Caisse des Dépôts : des résultats solides malgré un contexte mouvant

Les résultats annuels pour 2022 de la Caisse des Dépôts ont été présentés ce 23 mars. Le résultat net a résisté aux divers éléments de contexte défavorables. S'agissant de la Banque des Territoires, 2022 aura été "une bonne année", tant en matière de prêts que d'investissement. Y compris pour soutenir les projets portés par les collectivités locales. L'accompagnement de ces collectivités en matière de transition écologique représente un axe prioritaire.

Avec un résultat net de 4,2 milliards d’euros l’an dernier, contre 4,6 milliards un an plus tôt, le groupe Caisse des Dépôts peut se prévaloir d’une tenue de route "très solide" compte tenu d’un contexte défavorable à plus d’un titre. Une performance relevée ce 23 mars lors de la présentation à la presse des résultats de la Caisse des Dépôts par son directeur général, Eric Lombard, qui évoque "une rentabilité des fonds propres de 7%, un peu au-dessus de notre objectif". L’enjeu global étant de "continuer à agir" en faveur, avant tout, de la transition écologique et de la cohésion sociale et territoriale.

Après une année 2021 "exceptionnelle", la "section générale" affiche pour 2022 un résultat net de 3,3 milliards (3,9 milliards l’année précédente). En cause, la baisse des marchés boursiers et obligataires, en partie compensée toutefois par la "qualité" et la rentabilité des portefeuilles financiers et le dynamisme des participations stratégiques.

Côté fonds d’épargne, le résultat net de l’an dernier s’élève à 886 millions, contre 710 millions en 2021. Un "très bon résultat" notable sachant qu’il est intervenu malgré une forte hausse des charges liée à celle du taux du livret A. Il a été permis par une collecte très élevée, ainsi que par la performance de portefeuilles indexés sur l’inflation.

La Banque des Territoires a investi dans plus de 410 projets

Considérant le détail des chiffres et tendances marquantes par "grands métiers", celui de la Banque des Territoires marque une "bonne année", a estimé son directeur Olivier Sichel. En sachant que la Banque des Territoires a notamment bénéficié d’un niveau record des dépôts des notaires, dopé par un marché immobilier encore dynamique en 2022 (une baisse est envisagée pour cette année, suivie d'une stabilisation).

Résultat : un encours de prêts de 196 milliards d’euros et 13,6 milliards de nouveaux prêts. Sur ces nouveaux prêts, 11,5 milliards sont allés au logement social et à la politique de la ville. La construction et la rénovation de logements sociaux "demeure notre priorité centrale", a insisté Eric Lombard à l’heure où d’aucuns s’interrogent sur une possible participation du fonds d’épargne au financement de réacteurs nucléaires (une hypothèse qui fait partie des "sujets sur la table" mais qui en tout état de cause ne concernerait qu’une "petite partie" du fonds d'épargne). Les prêts aux collectivités ont pour leur part représenté 1,1 milliard d'euros. S’y est ajouté 1 milliard au bénéfice de la Société du Grand Paris.

Côté investissement, la Banque des Territoires, qui tournait auparavant autour de 600 millions d’euros engagés, a désormais atteint un "rythme de croisière" de 2 milliards d’euros, engagés sur plus de 410 projets. Le portefeuille des engagements atteint aujourd’hui près de 7 milliards d’euros. Et Olivier Sichel de parcourir une carte de France des projets pour citer quelques exemples concrets : la création en Normandie, avec les collectivités, de la SEM Axe-Seine Energies Renouvelables centrée sur le photovoltaïque ("la Banque des Territoires finance aujourd’hui 20% des capacités en énergies renouvelables", indique au passage Olivier Sichel), la création d’une foncière départementale dans la Nièvre pour redynamiser les commerces de centre-ville (en lien avec les programmes Action cœur de ville et Petites villes de demain), la participation au financement de la construction de l’hôpital de Paris-Saclay…

