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Habitat / Social - Après quatre ans d'expérimentation, très bons résultats pour "un chez-soi d'abord"

Lancé en 2011 (voir notre article ci-contre du 26 avril 2011), le dispositif expérimental "Un chez-soi d'abord" vient de faire l'objet d'un bilan sur les quatre années écoulées. Inspiré de l'exemple canadien et américain du "Housing first" ou "logement d'abord" (voir notre article ci-contre du 13 mai 2014), "Un chez-soi d'abord" repose sur une idée simple : plutôt que d'imposer aux personnes en grande difficulté sociale et sans logement une sorte de parcours initiatique (socialisation, prise en charge des addictions, passage successif par plusieurs structures : CHRS, pension de famille, résidence sociale...) avant l'accès à un logement, le dispositif propose un accès immédiat à un logement, puis la mise en place d'un accompagnement renforcé.

Une stratégie "efficace dès les premiers mois d'accompagnement"...

Au vu du bilan 2011-2015 réalisé, sous l'égide de la Dihal (délégation interministérielle à l'hébergement et à l'accès au logement), par une équipe de recherche indépendante, les résultats de l'expérimentation apparaissent très positifs. Ils portent sur 355 personnes effectivement logées par le dispositif sur les sites expérimentaux de Lille, Marseille, Paris et Toulouse.
S'adressant à un public plutôt jeune (38 ans de moyenne d'âge), très vulnérable (huit ans en moyenne sans domicile et quatre ans et demi à la rue) et fragilisé (80% d'addictions et 50% de pathologies chroniques), la stratégie s'est révélée "efficace dès les premiers mois d'accompagnement".
Ainsi, sur la première année, plus de 80% des personnes accompagnées sont restées dans leur logement. Le bilan relève aussi "une diminution de leurs symptômes, une amélioration de leur qualité de vie, bien-être psychologique et estime de soi, et de leur rétablissement notamment en développant la notion de confiance en soi". De même, le bilan fait état d'une diminution de moitié de la durée moyenne d'hospitalisation pour les personnes logées par rapport aux personnes dites "témoins", "signant le rôle positif du programme sur la coordination du parcours de soin".

... et des effets qui se poursuivent sur le long terme

Ces bénéfices immédiats se poursuivent sur le long terme. Ainsi, en 2015 - soit quatre ans après le début de l'expérimentation -, plus de 85% des personnes sont toujours logées et suivies. Le bilan relève que "le recours aux droits, l'accès à des ressources et l'inscription auprès d'un médecin traitant sont effectifs pour la quasi-totalité d'entre elles. Globalement, l'acceptation de la maladie, la meilleure connaissance des symptômes, l'observance des traitements ainsi que l'engagement dans un suivi sanitaire s'intensifient avec la durée de l'accompagnement". De même, les ruptures de prise en charge et les situations de crise sont moins fréquentes, plus courtes et plus faciles à gérer. Enfin, l'ensemble des personnes accompagnées ont renoué des liens avec l'entourage et la famille et 20% ont une activité professionnelle ou sont en formation.

A venir : vingt nouveaux territoires expérimentaux

Le bilan conclut qu'il n'y a pas a priori de caractère prédictif à la capacité d'habiter. De même, il ressort que "l'efficacité de la stratégie est garantie par la poursuite de l'accompagnement quel que soit le parcours résidentiel de la personne (sortie du logement, incarcération, mobilité, hospitalisation, etc.), la pluridisciplinarité de l'équipe, l'accompagnement au domicile, la proposition d'une palette de services et le respect du choix de la personne concernant son logement (type et lieu) et les services d'accompagnement (rythme et type). Ils concourent à l'engagement des personnes dans un parcours social, résidentiel et sanitaire". Dernier point positif : les bénéficiaires du dispositif en sont eux-mêmes très satisfaits. Ainsi, 72% d'entre eux se disent satisfaits ou très satisfaits et 88% souhaiteraient revenir dans le programme s'ils en avaient besoin.
Conséquence de ces très bons résultats : Sylvain Mathieu, le délégué interministériel, a annoncé, le 16 juin, devant le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (CNLE), que les quatre sites expérimentaux vont être pérennisés en 2017 et que l'expérimentation va s'étendre sur vingt sites entre 2018 et 2021.
 

 

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