Auto-école sociale dans le pays de Vitré

Pour permettre à des jeunes en difficulté d'accéder au permis de conduire, la mission locale du pays de Vitré (35) et l'association Tremplin ont mis en place un dispositif d'apprentissage et d'accompagnement appelé auto-école sociale.

La question de la mobilité des habitants est l'une des priorités du pays de Vitré (qui réunit deux communautés de communes, une communauté d'agglomération, soixante-quatre communes et 91.736 habitants). Une enquête réalisée en 2003 par la mission locale du pays de Vitré sur le thème "Transport et chômage" a montré que 40% des jeunes en âge d'avoir le permis de conduire ne l'ont pas, qu'un quart d'entre eux n'ont pas de moyen de locomotion et qu'un tiers de ces jeunes parcourent 20 km minimum pour accéder à l'emploi. Dans la foulée de cette enquête, plusieurs dispositifs ont été conçus pour améliorer la mobilité, parmi lesquels l'auto-école sociale. L'objectif du dispositif est d'amener les jeunes en difficulté à un niveau suffisant pour passer le permis de conduire, et notamment le Code de la route, dans des conditions normales. Le public susceptible d'être concerné par l'auto-école sociale est sélectionné par la mission locale et ses partenaires : ce sont des jeunes de moins de 26 ans en difficulté sur les savoirs de base.

Première étape : comprendre le vocabulaire du Code de la route

La première partie du dispositif consiste en des séances de formation confiées à Tremplin, association qui dispense depuis 2005, entre autres activités, des ateliers de savoirs fondamentaux (appelés auparavant ateliers de lutte contre l'illettrisme). L'association propose trois séances par semaine de deux heures, avec une permanence délocalisée dans le sud du bassin d'emploi de Vitré. "Nous commençons par faire une évaluation du candidat et nous établissons un planning de formation en fonction de sa capacité à venir aux ateliers et de ce qu'il doit acquérir,  raconte Alain Vaillant, directeur de Tremplin. Nous travaillons sur la compréhension du vocabulaire lié au code : le sens de certains mots comme accotement, signalisation, chaussée est loin d'être évident pour certains de ces jeunes. D'autre part, nous travaillons également avec eux sur la représentation dans l'espace et dans le temps en les familiarisant avec le support vertical projeté. Car là encore, l'appréhension d'une image en deux dimensions ou d'une image en mouvement n'est pas immédiate pour eux. Ce processus de formation en amont peut être assez long, car avant même de trouver la bonne réponse à une question du code, il faut d'abord pouvoir la lire, la comprendre et analyser l'image... On peut aller jusqu'à constater qu'une personne ne pourra pas accéder au Code de la route." La deuxième partie du dispositif conduit les personnes concernées à s'inscrire dans une auto-école en étant accompagnées et financièrement aidées. Trois auto-écoles du pays de Vitré se sont engagées dans le dispositif en signant une charte tripartite avec la mission locale et Tremplin par laquelle elles s'engagent à accueillir ces personnes et à communiquer avec les autres partenaires sur l'avancement de leur démarche.

Prise en charge financière de l'inscription dans l'auto-école

Le budget de l'auto-école sociale s'élève à 16.500 euros par an, financé par la direction régionale du travail, de l'emploi et de l'insertion professionnelle à travers le Fonds d'insertion pour les jeunes (FIPJ). Ce budget comprend la rémunération des intervenants de l'association, la prise en charge de l'inscription à l'auto-école, du forfait code et jusqu'à dix leçons de conduite. Seule l'inscription à l'examen (53 euros) est laissée à la charge du jeune dans un souci de responsabilisation.
Dix personnes ont été concernées par ce parcours en 2006 et cinq personnes nouvelles en 2007.
Deux ont abandonné le dispositif, d'autres ont reporté leur engagement, certains continuent à travailler dans ce dispositif et une personne a passé et obtenu son code. "La plus grand difficulté pour nous est d'obtenir des financements pérennes. Cela nous permettrait de diffuser davantage l'initiative sur le territoire et de prendre en compte le temps long nécessaire pour ce genre d'entreprise, souligne Alain Vaillant. La principale innovation de l'auto-école sociale est de travailler sur les savoirs de base, en amont de ce que propose une auto-école. Cela peut éviter à certains jeunes d'investir de l'argent, du temps et de l'énergie dans l'obtention du permis de conduire alors qu'ils ne sont pas en capacité d'aller au bout de cette démarche sans préparation préalable."

Maryline Trassard, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Association Tremplin

13 rue Pasteur
35500 Vitré
tremplin.vitre@wanadoo.fr

Valérie Hascouêt

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