménagement du territoire, La Poste a l'obligation de maintenir un réseau de 17.000 "points de contacts" (elle en compte aujourd'hui 17.031). Il peut s'agir de bureaux de plein exercice ou, de plus en plus en milieu rural, d'agences postales communales dans les mairies, ou de relais postaux commerciaux installés dans des commerces de proximité.
Les relais postaux urbains s'inspirent de leurs homologues ruraux. L'idée est de confier les services colis et courriers à des supermarchés, des buralistes, voire des conciergeries solidaires, comme à Bordeaux. L'intérêt pour La Poste est de réduire ses coûts. Le client, lui, n'est pas forcément perdant puisqu'il peut bénéficier d'horaires d'ouverture plus larges…
Une dizaine de relais fonctionnent d'ores et déjà avec des enseignes telles que Franprix à Paris ou Casino à Lyon. Le dirigeant du groupe ambitionne un objectif d'une cinquantaine de relais urbains d'ici la fin de l'année. Certains seront amenés à se substituer à des bureaux de plein exercice, d'autres apporteront un service supplémentaire. A Paris, par exemple, un supermarché Franprix vient se substituer à un bureau dont le bail arrivait à échéance. "Il a fallu tout de suite trouver une solution", indique-t-on à La Poste. A Issy-les-Moulineaux, le relais est un nouveau service "implanté dans un quartier qui émergeait".

Consignes

Sans remettre en cause son réseau de 17.000 points de contacts, inscrit dans la loi depuis 2010, le groupe entend repenser sa présence "en distinguant les bureaux selon leur localisation", l'idée étant que les bureaux de plein exercice privilégient de plus en plus l'activité bancaire. "Dans certains bureaux, on renforcera l'expertise de la Banque postale, dans d'autres, notamment en ZUS, on renforcera l'accompagnement des personnes", précise-t-on. Une convention de partenariat entre La Poste et le ministère de la Ville a justement été signée à cet effet, mardi, pour approfondir les partenariats en cours dans les quartiers. Déjà 154 partenariats ont été passés avec des associations dans 66 départements afin de proposer des services tels qu'interprétariat, aide au remplissage de formulaires, pédagogie bancaire… La Banque postale, elle, mène des actions de prévention du surendettement.
Le groupe va par ailleurs développer un service de consignes baptisé "Pick Up Station" qui permet de retirer, à toute heure, des colis commandés sur internet. Une dizaine de ces consignes ont déjà ouvert à Paris et Bordeaux. 200 sont prévues d'ici la fin de l'année, dont 70 dans la capitale.
La mue de La Poste ne concerne pas que les villes. En milieu rural, alors que, jusqu'ici, la réduction des coûts passait par l'ouverture d'agences postales ou de relais postaux en lieu et place de bureaux de plein exercice, il a été décidé lors du comité interministériel aux ruralités du 13 mars d'utiliser les bureaux de postes pour accueillir "1.000 maisons de services au public" d'ici fin 2016. Une convention doit être signée avec les ministères concernés pour en définir les modalités. Le choix des sites éligibles va faire l'objet d'une concertation avec les collectivités.