Casiers pour téléphones au collège : les départements opposés à une généralisation
Départements de France s'oppose à toute généralisation de l'expérimentation, lancée en cette rentrée scolaire 2024, obligeant les élèves à déposer leur téléphone dans des casiers à l'entrée des collèges. L'association met en avant un coût très important et des risques juridiques.

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Alors que Nicole Belloubet, ministre de l'Éducation nationale démissionnaire, doit se rendre mardi 3 septembre 2024 au collège Claudine-Hermann de Massy (Essonne) qui étrenne à l'occasion de la rentrée scolaire la "pause numérique", l'association Départements de France s'est déclarée opposée à la généralisation de cette expérimentation qui vise à obliger les collégiens à déposer leur téléphone à l'entrée de leur établissement.
La ministre avait annoncé lors de sa conférence de presse de rentrée, le 27 août, que serait lancé dès septembre dans plus de deux cents établissements volontaires un nouveau dispositif afin de "lutter contre le cyberharcèlement et l'addiction aux écrans chez les jeunes". Dispositif qui serait ensuite généralisé en janvier 2025. Dans un communiqué publié trois jours plus tard, Départements de France se dit "évidemment favorable à l'idée d'interdire l'usage des téléphones dans les collèges", mais récuse "une généralisation précipitée et coûteuse".
Une facture de près de 130 millions d'euros
Pour l'association regroupant les présidents des conseils départementaux, responsables du bâti des collèges, cette généralisation aurait un coût de près de 130 millions d'euros pour les 6.980 collèges de France. Départements de France fait état d'une note du ministère de l'Éducation nationale indiquant pour un collège moyen de 450 élèves une facture comprise entre 10.000 et 18.000 euros TTC pour l'installation de casiers basiques destinés à retenir les téléphones durant le temps scolaire. Quant à l'installation d'une serrure mécanique à code, plus sécurisée, elle représenterait un surcoût minimum de 9.000 euros TTC.
Et à la question du coût s'ajoute celle de la responsabilité. Et pour cause : "Au prix des portables actuels, ce sont plusieurs dizaines de milliers d'euros de biens qui seraient stockés dans ces dispositifs", avance Départements de France. "En cas de dégradation ou de vol, qui sera responsable ? L'Éducation nationale qui aura porté cette mesure ? Le collège qui n'a rien demandé ?" s'interroge l'association.
Faire respecter la loi par les assistants d'éducation
Dans ces conditions, Départements de France s'oppose "à une généralisation précipitée de la 'pause numérique' par l'intermédiaire de casiers, sans concertation préalable, sans retour d'expérience ni financements adéquats par l'État". Pour l'association, la solution est donc à chercher ailleurs : "Il suffit que le ministère dote enfin les collèges en nombre suffisant d'assistants d'éducation (AED) pour faire respecter l'interdiction d'utiliser les téléphones dans l'enceinte des établissements scolaires."
En effet, comme le souligne Départements de France dans son communiqué –, la loi du 3 août 2018 relative à l'encadrement de l'utilisation du téléphone portable dans les établissements d'enseignement scolaire interdit l'utilisation de ce type d'appareil dans les écoles maternelles et élémentaires et les collèges, à l'exception des circonstances, notamment les usages pédagogiques, et des lieux dans lesquels le règlement intérieur l'autorise expressément.
Dans les lycées, en revanche, il revient au règlement intérieur de l'établissement d'interdire l'utilisation du téléphone par un élève. Toute infraction à cette règle peut entraîner la confiscation de l'appareil par un personnel de direction, d'enseignement, d'éducation ou de surveillance, et le règlement intérieur fixe les modalités de sa confiscation et de sa restitution.