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Avec 471.000 logements autorisés, 2021 annule les effets de la crise sanitaire

Les derniers chiffres du ministère de la Transition écologique sur la construction de logements permettent de disposer d'une vision sur l'ensemble de l'année 2021. Les autorisations de logement sont en hausse de 19% par rapport à 2020. Mais surtout sur les maisons individuelles. Reprise, aussi, pour les mises en chantier (+10%), là encore surtout pour l'individuel.

La dernière livraison, ce 28 janvier, des statistiques du ministère de la Transition écologique sur la construction de logements porte sur les chiffres au 31 décembre 2021, ce qui permet ainsi de ainsi de disposer d'une vision sur l'ensemble de l'année 2021. Le principal enseignement de ces derniers chiffres est que la reprise de la construction constatée en 2021 efface la chute de 2020, marquée par deux confinements successifs et l'arrêt des chantiers durant plusieurs semaines. Au final, les autorisations de logements (permis de construire) délivrées en 2021 sont supérieures de 0,4% à celles délivrées durant les douze mois précédant la crise sanitaire, autrement dit de mars 2019 à février 2020. Pour leur part, les mises en chantier sont supérieures de 1,6% à celles de la même période. Ces résultats confirment la tendance qui se dessinait à la fin du troisième trimestre de l'an dernier (voir notre article du 2 novembre 2021). Ces progressions s'entendent en données CVS-CJO (corrigés des variations saisonnières-corrigées des jours ouvrés).

Permis de construire : la maison individuelle fait la course en tête

Au total, 471.000 logements ont été autorisés en 2021, soit 74.700 de plus que l'année précédente, ce qui correspond à une hausse de 18,9%. Cette progression par rapport à 2020 est toutefois très contrastée selon les types de logements et bénéficie avant tout aux maisons individuelles. On peut, bien sûr, y voir une soudaine appétence pour les maisons individuelles après les épreuves du confinement en appartement, mais il faut néanmoins rester prudent. Se lancer dans la construction d'une maison individuelle ne se fait pas à la légère et prend plus de temps qu'une "simple" décision d'achat et, plus encore, de location. Il reste qu'en 2021, les autorisations de logements individuels ont progressé de 43.400 unités (+25,8%) par rapport à 2020, pour atteindre 211.800, les logements individuels purs (+26,3%) augmentant un peu plus vite que les logements individuels groupés (+24,3%), autrement dit les lotissements.

La reprise de l'habitat collectif est plus modeste, avec une hausse de 13,9% par rapport à 2020, soit 18.300 unités supplémentaires, ce qui permet d'arriver à un total de 259.200 logements autorisés en collectif. L'an dernier, les autorisations de logements collectifs ordinaires ont progressé plus rapidement (+14,6%) que celles des logements en résidence (+9,8%), à l'image des résidences autonomie. Bien que les chiffres du ministère ne distinguent pas entre parc privé et parc public, il est clair que la reprise du logement collectif est due avant tout au parc privé. Le ministère du Logement vient en effet de publier par ailleurs le chiffre des agréments de logements sociaux, qui n'a progressé que de 8% l'an dernier (voir notre article du 26 janvier 2022).

Un bémol toutefois dans ces bons résultats d'ensemble : si on s'en tient aux seuls chiffres des permis de construire du quatrième trimestre 2021, ceux-ci connaissent une baisse (-3,9%) par rapport au troisième trimestre durant lequel ils avaient progressé de 1,4%.

Mises en chantier : une reprise plus mesurée

De leur côté, les mises en chantiers ont également connu une reprise en 2021, mais de façon plus mesurée. Elles ont atteint l'an dernier un total de 386.700 logements. Ce chiffre correspond à une hausse de 10,7% par rapport à 2020. La aussi, la différence est nette entre l'individuel et le collectif. Les mises en chantier de logements individuels purs ont progressé l'an dernier de 16,4%, pour atteindre un total de 124.900 unités. Il faut y ajouter une progression de 4,3% dans l'individuel groupé, aboutissant à un total de 36.800 unités sur l'année. À l'inverse de l'individuel pur, les mises en chantiers de logements collectifs n'ont progressé que de 6% l'an dernier, pour atteindre un total de 188.700 logements. De leur côté, les mises en chantier de logements en résidence ont connu une très forte progression (+26,5%) l'an dernier, mais ce type d'habitat représente moins de 10% du total des mises en chantier de 2021.

