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Sport - Aucun des 1.600 conseillers techniques sportifs "ne perdra son emploi"

Aucun des 1.600 conseillers techniques sportifs (CTS) visés par un projet d'économies "ne perdra son emploi", a affirmé ce lundi 10 septembre la nouvelle ministre des Sports, Roxana Maracineanu, à l’issue d’un long entretien avec le Premier ministre, Édouard Philippe.
A sa sortie de Matignon, l'ancienne championne de natation, qui avait jugé "très brutale" la publication de la lettre de cadrage fixant un objectif de 1.600 suppressions de postes dans son ministère, a toutefois annoncé le lancement d'une "concertation" sur l'"évolution" de la gestion des CTS. Elle a précisé qu'elle en présenterait les résultats "fin octobre".
Les CTS sont très présents dans les diverses fédérations sportives mais rémunérés par l'État. "Je tiens à réaffirmer qu'aucun des 1.600 CTS évoqués dans le document dont vous avez eu connaissance ne perdra son emploi", a assuré Roxana Maracineanu, nommée mardi à la place de Laura Flessel, avant de préciser que "ce ne seront pas des suppressions de postes".
"Tout le monde est d'accord pour dire que leur mode de gestion doit évoluer en concertation avec l'ensemble des acteurs et dans le respect du rôle et des prérogatives de chacun", a-t-elle ajouté. "Leur mode de gestion doit être modernisé, leur rôle au sein des fédérations doit ainsi être retravaillé avec le mouvement sportif", a expliqué de son côté Matignon dans un communiqué.
Indiquant que le Premier ministre l'a "assuré de sa volonté d'avoir un budget du sport à la hauteur des enjeux", la ministre a par ailleurs annoncé qu'elle lançait "des discussions sur la gestion des taxes" avec le ministre du Budget, Gérald Darmanin, et fera "des propositions sur ce sujet avant la présentation du PLF pour 2019".
"L'un des objectifs est de donner plus de responsabilités, de moyens et d'autonomie aux fédérations sportives pour leur permettre de développer le haut niveau, animer le réseau des clubs et associations sportives", a affirmé Édouard Philippe dans son communiqué. Pour lui, ces propositions devaient "concourir à rendre plus simples et lisibles les ressources affectées aux sports". "Depuis un plus d'un an, notre pays a investi dans la préparation des JO 2024, avec le monde sportif comme avec l'ensemble des collectivités territoriales concernées", a insisté le Premier ministre.

Un maillon jugé essentiel au fonctionnement des fédérations

Vendredi, l'AFP avait révélé que dans une lettre de cadrage envoyée le 26 juillet à sa prédécesseur Laura Flessel, Matignon demandait au ministère d'"appliquer un schéma d'emplois de moins 1.600 ETP (équivalent temps plein) au cours de la période 2018-2022" et comptait sur "une transformation du mode de gestion des conseillers techniques sportifs et sur la réduction de leur nombre, ainsi que sur une rationalisation des services déconcentrés".
Cette lettre avait immédiatement mis le feu aux poudres dans un mouvement sportif qui s'inquiète déjà de voir l'État se désengager, avec un budget du ministère qui s'annonce à la baisse pour la seconde année consécutive. En sachant que les CTS, rémunérés par l'État, sont jugés essentiels au fonctionnement des fédérations sportives, à la fois pour le haut niveau et pour le développement des pratiques. Il s'agit des directeurs techniques nationaux, entraîneurs nationaux et conseillers techniques nationaux ou régionaux. En sachant aussi que la crise intervient en plein chantier sur une réforme du modèle sportif français, qui doit aboutir l'année prochaine à la création d'une agence nationale du sport, chargée de piloter le haut niveau et le développement des pratiques sportives.
Dimanche, lors de sa première sortie publique, la nouvelle ministre avait tenté d'éteindre l'incendie, regrettant que le document n’ait pas employé "les bons mots", concédant que le problème lui était "tombé un peu dessus" et assurant vouloir "chercher des solutions".
"C'est une base de discussion, à l'évidence, et après c'est dans la discussion qui se fera avec le Premier ministre que les choses se stabiliseront", avait pour sa part souligné Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, lors de l'émission BFM Politique. "Ce que j'entends de la réaction de Roxana Maracineanu, c'est que d'abord elle connaît bien le milieu du sport et on sait que sans doute le sport français a besoin d'avoir des décisions qui sont prises au plus près du terrain et peut-être un peu moins dans des administrations centrales à Paris", avait poursuivi Benjamin Griveaux.

Directeurs techniques : "Rester très vigilants sur leur statut"

Ce lundi, Roxana Maracineanu a également échangé avec le président de l'association des directeurs techniques nationaux (DTN), Philippe Bana. Une rencontre à l’issue de laquelle celui-ci a exprimé sa "satisfaction". "Elle nous a enthousiasmés par sa compétence, son énergie et sa hauteur de vue. Elle a parfaitement compris les enjeux et on est sur une bonne pente, on va pouvoir travailler en concertation", a-t-il déclaré à l'AFP.
Philippe Bana avait dénoncé ce week-end une "volonté de destruction humaine massive", "stupéfiante et atterrante", le nombre d'agents du ministère se situant entre 3.000 et 4.000. "Nous avons fait des propositions à la ministre pour moderniser les CTS : on peut mieux les piloter au travers des DTN, il peut y avoir des politiques interfédérales sur le développement des pratiques sportives, des mutualisations. Nous sommes ouverts", a-t-il expliqué. "Nous allons rester très vigilants sur leur statut", a-t-il ajouté, relevant que pour Matignon, "leur statut doit être réinterrogé". "Pas question de décaler ou de déstocker leur prise en charge par les fédérations, qui n'en ont ni les moyens financiers ni l'envie. Leur statut doit rester public. Ils sont la peau sur les os du ministère", a-t-il conclu.