Mentionnant aussi par exemple un prêt de 5,4 millions d’euros accordé pour la réhabilitation et l’extension d’un Ehpad dans le Morbihan, Olivier Sichel souligne que la Banque des Territoires est aujourd’hui "très présente sur les Ehpad publics" avec un total de 370 millions d’euros de prêts. Ces Ehpad subissant actuellement un important "effet de ciseaux", un "plan spécial" pourrait d’ailleurs être envisagé. La Banque des Territoires fait également partie des partenaires des maisons Âges&Vie, formule d’habitat partagé pour les personnes âgées. De même, sur la santé et la lutte contre les déserts médicaux, le développement de maisons de santé et autres formules d’accès aux soins sont d’actualité, que ce soit en milieu rural ou en quartiers politique de la ville.

Transition écologique : "faire preuve de pédagogie"

Vis-à-vis des collectivités, le principal enjeu pour la Banque des Territoires est "clairement la transition écologique, de façon très opérationnelle", considère Olivier Sichel, mentionnant par exemple l’outil Prioréno mis à la disposition des collectivités en vue de la rénovation énergétique de leurs bâtiments. Et au-delà de l’énergie, "la problématique de l’eau" se fait de plus en plus pressante.

A ce titre, le directeur constate qu’il faut parfois "faire preuve de pédagogie" en direction de certaines collectivités qui, par souci de gestion sage, seraient presque devenues "trop vertueuses", auraient développé une forme d’"allergie à la dette longue". Or "qui dit transition écologique dit investissements et donc endettement de long terme", souligne-t-il. "La bonne collecte du livret A le permet, et les besoins sont là". La faute serait de "laisser une dette écologique".

En évoquant ses priorités pour les années à venir, Eric Lombard fait naturellement lui aussi de "la transformation écologique de notre pays" le premier "impératif". Il y inclut les énergies renouvelables, la rénovation des bâtiments et logements, les mobilités décarbonées, les réseaux de recharge électrique, mais aussi l’adaptation au changement climatique, la biodiversité… ce dernier champ étant notamment porté par CDC Biodiversité et son travail de mesure (avec le "global biodiversity score"), de renaturation et de compensation.

Autres grands axes : la "souveraineté" (en participant à "la réindustrialisation" du pays et en travaillant sur "les infrastructures essentielles"), le maintien des services publics locaux (France Services, espaces numériques avec La Poste…) et, encore et toujours, la construction et rénovation de logements.

Logement : "poursuivre les efforts d’investissement"

Eric Lombard reconnaît que le rythme de la production de logements sociaux en 2022 s’est avéré "un peu décevant", même si Kosta Kastrinidis, le directeur des prêts de la Banque des Territoires, ne constate pas de "chute" du volume des prêts destinés à la production de logements sociaux. Certes, les chiffres stables "peuvent être un peu en trompe-l’œil" du fait du décalage entre le temps du financement et celui des mises en chantiers.

Même si l’on constate, donc, de premiers "signes de ralentissement" et si les organismes de logement social connaissent des tensions du fait de l’augmentation de leurs charges financières, "les fondamentaux sont sains" et permettent de "poursuivre les efforts d’investissement", juge Kosta Kastrinidis.

Et celui-ci de rappeler les diverses dispositions prises en faveur du secteur : les mesures de réaménagement de dette, la nouvelle enveloppe de titres participatifs de 250 millions (celle de 1 milliard liée au plan de relance ayant été entièrement consommée), le "bouclier financier" mis en place fin février pour faire baisser le coût de la construction… ou encore, s’agissant de la rénovation ou transformation du parc HLM, l’éco-prêt et l’expérimentation "Seconde vie du bâtiment" proposant des financements équivalents à ceux destinés au logement neuf.

Eric Lombard considère que l’un des "freins" à la construction de logements se situe au-delà des outils financiers : pour les élus locaux, le fait de construire ne crée pas de ressources fiscales nouvelles mais génère en revanche des coûts supplémentaires liés à la création d'équipements ou services. D’où le nécessaire "travail de motivation des élus" à mener avec le ministre Olivier Klein et les acteurs du logement social.

 

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