Emploi - Camif : le "plan Orsec" du gouvernement déçoit les élus
Le 22 octobre 2008, Camif Particuliers, filiale du groupe de vente par correspondance Camif, est placée en liquidation judiciaire, en raison de tensions de trésorerie conjuguées avec les effets de la crise économique. Conséquences immédiates : 780 suppressions d'emplois, dont 568 sur le site de Niort. Face à cette annonce fracassante, Luc Chatel, secrétaire d'Etat chargé de l'industrie et de la consommation, s'est rendu le 30 octobre 2008 sur place pour rencontrer les élus et les membres du comité d'entreprise de la société et proposer un "plan exceptionnel". Première mesure : la création d'une plateforme emploi-formation qui regroupera les prestations des différents partenaires œuvrant au reclassement. Cette plateforme, dotée d'un budget de deux millions d'euros, sera chargée du conseil en formation, de l'appui à l'évaluation et du financement des actions de formation, en lien avec le conseil régional. Autre proposition : la mise en place d'une convention de reclassement personnalisée qui permettra aux bénéficiaires de percevoir une allocation spécifique de reclassement. Une allocation dont le montant sera calculé sur la base du salaire brut moyen des douze derniers mois et sera égal à 80% les trois premiers mois, et à 70% les cinq derniers mois, soit 17.000 à 20.000 euros par personne, pour un coût total de 20 millions d'euros. Enfin le secrétaire d'Etat compte utiliser pour la première fois les possibilités offertes par le Fonds national de revitalisation. Ce fonds, dont la création avait été annoncée par Nicolas Sarkozy en février 2008, "permet d'accorder des prêts participatifs à des entreprises qui souhaiteront se développer sur des territoires, qui comme à Niort, ont subi des restructurations émanant d'entreprises non soumises à l'obligation de revitalisation", indique ainsi le communiqué du gouvernement. Il est doté de 50 millions d'euros pour les trois années à venir. Le bassin niortais serait donc le premier à bénéficier de l'aide de ce nouvel outil. Mais ce "plan Orsec" a quelque peu déçu syndicats et élus. "Je ne suis pas certain que le secrétaire d'Etat a pris la mesure de la spécificité de l'outil Camif ni la spécificité d'un bassin de vie où l'économie sociale est très forte", explique Jean-Luc Drapeau, le vice-président du conseil général des Deux-Sèvres. "Nous voyons des sommes considérables pour recapitaliser des banques, mais on ne recapitalise pas une entreprise qui aurait très bien pu rebondir, poursuit-il. La formation et le reclassement sont importants mais, aujourd'hui, on a surtout besoin d'aide à la création car il y a une forte volonté de créer." Et de souligner : "Elus et syndicats, qui s'inquiètent également pour le sort des sous-traitants, devraient prochainement faire remonter leurs propositions au gouvernement."
De son côté, la région Poitou-Charentes a mis en place un fonds régional d'assurance-crédit, destiné à soutenir les entreprises touchées par la liquidation de la Camif. La région met aussi à disposition des salariés licenciés le contrat régional de sécurisation des parcours professionnels. Un outil qu'elle a créé en septembre 2008 et qui garantit aux salariés victimes d'un licenciement économique une indemnisation représentant 90% de leur salaire net pendant dix-huit mois. Enfin, la région Poitou-Charentes demande au gouvernement la création d'une société de capital risque pour soutenir les porteurs de projets créateurs d'emplois. Une société à laquelle les collectivités pourraient être associées.
Emilie Zapalski