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Environnement - Bassin Rhône-Méditerranée : 40% des cours d'eau contaminés par des pesticides

Dans son rapport annuel 2011 publié le 20 mars, l'agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse estime que 40% des cours d'eau et 20% des nappes phréatiques de son territoire sont pollués par des pesticides et que la moitié des rivières seulement sont dans un bon état écologique. "Environ 40% des rivières sont imbibées de pesticides, essentiellement des herbicides, dont on voit bien que leur durée de vie excède largement celle passée dans les champs", a souligné Martin Guespereau, le directeur général de l'agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse lors de la présentation du rapport. "Le premier d'entre eux est le glyphosate, commercialisé sous le nom de Roundup, et on ne constate pas d'évolution à la baisse de ce polluant dans nos relevés", a-t-il regretté. Quelque 4.000 tonnes de ce pesticide sont commercialisées annuellement dans les bassins Rhône-Méditerranée et Corse. Dans les pesticides retrouvés, certains sont interdits, justement parce que leur persistance dans l'environnement est trop longue. Mais à quelques endroits, "une utilisation actuelle de ces pesticides interdits n'est pas exclue car les concentrations de la molécule mère ne baissent pas", relève Martin Guespereau.
Deux territoires sont très suspects aux yeux de l'agence : certaines parties du Beaujolais et du Roussillon. Globalement, 38 nappes phréatiques du bassin hydrographique et 49 captages "dépassent la norme de potabilité et nécessitent un traitement lourd pour rendre l'eau potable", indique le rapport. La valeur limite de 2 µg/l à ne pas dépasser pour qu'une eau brute puisse être utilisée pour fabriquer de l'eau potable est largement dépassée pour des stations situées sur l'Ouche, en Côte-d'Or, la Reyssouze dans l'Ain et l'Aussous dans l'Aude. A noter que les traitements supplémentaires à effectuer pour rendre l'eau potable ont un coût que, dans une estimation de 2011, le ministère de l'Ecologie a évalué, pour la France entière, entre 300 et 450 millions d'euros. En ajoutant le surcoût lié aux nitrates, l'addition totale s'élève entre 400 et 700 millions d'euros. Dans le bassin Rhône-Méditerranée, la pollution aux nitrates est toutefois limitée à quelques rivières situées dans le Lauragais et le Beaujolais, a indiqué Martin Guespereau.
Le directeur de l'agence a signalé des progrès sur les phosphates, désormais totalement interdits (leur concentration dans les rivières a été divisée par 10 depuis les années 90), et sur les pollutions organiques grâce à la mise aux normes progressive des stations d'épuration. En 20 ans, la concentration en ammonium, responsable de la prolifération de végétaux dans les rivières, a ainsi été divisée par 10. La diminution des pollutions chimiques entraîne en outre un retour des espèces d'invertébrés les plus sensibles à la pollution dans les rivières (l'indice de peuplement est passé de 4 à 6 sur une échelle de 9 depuis 20 ans).
Le rapport indique également que 60% des rivières (seulement 20% en Corse) sont déformées (barrages, digues, prélèvements, etc.), ce qui altère leur bon fonctionnement écologique (faune et flore) et peut aussi accentuer certains phénomènes (crues, blocage de sédiments, érosion). L'impact des prélèvements est particulièrement fort sur les grandes zones agricoles du sud du bassin Rhône-Méditerranée ou sur la moyenne vallée de la Durance, ce qui a affecté la vie piscicole. Par contre, sur le Rhône, à l'aval de Lyon, l'augmentation du débit réservé du fleuve et le recreusement des lônes dans sa partie court-circuitée ont permis d'augmenter de 15 à 70% le taux de poissons d'eau courante.
L'agence a par ailleurs annoncé le lancement à partir de juin 2013 d'une application "Qualité des rivières" pour les smartphones qui permettra de consulter directement la qualité de chaque cours d'eau.