Bouteilles en plastique, canettes : les collectivités reviennent à la charge contre la "fausse consigne"

Via deux communiqués des 3 et 7 avril derniers, dix associations de collectivités exhortent "une dernière fois" le gouvernement à prendre les mesures nécessaires pour conjurer le spectre de la "fausse consigne" des bouteilles en plastique, inéluctable si la collecte séparée de ces dernières n'atteint pas 90% en 2026. Le combat est le même pour les canettes. Trois associations de collectivités viennent ainsi de répondre à l'appel à la mobilisation générale en faveur du recyclage de cet emballage en vogue qui vient d'être lancé par ses fabricants.

Le sujet est en passe de devenir un marronnier : la bataille de la "fausse consigne" des bouteilles plastiques fait à nouveau la une. Tour à tour, l’Association des maires des France, Intercommunalité de France et le Cercle national du recyclage d’une part, dans un communiqué du 3 avril, Amorce, l’Association des maires ruraux de France, l’Association des petites villes de France, Villes de France, France urbaine, Départements de France et l’Association nationale des pôles territoriaux et des pays d’autre part, dans un communiqué du 7 avril, appellent le gouvernement à prendre définitivement position contre cette "fausse bonne idée" et à prendre de "vraies mesures contre la prolifération du plastique jetable".

Le temps joue contre les collectivités

"Alors que la pression des lobbys sur les pouvoirs publics s'accroît à nouveau", observe le premier communiqué, les deux collectifs invitent "une dernière fois" l’exécutif à mettre en œuvre les 14 mesures que ces dix associations avaient proposées en avril 2023 "pour lutter efficacement contre la pollution des emballages plastiques" (lire notre article du 19 avril 2023). Car, "deux ans plus tard, aucune mesure n'a été adoptée, malgré plusieurs relances, et les résultats sont catastrophiques", pointe le second communiqué. Or il y a urgence, puisque faute de résultats probants en matière de collecte séparée de ces bouteilles - il faut notamment atteindre un taux de 80% en 2026 pour pouvoir bénéficier d'un régime dérogatoire -, la France n'aura d'autre choix que de mettre en œuvre cette fausse consigne, comme le prévoit le nouveau règlement Emballages (lire notre article du 5 mars 2024) publié le 22 janvier dernier. "L'inaction de l'État joue en faveur de cette fausse bonne idée environnementale qui laisse croire aux Français qu'ils seront récompensés financièrement pour un geste écologique", souligne le communiqué du 7 avril. Une inaction qu'Amorce estimait naguère voulue par un État "pariant sur le pourrissement de la situation" afin, précisément, de rendre ce dispositif inéluctable (lire notre article du 24 janvier). "Face à cette situation, les élus locaux […] expriment leur colère face à la passivité des gouvernements successifs, face aux lobbys des boissons et eaux en bouteille, déjà stigmatisés dans d'autres dossiers". Pas sûr toutefois que cette "saine colère" suffise.

Un appel pour recycler davantage les canettes

Le combat est le même pour la canette, qui célèbre ses 90 ans cette année. Pour preuve, les fabricants de cet emballage "aux multiples atouts" – "ultra légère, incassable, créative, facilement et entièrement recyclable" –, réunis au sein du GIE La Boîte boisson, viennent de lancer, le 25 mars dernier, un "appel à la mobilisation générale" pour "faire décoller le recyclage dans le pays" (sic) et viser "90% de canettes recyclées en 2030" (pour mémoire, le règlement précité fixe l'objectif d'une collecte séparée de 90% au 1er janvier 2029). Et le GIE de concéder que "pour le moment, il est en effet limité à 1 canette sur 2 alors que cette proportion est de 75% en moyenne en Europe". Pour y parvenir, le GIE vient de lancer une "charte d’engagement pour l’accélération de la collecte des canettes en aluminium", qu'il a co-signée avec six autres organisations, dont l'Association des maires de France, Villes de France et Intercommunalités de France. "D'autres devraient bientôt les rejoindre", précise-t-il. Les signataires s'y engagent à actionner quatre leviers : 

- l'amélioration des recueil et partage de données sur la collecte, la récupération des mâchefers non ferreux et le recyclage des canettes ;

- la sensibilisation des habitants pour qu'ils considèrent la canette "comme une ressource, et non un déchet" ; 

- l'amélioration de la collecte hors foyer, notamment via le programme "Chaque canette compte" ; 

- le tri, notamment en poursuivant l'équipement avec une machine à courant de Foucault à même de récupérer ces canettes.

Là encore, il y a urgence car le GIE n'est pas sans vanter que la canette est "l'unique emballage boisson en croissance : +3,4% en 2024 en magasins". L'an passé, elle "est même passée de la troisième à la deuxième position des emballages les plus vendus en magasins, devant le verre, mais toujours derrière le plastique".

 

 

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