Avec Tapaj, des jeunes en errance découvrent à Pau le travail rétribué (64)

En 2016, la ville de Pau a commandité des travaux d’insertion à une association dans le cadre du "travail alternatif payé à la journée", Tapaj. Ces chantiers courts, ne nécessitant aucune qualification ni engagement dans la durée, sont destinés à des jeunes marginalisés qui peuvent ainsi renouer avec le travail rétribué.

Après les élections municipales de 2014, la ville de Pau a renforcé les effectifs de sa police municipale et multiplié les caméras de vidéoprotection. Elle a aussi souhaité mettre en place un volet de prévention pour donner des alternatives aux jeunes désocialisés de 18 à 25 ans, en leur permettant de travailler quelques heures pour gagner de l’argent, dans un cadre très souple qui peut évoluer dans le temps.

Lors d’une présentation nationale de Tapaj, la première adjointe au maire, qui était alors Josy Pouyeto, a été convaincue par la progressivité du parcours proposé aux jeunes marginalisés et par son volet financier qui n’a pas recours aux subventions. D’où la décision de l’expérimenter.

Première phase : prise de contact et formule très souple

Le dispositif est porté en partenariat par une association locale de lutte contre les addictions, CEID Béarn Addictions, une association intermédiaire l’APS (Agence paloise de services) et l’Organisme de gestion des foyers Amitiés (OGFA). Dans le cadre de chantiers précis (désherbage, nettoyage…), sept jeunes travaillent une fois par semaine durant quatre heures, en étant encadrés par un éducateur. Un salaire de 10 €/h leur est versé à la fin de la journée sous forme de lettres chèque, échangeable immédiatement en liquide à La Poste.

L’occasion de renouer avec les aides médicales et sociales

Les travailleurs sociaux trouvent dans Tapaj une occasion pour nouer un contact avec ces jeunes éloignés de tout dispositif : "La participation d’un jeune à un chantier Tapaj permet de le mettre en contact avec la permanence d’accès aux soins médicale, dentaire, et avec un éducateur professionnel", précise le directeur.

Apaiser les tensions dans un quartier

"Nous ne vendons pas qu’un service, souligne le directeur de l’association CEID Béarn Addictions. Sur un chantier de désherbage par exemple, la plupart des jeunes étaient précédemment connus par le voisinage pour mendicité. Depuis trois ans qu’il fonctionne à Pau, Tapaj contribue à apaiser les tensions : celui qui a désherbé respecte mieux l’environnement et ses habitants, lesquels modifient, à leur tour, leur regard sur les jeunes."

26 jeunes en 2016 pour 36 chantiers d’insertion

Pour l’instant, seule la première étape du dispositif est en place à Pau, essentiellement commanditée par la ville. 26 jeunes l’ont expérimentée en 2016. Même si cette première étape ne leur procurer assez de moyens pour vivre, les 36 chantiers leur ont redonné le sens du travail rémunéré et l’envie éventuelle d’abandonner la manche ou les trafics pour aller plus loin… "Les services de la ville sont très satisfaits", témoigne le professionnel.

Equilibre financier et salaire en fin de journée pour les jeunes

"Au tarif de 25 € brut l’heure, la formule Tapaj n’est pas concurrentielle avec le marché, et cette première phase est à l’équilibre grâce au seul produit du travail des jeunes", précise le directeur de l’association qui porte techniquement le dispositif à Pau (CEID Béarn Addictions), Jean-Philippe Henrotin. Une fiche de salaire est établie en fin de mois. Pour les établir, le CEID a recours comme employeur à une association intermédiaire, l’Agence paloise de services.

Passage aux étapes suivantes

"Nous rencontrons quelques difficultés pour passer aux phases suivantes faute de commande suffisante de chantier par le secteur privé (chantiers sur deux ou trois jours dans la semaine sans accompagnement permanent, puis projet d’insertion professionnelle), mais nous constatons que la souplesse de Tapaj plaît aux jeunes. Sans prétendre à de l’insertion professionnelle, la première phase nous donne l’opportunité de nous adresser aux plus éloignés de tout, ceux dont personne ne veut."

Travail alternatif payé à la journée pour des jeunes en errance
Créé au Québec et introduit à Bordeaux en 2012, le programme Tapaj s’inscrit dans le cadre d’une expérimentation nationale. Il propose des sessions de travail à des jeunes en très grande précarité, avec un principe de progressivité. Ce programme d'insertion repose sur un démarrage en douceur, très souple - pas de qualification, pas d’engagement dans la durée, paiement en fin de journée - et un principe de progressivité. Le dispositif fonctionne déjà dans une vingtaine de collectivités (voir carte à télécharger ci-dessous).

Commune de Pau

Nombre d'habitants :

80000
Hôtel de Ville, Place Royale
64036 Pau Cedex

Josy Poueyto

Députée, élue en charge des quartiers, de la politique de la ville et du Tour de France

Comité d'étude et d'information sur la drogue et les addictions / Béarn Addictions

25 bis rue Louis Barthou
64000 Pau
bearn@ceid-addiction.com

Jean-Philippe Henrotin

Directeur de CEID Béarn Addictions

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