Avec la donnée, le régulateur se met "à portée de baffes" des collectivités

L’Arcep a fait le bilan de cinq ans de régulation par la donnée à l’occasion de la publication de cartes de couverture mobile plus fiables. Une stratégie destinée à éclairer les choix des consommateurs mais aussi à nourrir le dialogue avec les collectivités. Quitte à "se prendre des baffes" selon l’expression du régulateur.

Le 8 décembre 2020 l’Arcep a publié de nouvelles cartes de couverture mobile fiables à 98%, contre 95% auparavant. Trois petits pourcents seulement mais qui ont nécessité une remise à plat des algorithmes de simulation de couverture utilisés par les quatre opérateurs mobiles. Le résultat montre pour chaque opérateur "une couverture parfois rétractée par rapport à leurs précédentes publications. Naturellement, cette rétractation a aussi pu être compensée par de nouveaux déploiements", souligne l’autorité. Les algorithmes ne seraient cependant pas encore totalement au point, la confrontation des nouvelles cartes théoriques aux mesures terrain de l’autorité révélant encore des marges de progrès.

 

Nourrir le dialogue avec les élus

Avec ces nouvelles cartes – désormais disponibles à l’échelle départementale pour faciliter la recherche de sites pour le New deal mobile- l’autorité entend "nourrir un dialogue plus concret avec les élus locaux", quitte à se "prendre des baffes" si elles sont trop éloignées du terrain. Car si la carte parfaite ne verra jamais le jour, les données contribuent à dépasser un simple ressenti, surtout si elles sont croisées avec des mesures réalisées sur le terrain. C’est toute la philosophie de la "régulation par la donnée" dont l’autorité vient de faire le bilan. En cinq ans, l’Arcep a mis en place de nouveaux outils comme Carte fibre et, tout dernièrement, Ma connexion internet. Ce dernier site, encore en phase de test, répertorie les technologies et débits disponibles à l’adresse. Ces trois plateformes sont autant destinées à éclairer les choix des consommateurs , à stimuler la concurrence qu’à suivre les avancées des politiques publiques d’aménagement numérique des territoires.

 

Des remontées terrain intégrés

Si la première brique de ces plateformes est constituée de données fournies par les opérateurs d’infrastructures et de services, elles tendent à s’enrichir des mesures terrain et notamment de celles financées par collectivités. Leur intégration n’est cependant que progressive, l’autorité ne prenant en compte que les mesures respectant les protocoles qu’elle a définis dans son "code du régulateur". Monreseaumobile intègre ainsi les campagnes de mesure par "drive test" réalisées par trois régions (Ara, Pays de Loire, Hauts-de-France) et un département (Cher). La prise en compte des données crowdsourcées (produites par les utilisateurs), via les applications mobiles de collectivités (Kicapte, Tadurézo, Gigalis, Tu captes…), les applications grand public (DebiTest, 5Gmark, nPerf…) ou la plateforme de l’autorité J’alertelarcep est en revanche encore à l’étude. Dans le domaine du fixe, l’autorité cherche aussi à fiabiliser les applications grand public de mesure de qualité de service. Elle a ainsi conçu une API qui permettra à chaque box de remonter automatiquement la technologie utilisée (fibre optique, ADSL…), le débit souscrit et la qualité du Wi-Fi.

 

Des données ouvertes réutilisées et contrôlées

Les données des plateformes de l’Arcep sont par ailleurs publiées en open data. Elles offrent la possibilité aux collectivités d’alimenter leurs propres observatoires du THD, comme celui de Corse ou du Centre Val de Loire. Elles permettent également aux élus de titiller le régulateur à défaut de lui donner des baffes. Après avoir relevé des taux de couverture en fibre supérieurs à 100% dans certaines communes, liés à l’usage de données de population obsolètes, l’Avicca a ainsi noté des bizarreries sur les dernières données FTTH de l’autorité. Celles-ci gonflaient artificiellement les performances de certains opérateurs. Et si pour le moment il ne s’agit que de consolidations entre spécialistes de la data, ces données pourraient devenir critiques quand il s’agira de contrôler les engagements L33-1 des opérateurs dans les zones AMII et Amel.