Contrairement au cas des permis de construire, les mises en chantier ont légèrement progressé (+0,8%) au quatrième trimestre 2021, alors qu'elles avaient stagné (+0%) au troisième trimestre. En termes de catégories, les mises en chantier de logements collectifs ou en résidence affichent un recul (-1,3% après -1,6% le trimestre précédent), tandis que les logements individuels continuent de progresser (+3,8% après + 2,2%).

Régions : qui est en tête de la reprise ?

Comme lors de chaque livraison, le ministère publie également les statistiques par régions. Contrairement aux chiffres évoqués jusqu'ici, il s'agit de données brutes. Sans surprise compte tenu de la forte reprise d'ensemble de 2021, toutes les régions affichent des résultats positifs sur les autorisations de logements, avec toutefois des écarts conséquents entre territoires. On trouve ainsi dans le peloton de tête le Centre-Val de Loire (+34,5% de permis de construire), la Bretagne (+31,2%), la Corse (+27,4%), les Pays de la Loire (+26%) et le Grand Est (+25%). En queue de peloton figurent la Normandie (+14,1%), l'Île-de-France (+13%), la Nouvelle-Aquitaine (+12,3%) et les Drom (+12,1%).

Sur les mises en chantier, les résultats de 2021 sont également en hausse par rapport à 2020, à la seule exception de la Corse (-1,8%), qui reste toujours assez atypique compte tenu de l'étroitesse du marché. La reprise la plus vigoureuse des mises en chantier s'est manifestée en Bretagne (+24,5%), en Grand Est (+20,8%), en Centre-Val de Loire (+17,4%), dans les Drom (+15%) et dans les Hauts-de-France (+14,3%). La reprise est en revanche sensiblement moins prononcée en Occitanie (+6%), en Normandie (+5,5%), en Île-de-France (+5%) et en région Sud Paca (+2,5%).

Chez les professionnels un optimisme mêlé de prudence, ou l'inverse

En septembre dernier à l'occasion de sa conférence de rentrée, la FFB (Fédération française du bâtiment) s'était montrée prudemment optimiste sur la reprise qui s'esquissait déjà, tout en évoquant une "relance bridée" par différentes contraintes (voir notre article du 17 septembre 2021). La reprise était cependant particulièrement nette en matière d'emploi dans le BTP, la FFB évoquant même "l'impressionnante dynamique de l'emploi dans le secteur", qui tiendrait à "la profondeur des carnets de commandes".

On retrouve également ce mélange d'optimisme et de prudence face aux chiffres de l'ensemble de l'année 2021. Ainsi, dans un communiqué du 26 janvier juste avant la publication des chiffres du ministère, la Capeb (artisans du bâtiment) annonçait une croissance de 12,5% en 2021, après un recul de 9% en 2020, aboutissant à une croissance de 2,5% par rapport à l'année de référence de 2019. La croissance de l'activité est même de 3,5% au quatrième trimestre 2021. Même si elle estime la croissance de l'artisanat du bâtiment entre 2 et 3% pour l'année 2022, la Capeb "appelle néanmoins à la prudence car les entreprises devront encore en 2022 anticiper et gérer les risques liés aux difficultés d'approvisionnement avec une hausse durable des coûts, sans oublier l'impact sensible de la crise sanitaire qui désorganise les entreprises".

Certains versent même dans le pessimisme. Interrogé par l'AFP, Pascal Boulanger, le président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), estime qu'"on est repartis vers une crise du logement", faute d'un nombre suffisant de délivrances de permis de construire. Le nombre de ces derniers reste en effet inférieur à la situation antérieure à 2017, qui avait connu un pic de 500.000 autorisations de logements. "Je n'arrête pas d'alerter les pouvoirs publics, les maires : attention, vous ne signez pas assez de permis de construire", explique ainsi le président de la FPI. Une crainte accrue par l'exclusion prochaine des passoires thermiques (étiquettes F et G) du marché locatif, ce qui risque d'accroître la tension sur les prix.

 

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