Baromètre du Crédoc : un numérique devenu indispensable mais des inégalités persistantes

Étude de référence, le baromètre du numérique décortique l'équipement, les usages et pratiques numériques des Français. Si le niveau d’équipement ne cesse de s'améliorer, avec un certain rattrapage des zones rurales, les pratiques restent très hétérogènes, reflet de la fracture sociale.

Plus de 4.000 personnes ont été interrogées par le Credoc pour réaliser ce qui constitue l’étude de référence sur les pratiques numérique du Français. Un baromètre extrêmement riche, chacun des quatre commanditaires – Arcep, Arcom, CGE et ANCT – ayant proposé des questions sur son domaine d’intervention : réseau, audiovisuel, fracture numérique… Que retiendra-t-on de ce millésime du point de vue des collectivités ?

94% des abonnés à la fibre satisfaits

En matière de réseaux, la fibre est devenue le réseau utilisé par plus de la moitié des répondants (56%). Un pourcentage en hausse de 17% par rapport à 2020, et désormais porté par les zones rurales où la fibre fait un bond de 34% en deux ans. C'est un réseau jugé "de qualité" pour 94% des abonnés à la fibre qui compte à peines 6% de mécontents. Ce chiffre fait plus que doubler chez les abonnés DSL (14%), les mécontents se concentrant dans les zones rurales. Côté mobile, le taux d’utilisateurs satisfaits de leur connexion mobile s'échelonne de 85% pour le passage d’appels vidéo à 92% pour l’usage de messages textes. Là encore, les zones rurales comptent plus de personnes insatisfaites (16%) même si la situation s’améliore par rapport à 2019. Côté équipement, 87% des 12 ans et plus sont équipés d’un smartphone et le nombre de personne équipées en téléphone fixe commence à décroître (80%). On notera aussi que le temps d’écran ne cesse d’augmenter avec en moyenne 32 heures par semaine passées devant un écran. On notera enfin que 31% des Français estiment possible de se passer d’internet quelques heures au maximum, ils étaient 8% en 2011.

Difficultés à effectuer des télédémarches

La prééminence du smartphone se retrouve dans les usages, 92% l'utilisant pour naviguer sur internet (+9 points en 4 ans). Dans les catégories d'usage, les réseaux sociaux ont entamé une décrue pour la totalité des classes d’âge et notamment chez les moins de 40 ans en passant sous le seuil des 70%. Une décroissance qui semble profiter aux messageries instantanées utilisées par 89% des Français. Autre fait marquant : le maintien de pratiques issues de la crise sanitaire telles que l’achat en ligne pratiqué au moins une fois par mois par 49% des personnes interrogées (contre 29% en 2016). La réalisation de démarches administratives se maintient à 71% sans augmenter. On notera aussi que le nombre de personne à rencontrer des difficultés dans la réalisation de démarches augmentent en atteignant 54%.

Fracture sociale plus que générationnelle

La maîtrise des outils reste en revanche très hétérogène comme le montrent par exemple les chiffres sur la capacité des personnes à modifier les paramètres d'affichage de leur terminal. Plus globalement, 52% des personnes estiment ne rencontrer aucun frein à l’usage de leur terminal, un chiffre en régression (65% en 2020) à rapprocher d’une numérisation tous azimuts de la société. La fracture générationnelle tend cependant à se réduire : 96% des soixantenaires étant désormais internautes contre 81% en 2019. Plus surprenant, ces chiffres sont en régression chez les plus de 70 ans après le pic du confinement, passant de 71% à 63%. Le principal différentiel dans les pratiques reste désormais la catégorie sociale et le niveau d’éducation. Pour ne prendre que les démarches administratives, les taux dépassent les 80% pour les CSP+/diplômés quand ils atteignent à peine 42% pour les non diplômés.

  • Climat : commencer par ne pas changer de télévision

Une étude Ademe Arcep de 2022 avait pointé la responsabilité des terminaux dans la facture écologique du numérique qui représentent 75% des émissions de gaz à effet de serre. Le baromètre du numérique confirme qu’il y a une marge de progression dans le domaine. Ainsi, 45% des détenteurs de téléviseurs le conservent moins de 4 ans. Un peu plus de 30% le conservent plus de 7 ans. Pire : près de la moitié des répondant concèdent que leur téléviseur marchait encore.